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Étude Cabinet Arc/IFOP : 71% des entreprises ne prévoient pas de croissance de leur activité au cours des 6 prochains mois
Les entreprises françaises sont en stand-by. La majorité ne voient pas de rebond avant la fin de l’année. Peu de croissance et par conséquent, des risques de trésorerie.
Jean-Marc Sylvestre
Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.
Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.
Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.
Afin de mesurer la situation des entreprises françaises à l’heure où la conjoncture économique semble se retourner, le cabinet Arc et l’IFOP ont interrogé un échantillon représentatif du tissu économique des PME et TPE entre le 27 avril et le 15 mai. Il ressort que la grande majorité des entreprises ne paniquent pas mais elles reconnaissent avoir peu de visibilité sur les six prochains mois. D’où la crainte de voir les trésoreries se resserrer avec à la clef des tensions sur les délais de paiement qui jouent les variables d’ajustement comme souvent, ce qui perturbe toutes les chaines de valeur.
Plus précisément, il ressort de cette étude trois phénomènes intéressants qui expliquent l’inquiétude latente.
1er point : Pas de panique mais la morosité est persistante : 71% des entreprises interrogées ne prévoient pas de croissance de leur activité au cours des 6 prochains mois et elles sont toujours 13% à en anticiper le recul. Cette morosité persistante depuis plusieurs mois se retrouve également dans le degré de confiance des répondants : 63% se sont déclarés pessimistes quant à l'évolution du climat économique français au cours du second semestre 2023. Par conséquent, près d’une entreprise sur 3 (29%) continue de penser ne pas pouvoir faire face au remboursement cumulé de leurs créances, PGE, investissements et factures, dans un contexte où la conjoncture internationale est encore incertaine.
2e point : risque de désengagement des établissements bancaires : 55% des entreprises interrogées (+2 points) sont convaincues du prochain désengagement des établissements bancaires vis-à-vis des TPE/PME qui n'ont pas encore remboursé leur PGE utilisé, 49% (+1 point) des sondés pensent que, au regard de la situation économique actuelle, les assureurs-crédit se désengagent vis-à-vis des TPE/PME : un sentiment qui continue de s’accroitre depuis 9 mois (+13 points par rapport à septembre 2022).
A noter que l’enquête a été réalisée en mai, avant le retournement actuel des prix de l’Energie et la relative accalmie de l’inflation mais une nouvelle fois, pour la quasi-totalité des entreprises interrogées (94%), la situation économique actuelle (inflation, hausse du coût des matières premières et de l’énergie), entrainera une augmentation du nombre de dépôts de bilan de leurs clients. Celle-ci sera "importante" voire "extrêmement importante" pour plus d’une entreprise sur 3 (35% des sondes).
3e point : les délais de paiement vont servir, une fois de plus de variable d’ajustement : Près de 7 entreprises sur 10 (69%) maintiennent que c'est en premier lieu via l'allongement des délais de paiement des fournisseurs que sont compensés les besoins en trésorerie.
Sur ce point très précis des délais de paiement, 96% des sociétés interrogées estiment que les délais de paiement de leurs clients ne se sont pas améliorés au cours des 3 derniers mois. Une situation qui était déjà perceptible en septembre dernier : 80% des répondants avaient indiqué que les délais de paiement risquaient de devenir la variable d'ajustement utilisée par les entreprises pour gérer leur trésorerie en cette période de crise.
Pour Denis le Bossé, le président du cabinet Arc, « cette question des délais de paiement utilisés structurellement comme variable d’ajustement dès qu’il a des à-coups de trésorerie est très préoccupant ».
L’étude ARC/IFOP met d’ailleurs en évidence que si les craintes des entreprises en matière de gestion de leur trésorerie sont affichées, il ressort pourtant que celles-ci n’ont pas encore pris de disposition en vue de son optimisation : pour 53% des sondés, leurs clients n’ont pas anticipé une dégradation des délais de paiement via la réorganisation de leurs services internes ou en faisant appel à des ressources extérieures.
Les opinions concernant le dispositif de facturation électronique obligatoire, qui va entrer mis en place progressivement entre juillet 2024 et janvier 2026, illustrent la fragilité de la gestion du poste clients aujourd'hui : près de 6 entreprises sur 10 (58%) pensent que leurs clients PME et TPE n’auront pas installé une plateforme dédiée pour recevoir les factures électroniques à l’échéance du légale du 1er juillet 2024. Ils sont d’ailleurs 54% à déclarer ne pas être suffisamment informes par les pouvoirs publics quant à cette obligation.
A noter que le Cabinet Arc est un acteur majeur de la gestion du poste client et du recouvrement de créances, il accompagne les entreprises depuis près de 35 ans en phase précontentieuse grâce à son activité de relances en marque blanche et en phase contentieuse par l’application de stratégies de recouvrement novatrices. Depuis plus de 10 ans, le Cabinet ARC publie un Baromètre annuel réalisé par l’IFOP qui vise à̀ mettre en évidence la perception par les entreprises de l’évolution de leur activité et de l’avenir économique de la France, du financement de la trésorerie des TPE/PME et des pratiques en matière de délais de paiement. Ce Baromètre est devenu un indicateur de référence sur les problématiques du financement des entreprises et de leur santé financière.
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