La compétition entre l’Inde et la Chine, sur le terrain politique, va impacter la mondialisation économique<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme passe devant une affiche avec le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi à Chennai, en octobre 2019, avant un sommet international.
Un homme passe devant une affiche avec le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi à Chennai, en octobre 2019, avant un sommet international.
©AFP / ARUN SANKAR

Atlantico Business

L’évolution de la mondialisation va alimenter le grand débat géopolitique dans les prochaines années… On sent bien que les pays développés appuyés sur des valeurs fortes de liberté personnelle vont être obligés de choisir leurs partenaires commerciaux.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Quand le premier ministre de l’Inde est invité d’honneur au défilé du 14 juillet à Paris, l’évènement prend une dimension particulière. Cet évènement  répond certes à des nécessités commerciales puisque l’Inde va devenir un très gros client de la France pour la fourniture d’avions Rafale et beaucoup de systèmes d’armements, mais pas au-delà du business, on assiste peut-être à un rapprochement politique qui va de pair avec les difficultés éprouvées dans les rapports avec la Chine.

L’arrivée de l’Inde dans le concert des grandes nations économiques et commerciales marque peut-être le grand changement dans l’évolution de la mondialisation. La Chine a peu de chance de réaliser la promesse dedevenir le pays le plus puissant du monde.

Tout se passe un peu comme si, la crise du Covid et les difficultés d’y voir clair dans l’identité et l’origine de ce virus, la guerre en Ukraine et la montée en puissance des antagonismes entres les USA et la Chine,tout se passe comme si la mondialisation avait changé de logiciel. Le partage de la planète entre la Chine d’un coté qui est devenue l’usine du monde grâce à la faiblesse des salaires, et les Etats Unis qui sont devenus leur premier client, tout se passe comme si cette nouvelle donne annonçait une nouvelle redistribution des activités.

1er point : la Chine a beaucoup de mal à retrouver des rythmes de croissance qui lui étaient nécessaires avant le covid. Les prévisions annoncées par Xi Jinping auront du mal à se réaliser. La Chine n’a pas convaincu l’Occident de sa bonne fois quand on lui a demandé de s’expliquer sur l’origine du virus, puis sur la reprise compliquée de son économie. La Chine est en panne de croissance alors qu’elle aurait urgemment besoin de faire tourner ses usines.

2e point : l’Occident a compris que l’éclatement deschaines de valeur dans l’industrie pouvait mettre la consommation américaine et l’Europe en risque de pénurie ou sous une pression inflationniste insupportable. L’occident a donc très rapidement démarré une diversification de ses approvisionnements et rappeler certaines fabrications sur son propre territoire. Le plan américain, « anti-inflation acte » est surtout un plan de mise en place de barrières protectionnistes, l’union européenne a initié des mouvements identiques.

3e point : cette évolution n’est pas encore très spectaculaire. Elle peut le devenir,

-D’abord parce que la lutte contre le réchauffement climatique contribue à rapprocher les centres de productions des centres de consommation. Moins de transport c’est évidemment moins de pollution carbone ;

-Ensuite, il existe une forte pression populaire et politique en provenance des classes moyennes très abîmées par cette mondialisationpour accélérer le rapatriementde beaucoup d’activités .

-Enfin, les coûts de fabrication qui ont servi de booster pendant les 30 dernières années ne sont plus aussi puissants pour attirer les fabrications. D’autant qu’au moment de la mondialisation, tout le monde pensait en occident que les accords de réciprocité seraient respectés. Or la Chine n’a pas tenu ses engagements d’ouvrir son marché intérieur. Les contrats signés n’ont pas été respectés. Beaucoup de process et d’innovations occidentales ont été littéralement volés et pillés.

Ajoutons à cette liste de difficultés, queles peuples occidentaux nourris au lait de la démocratie ont commencé às’interroger sur le respect du droit du travail, les horaires comme les conditions de travail. Ne parlons pas des normes environnementales.

En bref, dans tous les pays occidentaux, les salariés, les associations de consommateurs, les actionnaires ont commencé à mettre leur nez sur les comptes et les conditions de fabrication et de transport, ilsont commencé à émettre des critiquessur le contenu réel des échanges entre l’Orient et l’Occident.

La question du prix de revient n’est plus fortement déterminante, mais on a commencé à s’intéresser aux conditions de travail, et à tous les éléments qui composent les productions : Durée de vie du produit, qui travaille, où et comment, avec quelle liberté individuelle etc. etc...

Le débat est de savoir si on peut continuer de faire du business avec des pays qui se comportent n’importe comment et surtout ne respecte par les lois fondamentales et les valeurs qui sont les nôtres.

Ce diagnostic a provoqué les épidémies de sanctions ou de blocages, mais ça ne suffira pas. Il va falloir faire une séparation claire et précise selon des critères qui à priori sont faciles à recensés mais plus difficiles à évaluer …

En théorie, la Russie ou l’Iran sont clairement mis au banc de la société internationale, mais certaines de leurs richesses et productions reviennent néanmoins sur les marchés internationaux par des intermédiaires. Le gaz et le pétrole russe sontachetés"par cher "par la Chine ou l’Inde, qui les revendent ensuite  au prix mondial.

Tout le monde se méfie désormais de la Chine et beaucoup préfèrent investir au Vietnam, en Thaïlande et en Inde surtout. Parce qu’en Inde, il existe un potentiel considérable et des valeurs qui sont peut-être plus proche des valeurs occidentales que des valeurs chinoises.

Sauf qu’aujourd’hui on s’aperçoit que le modèle d’organisation politique fondé sur les principes de la démocratie s’avère de plus en plus autoritaire. Cette démocratie indienne qu'on a l'habitude de considérer comme la plus importante du monde puisque la population dépasse le 1,4 milliard de personnes dont la moitié à moins de 30 ans , les libertés publiques , les droits des femmes et des minorités sont loin d’être assurées. La diversité des cultures, des religions et des origines rend la gestion globale délicate, mais elle est riche de potentialités.

 Le problème ne se pose pas dans les entreprises qui ont un peu vieillis, il se pose dans toutes les entreprisesqui doivent désormais choisir leurs prestataires ou leurs sourcing.Les entreprises françaises qui s’étaient implantées en Russie l’avaient fait parce que le marché Russe était important à séduire mais aussi parce qu’il était sécurisé du moins le croyait-on. Aujourd’hui, elles ont toutes quitté la Russie parce que la France s’est ralliée au principes des sanctionsmais aussi parce que leurs clients français, les actionnaires et leurs salariés ne pouvaient pas accepter que la marque dans laquelle ils avaient confiance puisse se rende complice d’un État qui se comporte mal et donne dans le terrorisme.

La Chine ne fait pas l’objet de sanctions, mais les investisseurs occidentaux n’ont plus confiance compte tenu des pressions idéologiques et des pratiques contraires aux valeurs de la démocratie.

Actuellement le montant des investissements en Chine a diminué de moitié depuis six moiset ces mêmes investissements ont été détournés sur des pays voisins plus sécurisés ou moins politisés. Et parmi ces pays, l’Inde bien sur qui profite du désamour dela Chine pour prendre l’avantage. Ca ne marchera que si l’Inde ne trahit pas trop les valeurs de liberté aux quelles nous sommes attachés.

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