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Charte pour le respect de la vie familiale : derrière les bonnes intentions, la tendance maladive à la dévalorisation des entreprises
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Le mieux est l'ennemi du bien

La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem veut faire signer une charte à des entreprises pour qu'elles s'engagent à respecter "les temps de vie familiale" de leurs salariés.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Dans un pays où il y a 3,2 millions de chômeurs et 2 000 milliards d'euros de dette, la priorité du ministre des Droits des femmes, porte-parole du gouvernement, est de faire signer une charte à des entreprises pour qu'elles s'engagent à respecter "les temps de vie familiale" de leurs salariés ; et ce pour fêter le 5e anniversaire de l'observatoire de la parentalité en entreprise.

L'objectif en lui-même est certes un axe de management positif, mais le signalenvoyé par le gouvernement est dans la droite ligne du découragement permanent qu'on insuffle aux entreprises. En effet, quecomprend-on, sinon que :

- Le travail, c'est l'ennemi ;
- L'entreprise est un lieu d’oppression pernicieuse, contre lequel il convient de se protéger à tout moment ;
- Dans tout manager, il y a un exploiteur qui s'ignore (il fait durer la réunion le soir… car lui n'a pas de famille ou n'aime pas ses enfants ?) ;
- Comptez votre temps, on vous exploite ! ;

"Lutter contre la culture du présentéisme ! Une culture parfois quasi maladive en France qui coûte cher à la vie de famille"... On pourrait à cette assertion partisane émanant d’un ministre du gouvernement d’un pays en faillite répondre que nous avons en France "une culture quasi maladive" de la grève, du pont, des RTT ainsi que de l'arrêt maladie… Le clivage qui se creuse tous les jours davantage est insupportable entre une France qui bosse et se bat, et une autre qui se voit victime de tout. Le plus grave, c’est que ce fossé est de plus en plus le fait du gouvernement qui n’en est probablement pas conscient.

On comprend bien la motivation de cette charte : foyers monoparentaux, femmes seules qui élèvent leurs enfants, difficultés d'aller les chercher à la crèche, etc. C'est dans chaque entreprise que ces questions doivent se régler. Quant à la proposition : plus de mails et plus de portable pendant le week-end et le soir, tout le monde en rêve (la charte l’a fait !). On peut certes lutter contre des progrès technologiques dangereux, mais il faut aussi savoir que c'est ce qui permet de gérer son temps autrement ; que cela relève de la responsabilité individuelle et de la culture d’entreprise qu’il faut au cas par cas faire progresser.

Le moment choisi par la porte-parole du gouvernement pour sortir une telle charte révèle une inconscience et une ignorance totale des difficultés actuelles des entreprises. C'est montrer du doigt et culpabiliser tout ceux qui bossent parfois tard le soir… pire, qui choisissent de prendre un petit-déjeuner à 8h30 !

Est-ce le rôle de l'Etat de se préoccuper de cette problématique ? Il y des syndicats pour cela et généralement, ils savent se manifester. Pour encourager les bonnes pratiques, pas besoin d'un ministre, les partenaire sociaux s’y emploient. Au passage, je suggère que nous vérifiions, au cabinet de notre ministre Madame Najat Vallaud-Belkacem, les horaires de ses collaborateurs : 9h-18h ? On sourit, et pourtant au nom de quoi y aurait-il des exceptions ? Pour qui ? Quand et où ? Le gouvernement est là pour donner l’exemple.

Plus sérieusement, le ministère a trouvé 16 entreprises exemplaires pour signer, coup de chapeau ! Les signataires de la charte comme beaucoup d'autres font tout ce qu'ils peuvent pour maintenir compétitivité et croissance et pour le bien-être de leurs salariés, contrairement aux idées reçues.

En attendant à 18h15 ce soir, Madame la Ministre, tous ceux qui sont encore au bureau, aux champs, qui soignent un malade, les professions libérales, les commerçants… subiront implicitement votre critique. Un encouragement indiscutable à créer des emplois ! Une pensée toute particulière pour ceux qui vont prolonger leur temps de travail, demain, du fait de la traditionnelle grève de décembre de la SNCF…

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