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Comment l'allongement de la durée de vie devrait nous apporter
de nouveaux produits financiers
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Démographie

L'Europe fait face au vieillissement de sa population. Un phénomène démographique qui aura de lourdes conséquences sur nos sociétés. Et notamment sur l'épargne et l'industrie financière. Tour d'horizon des dispositifs financiers qui devraient émerger et de leur impact sur la moralisation de la sphère financière.

Yves  Jégourel

Yves Jégourel

Yves Jégourel est directeur du Master 2 Banque Finance et Négoce International à l'Université Montesquieu Bordeaux IV.

Ses domaines d'expertise sont : la finance internationale et la gestion des risques financiers, la finance alternative et stratégique et la macroéconomie internationale.

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La finance et la démographie pourraient sembler bien éloignées. Il n’en est rien. Comme chacun le sait, l’accroissement de la durée de la vie et, consécutivement, le vieillissement démographique observé dans la plupart des pays industrialisés, pèsent naturellement sur le système de retraite par répartition et favorisent le recours à une épargne complémentaire.

L’allongement de la durée de cotisation, mais également l’augmentation du taux d’épargne de ménages durant la vie active apparaissent de toute évidence nécessaires pour maintenir le niveau de vie une fois la période d’inactivité atteinte. Des simulations menées en 2008 par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales montrent ainsi que le taux de contribution permettant de maintenir constant le taux de replacement pourrait atteindre, dans les pays de l’Europe de l’ouest, jusqu’à 35% en 2050 ! Dans un contexte de la globalisation financière, cette situation démographique impose un transfert d’épargne non seulement inter-générationnel, mais également entre les pays « jeunes » et les pays « vieux ».

L’effort d’épargne qu’elle impose est également de nature à modifier la physionomie des systèmes financiers de la plupart des pays industrialisés en consacrant, notamment, le rôle des fonds de pension, mais aussi en favorisant l’émergence de dispositifs financiers, tels que le Fonds de réserve pour les retraites français créé en 1998 ou les systèmes du Plan d’épargne retraite populaire (Perp) et du Plan d’épargne retraite collectif (Perco) institués en 2003.

Le recours à ces investisseurs n’est pas neutre sur la structure des marchés financiers. Les fonds de pension peuvent en effet être exposés non seulement au risque de longévité qui implique le paiement, sur une plus longue période, des prestations dues à l’épargnant, mais aussi au risque de taux lié à la différence entre la valeur des actifs qu’ils détiennent et les engagements auxquels ils devront faire face. Pour s’en protéger, les stratégies dites de Liability driven investment sont souvent utilisées. Elles visent à adosser aux engagements du fonds des titres à revenus fixes et de même échéance : elles favorisent donc les marchés obligataires, au détriment des marchés actions.

L’essor des fonds de pension pourrait en cela peser sur le financement de l’économie, notamment des entreprises, qui sont pourtant au cœur du phénomène de croissance économique. Le poids croissant de ces investisseurs pourrait en outre avoir quelques vertus, en dépit de leur réputation parfois sulfureuse. Le recours aux dispositifs d’épargne retraite complémentaire a en effet largement favorisé le développement de ce qu’il est convenu d’appeler l’investissement socialement responsable visant à inclure, dans la stratégie d’allocation des fonds, des critères extra-financiers favorables au respect de l’environnement, aux normes sociales et aux pratiques de bonne gouvernance. Ils pourraient ainsi contribuer à une certaine moralisation de la sphère financière.

Un préalable s’impose cependant : la sphère citoyenne doit mieux comprendre son rapport à la finance. Les investisseurs institutionnels ne sont en effet, en large majorité, que l’agrégation d’épargnants d’individuels. Prendre conscience du poids de son épargne, qu’elle soit liée ou non à la retraite, c’est peser sur les décisions des investisseurs institutionnels. Il s’agit là d’une condition sine qua non de la moralisation de la sphère financière. 

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