François Hollande est-il vraiment le pire homme politique au monde ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande rencontrant les employés de l'usine de la chaudière CMP Dunkerque, le 23 Juillet 2013.
François Hollande rencontrant les employés de l'usine de la chaudière CMP Dunkerque, le 23 Juillet 2013.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Un classement élaboré par le site Internet "Topten World" a désigné François Hollande comme le pire dirigeant du monde, devant Silvio Berlusconi.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Flanbyssimo

Un classement élaboré par le site Internet "Topten World", qui s'emploie à établir des évaluations dans tous les domaines (éducation, automobiles, fortunes, puissance des ordinateurs, nombre d'exécutions capitales, etc.) fournit cette semaine un résultat terrible pour Silvio Berlusconi. Dans la compétition planétaire pour savoir qui est ou a récemment été le pire dirigeant au monde, il ne parvient pas à triompher et se fait coiffer au poteau par Mou-Président, l'insigne chef que le suffrage universel et la gauche médiatique ont donné à la France.

Il est vrai que les résultats de Berlusconi, président du conseil italien, en matière économique, étaient bien meilleurs qu'on ne l'a dit et en tout cas supérieurs à ceux de la "Hollandie" notamment en matière de maîtrise des déficits en tout genre.

Quoi qu'il en soit, voilà l'Enfumeur trônant au sommet des plus mauvais hommes et femmes politiques, damant le pion d'individus aux noms et fonctions improbables ou éminentes : Rod Tam, dirigeant corrompu de Honolulu, John Boehner, président de la Chambre des représentants incapable de diriger les débats de ce qui devrait être l'assemblée la plus puissante du monde, Altaf Husain, politicien pakistanais soupçonné de différents crimes dans le monde entier et sous le coup d'une enquête de Scotland Yard, etc. De gauche, de droite, de tous les pays et les ethnies : "Topten World" n'est d'aucune chapelle.

Le motif de ce triomphe français ô combien équivoque ? Selon ce site, François Hollande est le "responsable" qui plombe le plus l'un des pays les plus importants au monde. Il est vrai que cet argument est à considérer ...

Pour autant, notre président n'est-il pas victime d'un complot ? Ou d'un malentendu ? Son talent particulier pour brouiller les pistes et duper tout le monde est-il tellement sophistiqué et retors que ses manœuvres auront échappé aux auteurs du classement ? Après tout, parvenir à rogner en douce les épargnes des uns et des autres, dissimuler le plus possible les hausses d'impôt en les faisant passer pour des cotisations ou des réductions d'anciens avantages : voilà une méthode de réforme qui est peut-être la seule supportable par les Français ? François Hollande en campagne électorale parlait de France apaisée. Il fallait entendre : France anesthésiée. Mais peu importe, pourrait-on croire, puisque les mutations nécessaires, certes ralenties, se font dans la grogne mais sans violence. Il nous manipule, mais c'est pour notre bien.

Las ! A la réflexion, le titre qui vient de lui être accordé par Topten World paraît justifié.

Pourquoi ? Toute cette rouerie, que le peuple, sensible aux acouphènes de la politique, ressent confusément même si elle est soigneusement dissimulée, ne débouche en réalité sur rien. Pour égarer l'opinion, elle tend à refermer les débats sur les chiffres après les virgules au moment où les grands nombres se dégradent. Elle parle de changement, de réforme, de courage, en nous donnant une belle image luisante relayée par la presse subventionnée. Hélas, tout cela brille d'autant plus qu'on est dans le formol. "Il faut que tout change pour que rien ne change" nous disait le prince de Lampédusa. "Certes, mais changeons le moins possible, c'est plus sûr" ajoute Sa Normalité !

Prenons l'exemple de la semaine : la prétendue réforme des retraites. Pour éviter notamment de courroucer les syndicats du secteur public et parce qu'à un dixième de point de croissance près on peut espérer ne pas avoir à prendre des mesures structurelles, le gouvernement s'apprête à présenter un pseudo plan de sauvetage qui consiste essentiellement à augmenter la CSG.

Puisqu'il s'agit d'une cotisation, on nous dira que les impôts n'augmentent pas ! Quand on songe que, la semaine dernière, Moscovici faisait de grands moulinets dans l'air en déclarant qu'il adhérait à la recommandation du FMI de baisser les dépenses plutôt qu'augmenter les prélèvements obligatoires ... Mais la peur d'un automne "chaud" est la plus forte.

Bien entendu, tout cela n'est que mystification. Les calculs prévisionnels du rendement de la CSG comme ceux des cotisations retraites sont fondés sur des anticipations de croissance de l'activité qui ne seront pas au rendez-vous. Le déficit est là, béant, il ne fera que croître, le problème n'est aucunement traité et, avec beaucoup de chance, l'imposture n'apparaîtra pas avant 2017, le terme de 2020 annoncé comme celui d'une véritable remise à plat du système n'étant mis en valeur que pour endormir l'opinion.

Une fois encore tout est misé sur le retour improbable de la croissance ou le soutien in extremis de nos partenaires d'Europe du Nord. La France avance ... dans une seringue ! Il est cocasse de constater que ce "pouvoir" prétendument socialiste, tétanisé par ses craintes et son conservatisme, mise tout sur les vertus cycliques supposées de l'économie de marché.

Mais les chiffres sont têtus. Il faudra, en 2013, accepter un déficit budgétaire supérieur d'au moins 1% du PIB aux prévisions initiales pour obtenir, dans le meilleur des cas, une croissance de 0,1 % dudit PIB. On mesure ainsi la tétanie qui frappe l'activité économique française. Quand au vrai coup de massue fiscal, on y arrive bientôt, avec la hausse de la TVA et les cotisations en tout genre. Rien de tel pour tuer dans l’œuf tout début de reprise.

S'il s'agit de gérer en notaire l'érosion des richesses de la France, à quoi bon avoir un gouvernement ?Bientôt on parlera de syndic de faillite. La démagogie est un poison aussi dangereux pour la démocratie que l'autoritarisme, dont elle n'est en réalité qu'un des visages.

Ma foi, c'est vrai : on ne peut guère contester le classement impressionnant dont a bénéficié notre président !

2 - Gouvernement ou gang des postiches ?

L'extension du domaine des gesticulations se poursuit. Tournant comme une toupie autour de la croissance zéro, Moscovici dit puis nie puis redit que nous ne sommes plus en récession. Prendrait-il l'accélération de ses propres rotations pour le signe d'un rebond de l'activité ? Enfin ... si la récession se stabilise, sous l'effet de vapeurs délétères, on peut tenir ce phénomène pour l'apparition d' un fantôme de la croissance.

Au même moment,Valls et Taubira, aidés par les médias para-gouvernementaux, nous sur-jouent une énième discorde entre le "good judge" et le "bad cop" au sujet d'une réformette du code pénal. L'important est que la gauche angélique et la gauche trouillarde aient chacune leur pitance dans le discours gouvernemental puis que Mou-Président, se donnant à peu de frais la contenance d'un chef, arbitre entre les protagonistes. Qui regardera dans les détails de ces projets ne verra que changements de pacotille et n'oubliera pas d'observer le seul chiffre qui compte : celui de l'augmentation de la délinquance. A défaut, un petit séjour à Marseille fera l'affaire.

Pendant ce temps, Manuelito de Beauvau roucoule devant les photographes de Paris-Match. Leurs objectifs sont plus faciles à atteindre que ceux du recul de la criminalité.

3 - Taubira égale à elle-même

"Je ne supporte pas d'avoir un patron", déclare Taubira au New-York Times. C'est son droit le plus absolu et c'est humainement compréhensible.

Comme elle tient depuis 15 mois à la Chancellerie, on peut en déduire qu'Ayrault et Hollande ont su respecter ses vœux et conditions.

4 - A la vitesse d'un poids lourd au galop

La mécanique bureaucratique du calcul et de la collecte de la future taxe sur les poids lourds a déjà conduit à deux mois de report de mise en œuvre. Le coût de son encaissement (230 millions par an annoncés pour 1,2 milliard de recettes espérées) et l’enregistrement obligatoire des 800.000 poids lourds français auprès d’Ecomouv’, la société qui va assurer le recouvrement de cette "écotaxe", tournent au cauchemar. Il est de plus en plus probable qu'un nouveau délai sera donné aux transporteurs, furieux. Cela fait longtemps que la France n'a pas eu droit à sa grève des camionneurs ...


A lire, de l'auteur de cet article :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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