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D'ici à 2027, la France aura traversé une phase de récession dont les signaux sont désormais fort perceptibles.
D'ici à 2027, la France aura traversé une phase de récession dont les signaux sont désormais fort perceptibles.
©JOEL SAGET AFP

Nuages à l'horizon

Plusieurs statistiques démontrent que la conjoncture s'assombrit avec netteté pour l'économie française. Il y a évidemment l'inversion de la courbe du chômage qui repart à la hausse : +0,6% et les prévisions de croissance : celle-ci étant d'ores et déjà qualifiée d'"atone" par une récente note de conjoncture de l'INSEE.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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La France peut se satisfaire du statu quo affectant sa note délivrée par l'agence Moody's bien qu'il faille garder à l'esprit que notre solvabilité auditée est intimement liée aux facultés contributives des citoyens. Qui ne se souvient de l'emprunt forcé décrété par François Mitterrand en 1983 ?

Qui ne veut pas comprendre que l'épargne française – la vôtre, la nôtre – est un gage pour le futur financement de la charge d'intérêt de la dette estimée par Bercy à 70 Mds en 2027 ?

Autrement dit, Fitch Ratings, Standard & Poor's et Moody's savent parfaitement qu'en cas d'illiquidité du pays, celui-ci ne serait pas pour autant insolvable. Je rappelle ici que l'épargne financière des ménages, hors immobilier, représente un bas de laine de 5.800 milliards d'€uros.

D'ici à 2027, la France aura traversé une phase de récession dont les signaux sont désormais fort perceptibles.

Reprise du chômage, tassement de l'activité manufacturière sous étendard français et injonctions contradictoires en matière d'inflation.

Le Gouverneur de la Banque de France avait évoqué la notion de " bosse " puis la force des choses l'a contraint à réviser son approche autour du fameux terme de " pic d'inflation " qui devait être derrière nous.

En réalité, un constat actualisé et le plus loyal possible démontre que l'inflation – après un tassement avant l'été 2023 – repart sur une dynamique haussière multisectorielle.

C'est vrai pour l'alimentaire, les produits d'hygiène, les matériaux de construction, les assurances habitation dont les prix nominaux ne cessent de subir un essor sensible.

C'est aussi vrai pour l'énergie. Pour des citoyens modestes, l'hiver va être aussi rude que long. Les prix de l'énergie demeurent haussiers d'autant qu'ils subissent les aléas à sens unique de la géopolitique. Ainsi la Russie et l'Arabie Saoudite ont décrété une baisse concertée de leurs productions d'hydrocarbures. Enfin, comment gommer l'importance du sanglant conflit entre Israël et le Hamas qui ne manquera pas de charrier des hausses pétrolières consécutives aux rivières du sang versé de part et d'autre.

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Or, l'énergie est une force motrice qui alimente lourdement, en Occident, la dynamique inflationniste.

Face à cette séquence de hausse des prix, la BCE a fait croître ses taux directeurs dans une proportion qui peut – selon plusieurs économistes affûtés - enclencher une contraction d'activité.

Là voilà bien la première des injonctions contradictoires : les taux face à l'étau pour la croissance.

Nous sommes face à une autre injonction contradictoire : même le FMI vient de revoir à la baisse les prévisions de croissance pour la zone €uro ce qui implique qu'une action d'attrition partielle de la dette (activement recherchée par le Gouvernement ) pourrait induire un choc de récession habilement décrit, en filigrane, par l'avis 2023-7 du HCFP ( Haut-Conseil des finances publiques ) en date du 25 Septembre 2023 et relatifau projet deLoide programmation 2023-2027 ( révisé ).

Dès la fin de 2023, la France risque de rejoindre l'Allemagne qui est déjà reconnue comme étant en récession.

En fait, la récession vise la contraction du PIB.

Nous serons donc – avec plus de précision – en état de stagflation où inflation et tassement de la croissance coexistent.

Pire encore, je considère, après analyse, que nous subirons un trou d'air issu de la survenance de la slumpflation.

Terme recouvrant la conjonction d'un repli de croissance, d'une inflation persistante et d'une reprise du chômage.

" Vaste programme ! " pour reprendre un fameux terme gaullien.

Le tout dans un pays où la précarité sociale ne cesse de s'étendre et d’atteindre, chaque trimestre davantage, des milliers de personnes.

Comment ne pas penser à cette crise du logement ou à cette crise de la vie quotidienne subie par les étudiants ?

Alfred Sauvy a su écrire : " L'économie, c'est la science du sordide ".

Notre Histoire du XXIème siècle lui donne amèrement raison.

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