Hollande en train de gagner le pari de la croissance ? La triste réalité des chiffres...<!-- --> | Atlantico.fr
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"Rien ne permet de considérer que l'économie a tourné dans le sens de la reprise."
"Rien ne permet de considérer que l'économie a tourné dans le sens de la reprise."
©Reuters

C'est pas gagné

"Croissance, emploi... Et s'il gagnait son pari ?", titrait jeudi Le Parisien/Aujourd'hui en France. Les indicateurs donnent un début de réponse à cette interrogation.

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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Article publié initialement sur le Blog a Lupus

Nous sommes tombés jeudi par hasard sur le grand journal économique national français, Le Parisien. Dans une Une spectaculaire, le quotidien s’interroge : "Emploi, croissance, et si Hollande gagnait son pari?". Cela nous a fait bondir.

Le quotidien, ou plutôt le journaliste, n’a pas eu de chance. Le même jour, en effet, les indices Markit, qui préfigurent la conjoncture, ont été publiés. Hélas dans un quotidien, les articles sont écrits la vieille, ce qui n’est pas le cas sur les médias électroniques.

Le journaliste était resté sur les chiffres du mois dernier, qui allaient plutôt dans le sens d’une très petite amélioration marginale. Il était resté sur les déclarations aventureuses et rodomontesques de Moscovici. Il était resté sur les chiffres très étonnants d’une prétendue croissance de l’économie française au 2ème trimestre 2013.

Indice de la production manufacturière et croissance du PIB de la France


Le flash Markit pour le mois d’août a donc été publié avant hier. Il va plutôt dans le sens de la rechute que dans le sens de la concrétisation d’une tendance à l’amélioration. Le flash Markit composite manufacturier et services est ressorti à 47,9 contre 49,1 en juillet. Le manufacturier est stable à 49,7, le services ressort à 47,7 en forte baisse contre 48,6 en juillet. Les observateurs attendaient un manufacturier supérieur à 50 et un service à 49,2.

Ce flash Markit est tout à fait cohérent avec les autres enquêtes partielles dont on dispose pour la France. Rien ne permet, à partir de ces enquêtes, de considérer que l’économie a tourné dans le sens de la reprise. On reste en-dessous des 50 qui marque la ligne de partage entre croissance et récession et tous les autres indicateurs que nous suivons pointent dans le même sens. Les observateurs honnêtes considèrent que l’on peut en tirer la conclusion qu’il n’y a pas de reprise et qu’il y a simplement ici et là des poches de stabilisation, lesquelles poches de stabilisation, replacées dans le contexte global, donnent l’impression d’un arrêt de la dégradation.

Indice de confiance des consommateurs

Production industrielle et PIB

Balance commerciale française

Chris Williamson, l’économiste de Markit qui commente les chiffres français, a des propos étonnants qui ne nous étonnent pas, mais qui doivent étonner Moscovici et ses fans.

On se souvient en effet qu’il y a quelques jours, on a publié un chiffre qui a fait ressortir une croissance au 2ème trimestre pour l’économie française. Ce chiffre a surpris tout le monde car il était contredit par toutes les données. Tout le monde, à partir des batteries d’indicateurs et des modèles, donnait une légère récession pour l’économie française au 2ème trimestre.

Voici ce que dit Chris Williamson à propos de ces chiffres surprenants : "les chiffres du 2ème trimestre publiés officiellement par la France sont incohérents. On ne voit pas d’où la croissance publiée peut venir, on ne la voit nulle part et on peut se gratter la tête". De fait, les chiffres du 2ème trimestre qui ont permis à Moscovici de pousser son cocorico sont tout, sauf fiables. Et comme Williamson, nous nous grattons la tête.

Notre idée est que les chiffres du 2ème trimestre en France, tout comme les chiffres de l’Eurozone, sont des chiffres "volontaristes". On espère prouver et inciter au mouvement en marchant. Nous avons noté en son temps la tentative de Ollie Rohn et sa clique de faire croire qu’il y avait un tournant économique significatif en Europe, bref, de faire croire que les mesures et les plans mis en place fonctionnaient. On a profité de la manipulation allemande qui, pour préparer les élections de septembre, a injecté de la demande dans son système par le biais du calendrier des dépenses publiques, on a profité de l’amélioration touristique saisonnière des pays du sud et on a enveloppé le tout dans une campagne de propagande destinée à créer une illusion de croissance.

Hélas, le gros morceau de l’Europe que constitue la France ne permet pas facilement les manipulations. C’est une grosse économie, avec de grosses difficultés, de gros problèmes, et cela ne se plie pas facilement aux souhaits des manipulateurs. L’économie française reste atone, victime:

    1) De l’environnement international
    2) De la hausse des prélèvements
    3) De la régression de l’emploi
    4) D’une perte de confiance généralisée
    5) D’une incertitude règlementaire réactivée par la question des retraites, le débat sur les auto-entrepreneurs, la hausse subreptice des cotisations des travailleurs non-salariés (TNS).

Alors que l’on note globalement une très légère amélioration comptable, grâce aux bases de comparaison, dans l’Eurozone, la France, elle, reste à l’écart. Elle n’a pas, comme les pays du sud, connu une dégradation telle qu’elle bénéficie d’un petit rebond mécanique, elle n’a pas, comme l’Allemagne, une injection électorale temporaire de revenus, elle n’a pas comme l’Allemagne une amélioration de certaines parts de marché extérieur.

La France est victime en outre de sa politique de solidarité, laquelle consiste à laisser prendre les emplois des Français dans les domaines des grands travaux, dans les domaines agricoles, et dans les domaines touristiques, par les Espagnols et à un degré moindre les autres périphériques.

Tourisme/Espagne: nouveau record historique de visiteurs étrangers en juillet

    Madrid (awp/afp) – Poussés notamment par la situation agitée en Egypte et Turquie, les touristes étrangers ont afflué en Espagne en juillet, leurs arrivées battant un nouveau record historique, avec 7,9 millions de visiteurs, selon les chiffres officiels publiés jeudi.

    Comptant pour près de 11% du PIB, le tourisme est un secteur-clé de la quatrième économie de la zone euro, enfoncée dans la récession et frappée par un taux de chômage de 26,26%.

Et si Hollande réussissait son pari ? Titre le quotidien. Nous serions le premier à nous en réjouir, car nous ne voulons pas la mort du pêcheur. Hélas, pareil question ne prouve qu’une chose: la flagornerie journalistique.

Un mot pour clôturer sur le commentaire de Williamson. Notre Williamson est quand même très gentil, il espère une amélioration vers la fin de l’année. Sur quoi est basé cet espoir? Sur une éventuelle amélioration de la confiance. Williamson rentre dans la pensée magique européenne. Vous savez que, pour nous, l’espoir n’est pas une stratégie, ni un mode de gestion et que la confiance ne se décrète pas, elle se produit par des actes.

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