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Atlantico : Les rapports sur les gaspillages, excès et dysfonctionnements publics se succèdent sans être jamais suivis de faits concrets. La France ne semble bonne qu'à poser des diagnostics alarmants et reste incapable de passer à l'acte. Politiques, hauts fonctionnaires, syndicats, patrons, électeurs : qui est le plus responsable de la paralysie française ?
- La fonction publique :
Séverin Naudet : Les dépenses publiques sont les plus élevées de tous les pays de l’OCDE, l’Etat intervient trop et mal, la rente est triomphante, il n’y a pas de flexibilité de l’emploi et le coût du travail est trop élevé, le dialogue social est quasi inexistant… Ces constats semblent tellement évidents. Ils sont tellement partagés et anciens qu’on a du mal à croire en effet que les réformes n’aient pas été engagées et pourtant on en est très loin… Il serait aisé de blâmer la haute-fonction publique qui détient une grande partie des pouvoirs mais c’est en grande partie parce que les élus les leur ont abandonnés en chemin. Il est donc urgent que les élus regagnent la confiance des Français et reprennent le pouvoir pour faire ces réformes et éviter le déclassement de chacun d’entre nous et le déclin de la société française.
Guillaume Bernard : Il est certain qu’elle représente un nombre très important d’actifs. Cela pèse sur les finances publiques, non seulement pour ce qui concerne leur rémunération mais aussi leur « retraite ». Cependant, outre le nombre qui mériterait sans doute d’être diminué (certaines fonctions pouvant être aussi bien remplies par le secteur privé), c’est la question de l’affectation des personnels entre les services, tant du point de vue des métiers que de la géographie, qui mériterait une refonte et plus de souplesse. Il est certain qu’aujourd’hui la plus grave des inégalités sociales oppose ceux qui en ont la garantie de l’emploi et ceux qui sont confrontés au risque.
Eric Verhaeghe : Le rôle de la fonction publique n'est pas forcément aussi négatif, dans la mesure où elle apporte des externalités positives à l'économie française. Les Français y sont sensibles, si j'en juge par le nombre de reportages très favorables que les chaînes grand public diffusent sur les juges, la police, les enseignants. En revanche, la fonction publique souffre de trois grand maux qui constituent un vrai problème pour la collectivité. D'abord la faible culture de la performance dans son management, qui est très attaché à la norme juridique, mais très peu sensible à la qualité et à l'efficience du service rendu. Ensuite, le manque de productivité des services - notion qui n'est jamais abordée par le management, d'ailleurs. Enfin, la trop grande proximité de l'administration avec les élus, au sens large, qui dévoie le processus de décision, et pénalise la logique d'efficacité au bénéfice d'une logique de cour.
Gaspard Koenig : Le problème de la fonction publique n'est pas sa mission, ni même son nombre, mais sa gestion centralisée aberrante et archaïque. La plupart de nos voisins européens embauchent les fonctionnaires - ou plutôt : les SOUS CONTRAT, et non pas SOUS STATUT comme c'est le cas aujourd'hui en France. Un statut mis au point dans le programme du Conseil National de la Résistance sous influence communiste, qui interdit toute mobilité, toute flexibilité, et qui garantit à un fonctionnaire de conserver son grade et son salaire même si son emploi est supprimé ! Cela engendre des phénomènes de caste insupportables. Allez voir dans une salle des profs l'éternel conflit entre "certifiés" et "agrégés"… Pourquoi un chef d'établissement ne pourrait-il pas recruter des profs de manière personnalisée, en fonction des besoins de chaque école ? Au nom de quelle idéologie diabolique ?
- Les syndicats :
Séverin Naudet : On pourrait être tenté de conduire dans le box des accusés les syndicats. Ils sont aussi titulaires d’une forme de représentativité mais je considère que l’interventionnisme de l’Etat a toujours vidé le dialogue social de son contenu et infantilisé les représentants syndicaux.
Guillaume Bernard : Il est nécessaire de bien distinguer entre les périodes : les syndicats n’ont pas la même représentativité ni le même rôle il y a un siècle et aujourd’hui. Désormais, ils ont quasiment perdu toute représentativité et ne sont véritablement présents que dans le cadre des fonctions publiques. Dans le secteur privé, en raison des nouvelles règles de la représentativité, ils sont conduits à bâtir des stratégies pour se différencier les uns des autres et réussir à capter l’attention, l’intérêt et l’adhésion des salariés. Au niveau de l’entreprise voire de la branche d’activité, cela peut aussi bien se concrétiser par une stratégie d’affrontement que par une volonté de négociation. Quant au niveau national, les syndicats sont généralement devenu des organisations de défense d’intérêts catégoriels ce qui les conduit à oublier les intérêts généraux de la main d’œuvre nationale.
Philippe Braud : Ce ne sont pas les syndicats qui créent des emplois mais les entreprises. L’attitude qui consiste à stigmatiser celles-ci en permanence, sans chercher à comprendre ou expliquer les logiques économiques auxquelles les dirigeants sont assujettis, est néfaste, et annule en partie les énormes atouts dont bénéficie la France pour attirer les investissements créateurs d’emplois. Les stratégies syndicales les plus agressives réussissent rarement à sauver durablement les emplois menacés ; pire, elles contribuent beaucoup à différer ou empêcher des créations nouvelles en bien plus grand nombre.
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