Il n’y a que les pays non démocratiques qui bloquent les réseaux sociaux pour éviter les émeutes<!-- --> | Atlantico.fr
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Face aux émeutes après la mort de Nahel, le gouvernement envisage de restreindre et de réguler les réseaux sociaux.
Face aux émeutes après la mort de Nahel, le gouvernement envisage de restreindre et de réguler les réseaux sociaux.
©ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Atlantico Business

La nuit du 14 juillet fait peur à tout le monde en France alors que beaucoup de leaders politiques commencent à dénoncer le rôle des réseaux sociaux dans l’organisation des manifestations les plus violentes. La France ne les bloquera pas pour autant.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Selon une étude réalisée par Surfshark, spécialisée dans la protection de la vie privée, les pays qui bloquent ou interdisent les réseaux sociaux sont essentiellement des pays dirigés par des gouvernements non démocratiques.

Un pays comme la France très républicain et qui va fêter le 14 juillet, jour national des libertés, n’a pas le droit d’ouvrir le débat qui met en cause les réseaux sociaux et pourtant, c’est bien ce qui va se passer. Une fois de plus.

La violence des émeutes ces dernières semaines a relancé le débat sur le rôle des réseaux sociaux dans l’organisation des manifestations et sur la possibilité de les bloquer pour empêcher ou freiner les rassemblements non autorisés.

Il ne fait de doute pour personne désormais que le fonctionnement des réseaux sociaux permet à des manifestations non autorisées de s’organiser et de se gérer de façon très efficace pour obtenir le résultat escompté. Les réseaux sociaux permettent de convoquer les manifestants au dernier moment, ils permettent de leur trouver des cibles et des munitions, ils permettent enfin d’échapper très vite aux policiers et se regrouper ailleurs. Ajoutons à cela que les réseaux permettent de diffuser des vidéos qui apportent la preuve de la manifestation et le moyen de se challenger entre bandes ou entre quartiers. La manifestation est importante mais l’image de la manifestation a un impact presque plus fort. Ajoutons que les réseaux permettent enfin d’organiser la vente des butins récupérés pendant les pillages. La boucle est bouclée. Le réseau digital organise l’évènement et assure le service de vente après la manif via des sites de e-commerce.

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Dans tous les pays, les services de police et les gouvernants ont pensé interdire ou brouiller les réseaux sociaux mais la classe politique hésite beaucoup à passer à l’actepour des raisons de principes idéologiques et juridiques. L’interdiction relève d’une atteinte évidente à la liberté individuelle et à la protection de la vie privée. On ne peut pas interdire à qui que ce soit de s’exprimer sur un réseau social sauf s’il lance un appel à la haine raciale, au meurtreou même à la violence sur autrui. Mais tout cela est cadré dans la loi.

Cela dit l’analyse est très difficile à déterminer si la haine raciale ou la violence ne sont pas explicitement revendiqués. L’analyse est difficile à finaliser et à justifier un interdit dans la mesure où ça n’est pas le réseau lui-même qui est incriminé mais ce qu’on en fait, son contenu.

Une étude réalisée sur 196 payspar la société Surfshark, spécialisée dans la protection de la vie privée et la sécurité des données en ligne révèle que depuis 2015, 62 pays ont bloqué l'accès à des réseaux sociaux ou des applications de messagerie (voix sur IP, messageries instantanées). Si l'on comptabilise les coupures et autres restrictions d'accès à Internet, ce chiffre grimpe à 77.

Mais l’étude montre que les restrictions sont principalement le fait des gouvernements non démocratiques. La carte établie par Statistica.com montrequatre phénomènes :

1e point : la grande majorité des pays ayant bloqué l'accès à des réseaux sociaux ou messageries ces dernières années sont situés en Afrique et en Asie.

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2e point : les restrictions sont temporaires et visent à limiter ou contrôler les flux d'informations lors de troubles et d'événements politiques (élections, manifestations, guerres, conflits, coups d'État, etc.). Parmi les cas les plus récents, on peut citer le Sénégal, où des coupures de plusieurs plateformes, dont Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp et Telegram, ont été rapportées le mois dernier lors des protestations contre la condamnation du leader de l'opposition Ousmane Sonko. L'accès a depuis été rétabli.

3e point : des restrictions sont actuellement toujours en vigueur dans une vingtaine de pays (au 4 juillet 2023). En Chine, en Russie, en Corée du Nord, en Iran, au Myanmar et au Turkménistan, ce sont principalement les réseaux étrangers, comme Twitter, Facebook et Instagram. Les pays du Golfe, Émirats arabes unis, Qatar, Oman, Yémen -restreignent l'utilisation de WhatsApp, Telegram et plus généralement des appels passés via Internet (voix sur IP).

4e point : certains pays comme la Chine développent leurs propres modèles d'applications, avec par exemple WeChat, Weibo et QQ. Au moins c’est clair.

Le graphique d’analyse ci-dessous a été réalisé par Tristan Gaudiaud de Statista.com –

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