Israël / Gaza : extrême-gauche, la double stratégie de l’ignoble<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Luc Mélenchon, photo AFP
Jean-Luc Mélenchon, photo AFP
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Pari raciste ?

En refusant de condamner des actes terroristes contre Israël, en renvoyant dos à dos un Etat démocratique et une organisation terroriste islamiste qui désire sa destruction, le chef de la France Insoumise fait le pari qu’il récoltera les voix des Français musulmans. Implicitement, il essentialise ces Français et suppose que leur orientation politique est entièrement déterminée par leur « antisionisme » et leur soutien aux organisations anti-israéliennes.

Pierre Bentata

Pierre Bentata

Pierre Bentata est Maître de conférences à la Faculté de Droit et Science Politique d'Aix Marseille Université. 

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Israël vient de subir l’attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire. Jamais autant de juifs n’auront été tués en si peu de temps depuis la Shoah. Pourtant, une partie de l’extrême gauche française refuse de qualifier les atrocités perpétrées par le Hamas d’actes de terrorisme.

Certains préfèrent parler de crimes de guerre, entérinant l’existence d’un conflit entre deux puissances légitimes ; d’autres saluent purement et simplement un acte de résistance. Et nombreux sont ceux qui renvoient dos à dos Israël et le Hamas. Les viols de jeunes femmes, l’assassinat d’enfants et l’égorgement de civils seraient le fait d’un Etat raciste autant que d’un groupe terroriste ayant juré l’annihilation des juifs.

Comment est-ce possible ? Certains élus et cadres des partis d’extrême gauche sont sûrement sincères. Ayant construit leur carrière politique dans des émissions de télé poubelle, ils manquent tristement des capacités nécessaires à l’analyse d’une telle situation. D’autres ont le cerveau si rongé par les idéologies racistes du décolonialisme, de l’indigénisme et du racisme systémique qu’ils ne voient même plus les atrocités commises par ceux qu’ils élèvent au rang de victimes universelles. A ceux-là, rien ne peut être reprochés. Ils sont les idiots utiles de chefs politiques dont ils ne peuvent comprendre que les postures relèvent de la pure stratégie électorale. Utiles parce qu’idiots.

Il en va tout autrement de leurs dirigeants et de celui de la France Insoumise en particulier. Celui qui prônait la laïcité et l’universalisme autrefois, qui s’était élevé contre le voile à l’école, ne saurait ignorer les effets qu’il produit lorsqu’il laisse ses seconds « ne pas être Charlie » hier et refuser de parler de terrorisme aujourd’hui. Il ne choisit pas au hasard de fustiger le Crif au moment où les actes antisémites se multiplient en France, pour soutenir les attentats contre Israël (sic). Il sait qu’en évoquant une « lapidation médiatique » à son encontre, il va exciter une partie bien précise de la population française. 

C’est ce qu’on peut appeler la stratégie de l’ignoble. Ignoble à deux titres : d’abord et avant tout, parce que l’objectif consiste évidemment à amasser des voix antisémites en laissant entendre que les Français juifs seraient le bras armé d’une « puissance étrangère » - comme l’évoquait l’un de ses récents tweets à l’attention de la Première Ministre. En refusant aussi aux Israéliens le statut de victime lorsqu’ils se font massacrer par des terroristes. Là-dessus, il n’y a rien à dire de plus, tant la stratégie est connue : pointer du doigt le Juif pour concentrer sur lui la colère populaire. 

Mais chez le lider maximo français, l’ignominieux antisémitisme se double d’un racisme encore plus profond. En refusant de condamner des actes terroristes contre Israël, en renvoyant dos à dos un Etat démocratique et une organisation terroriste islamiste qui désire sa destruction, le chef de la France Insoumise fait le pari qu’il récoltera les voix des Français musulmans. Implicitement, il essentialise ces Français et suppose que leur orientation politique est entièrement déterminée par leur « antisionisme » et leur soutien aux organisations anti-israéliennes. Le caractère abject de sa stratégie va donc au-delà de l’antisémitisme : elle prétend qu’en agitant le chiffon antisémite, les musulmans se rallieront à sa cause, comme si ces citoyens n’étaient pas en mesure de distinguer le conflit israélo-palestinien des problématiques françaises ; comme si surtout, un Français musulman était par nature favorable au terrorisme, aux massacres de Juifs ici ou ailleurs. 

C’est en cela que la stratégie politique de cette extrême gauche est doublement ignoble, pire que ce que les extrêmes droites du passé avaient de plus détestables : à travers son dirigeant, la France Insoumise, et ses quelques satellites dérisoires tels que le NPA, ne véhiculent pas un antisémitisme viscéral mais de circonstance. S’il prétend détester les Juifs, c’est uniquement pour attirer des Musulmans qu’il perçoit comme incapables de penser au-delà d’un antisémitisme qui leur serait atavique. Bref, si l’extrême gauche n’aime plus les Juifs c’est parce qu’elle considère les Musulmans dont elle désire les voix comme des sous-hommes. Antisémite parce qu’islamophobe. Telle est le fond idéologique de cette stratégie de l’ignoble. 

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