Attentat de Paris, le grand gâchis : un premier bilan des ratés du gouvernement <!-- --> | Atlantico.fr
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Immédiatement après les attentats contre Charlie Hebdo, la riposte française s’est limitée à autoriser la surveillance cybernétique de tous les citoyens.
Immédiatement après les attentats contre Charlie Hebdo, la riposte française s’est limitée à autoriser la surveillance cybernétique de tous les citoyens.
©Reuters

Les bras croisés

Gâchis diplomatique, gâchis policier, gâchis judiciaire... Après les attentats de Charlie Hebdo, la France a perdu un temps terrible pour mettre en place de nouvelles mesures pour lutter contre le terrorisme.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Après les attentats de janvier, et après cette fameuse marche du 11 janvier où un Français sur dix est descendu dans les rues pour dire son engagement à vaincre, la France a perdu un temps terrible - un temps d’indécision où ce qui devait être fait pour lutter contre le terrorisme ne l’a pas été.

L’illusion technocratique

Immédiatement après les attentats contre Charlie Hebdo, la riposte française s’est limitée à autoriser la surveillance cybernétique de tous les citoyens. Déployons des outils nouveaux qui permettront d’écouter tous les Français et le problème sera réglé. Dix mois plus tard, le constat est accablant: non seulement ces méthodes ultra-modernes n’empêchent pas le pire, mais les auteurs des attentats étaient, au moins pour partie, connus des services de renseignement.

La France s’est donnée l’illusion qu’une guerre pouvait se gagner en achetant des armes, mais sans combattant pour s’en servir. Preuve est faite que la technique ou la technologie ne suffisent pas à vaincre.

Un gâchis politique

François Hollande n’a pas voulu admettre que la guerre menée par Daesh est d’abord une guerre politique, fondée sur une propagande habilement menée auprès de nos jeunes déstructurés dans nos banlieues. La marque « Daesh » est devenue le symbole d’une résistance au prétendu racisme français, ou à notre prétendue islamophobie.

Dix précieux mois ont été perdus pour un travail politique de reconquête. Non, nous ne sommes ni racistes, ni xénophobes. L’impôt des Français finance des soins gratuits pour les migrants, la sécurité sociale bénéficie autant aux arabo-musulmans qu’aux autres, les écoles sont gratuites pour tous, les collectivités locales offrent des bibliothèques gratuites, des équipements peu chers pour tous ceux qui en ont besoin. Je passe ici sous silence les musées parisiens qui sont gratuits, où l’on voit curieusement très peu de visiteurs issus de l’immigration, ou encore les festivals d’été dans les parcs de la Ville, là aussi gratuits, mais curieusement boudés par les immigrés.

Ajoutons que, dans certaines communes, ou dans certains arrondissements parisiens, les classes moyennes (où les autochtones sont fortement représentés) sont souvent assommés pour financer la solidarité vis-à-vis des nouveaux venus qui accèdent au service public gratuitement. C’est le cas dans le 19è arrondissement, le quartier des Kouachi, où les tarifs des crèches sont prohibitifs pour les revenus moyens (proches de 1.000 euros mensuels), et gratuits pour des populations qui sont majoritairement immigrées.

Depuis janvier 2015, au lieu de souligner la solidarité des Français avec les nouveaux venus, le gouvernement tient le discours inverse: ceux qui financent la solidarité sont des méchants qui « ont les moyens », donc quelque chose à se reprocher. Seuls ceux qui bénéficient de la solidarité sont des gentils. A force de flétrir les autochtones, François Hollande a fait le lit du mensonge selon lequel nous serions de perfides racistes qui doivent collectivement expier leurs péchés.

Un gâchis diplomatique

Depuis janvier 2015, François Hollande, qui ne laissera décidément pas le souvenir d’un grand diplomate, a une obsession monomaniaque: chasser Bachar Al-Assad du pouvoir. Cette stratégie est affligeante. Alors que notre ennemi de l’extérieur et de l’intérieur n’est autre que l’Etat Islamique contre lequel combat Assad, la France déploie une stratégie consistant à soutenir l’ennemi et à affaiblir l’allié.

Certes, Assad est un dictateur. Mais faut-il rappeler que le mouvement baasiste dont il est issu est laïc et garant d’un équilibre socio-politique en Syrie, favorable à l’Occident? Le combattre, on le sait, fait le jeu de l’islamisme fanatique.

Ces derniers jours, Hollande semble avoir effectué un virage à 180 degrés dans l’affaire syrienne. Ce retard est une lourde faute politique. Combien de morts eussions-nous pu éviter en portant le fer dès janvier contre Daesh en concertation avec la Russie, notre allié naturel et historique au Moyen-Orient?

Reste maintenant à pousser le raisonnement jusqu’au bout. L’armée irakienne a trouvé 160 clés USB contenant les comptes de Daesh. Une grande partie des financements de cet Etat terroriste provient de particuliers du Golfe. Combien de temps accepterons-nous l’existence de ces Etats fantoches, créés par les Anglais pour veiller sur la manne pétrolière dans les années 30, et devenus des créatures dangereuses pour les consommateurs de pétrole?

Un gâchis policier

Avec la croyance absurde dans un « tout technologie » telle que la loi sur le renseignement nous l’a montrée, la France a perdu un temps précieux pour identifier les derniers développements de la mouvance islamique sur le terrain. Les dizaines de perquisitions de ces derniers jours auraient dû avoir lieu dès janvier. Il est ahurissant que les cerveaux des attentats de novembre aient pu louer des appartements autour de Paris, des voitures, retirer de l’argent, acheter des téléphones, avec le soutien probable d’un nid de serpents, sans que personne ne s’en aperçoive.

Pendant plusieurs mois, une intense propagande a accrédité la thèse des loups solitaires. Nous découvrons aujourd’hui que ces « loups » étaient en réalité des abeilles échappées d’une ruche en plein développement. Mais pourquoi avoir attendu dix mois pour commencer à l’enfumer?

Un gâchis judiciaire

Stupeur! l’un des terroristes avait fait l’objet d’une condamnation… pour terrorisme en 2012. Entretemps, il a pu se rendre en Syrie pour suivre un petit stage de perfectionnement, et revenir impunément en France pour commettre ses forfaits.

Pour moins que ça, on a vu une ministre de la Justice démissionner. Mais Christiane Taubira, dont le passé indépendantiste en Guyane constitue une manifeste paire de menottes dans le sursaut national dont nous avons besoin aujourd’hui, est toujours en place. Nous avons pourtant, à ce poste, besoin d’une personnalité qui aime la France, qui croit en ses bienfaits, qui ne chante pas la Marseillaise du bout des lèvres, mais au contraire l’entonne avec coeur pour prendre les mesures qui s’imposent: l’arrestation préventive de tous les fichés S.

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