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La lutte contre « l’impérialisme gay » dans les amphis, c’est homophobe ou il y a aussi des circonstances atténuantes ?
©Reuters

Mes AG (de mauvais augure)

Pour échapper au « nouvel antisémitisme », il suffirait aux juifs de France d’en appeler à la destruction d’Israël paraît-il. Pour les gays souhaitant s’épargner la « nouvelle homophobie », en revanche, ça a l’air plus compliqué.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Il est désormais possible, pour une certaine gauche radicale, de s’accommoder du « nouvel antisémitisme » sur la base du plus crétin des syllogismes : Israël est en conflit avec la Palestine, les juifs de par le monde sont présumés avoir de la sympathie pour Israël, ergo, des musulmans s’en prennent aux juifs de France… CQFD.

Et si l’indulgence pour les meurtriers de Toulouse ou de Vincennes se limite encore au rappel de leur enfance malheureuse, le retour des clichés judéophobes les plus rebattus ou la violence à l’égard des porteurs de kippa ne seraient désormais plus que les sous-produits regrettables, certes, mais compréhensibles, du fameux « antisionisme ».

Dont acte. Les juifs sont les victimes collatérales de la méchanceté d’Israël. Que ce pays s’autodétruise ou, au minimum, que les juifs d’ici en appellent clairement à sa disparition, et l’antisémitisme nouvelle manière ira rejoindre son précurseur hitléro-maurrassien dans les oubliettes de l’histoire. On parvient à suivre le raisonnement.

Mais le nouveau front désormais ouvert par cette même gauche radicale contre « l’impérialisme gay » est un animal bien plus complexe à appréhender. Introduit sous nos latitudes par Houria Bouteldja et ses « Indigènes de la République », ce concept sous-tend en effet que l’homosexualité est une sorte de perversion blanche dont les occidentaux se serviraient pour mieux contrôler le reste du monde en la diffusant auprès de populations où elle n’existe pas à l’état naturel...

En découle un discours proche de celui des « néo-féministes pro-voile » (pour lesquelles la critique des religions patriarcales par le « féminisme historique » est un avatar du néo-colonialisme), conduisant des intervenants aux AG des bloqueurs de la fac de Nanterre à dénoncer « une majorité blanche du Nord » imposant une « vision de la sexualité, qu’elle prétend être universelle et émancipatrice, à l’intégralité de la population non-blanche du Sud ».

Outre l’étonnement que provoque la complaisance d’étudiants organisant par ailleurs des réunions interdites aux « cisgenres » pour une homophobie aussi débridée (Bouteldja et Boutin, s’il elles n’étaient pas aussi hostiles l’une que l’autre au mariage entre femmes, pourraient presque convoler), on se demande à quel avenir cette doctrine est promise.

Jusqu’à présent, à l’exception de farfelues comme Océane Rose-Marie, une comédienne lesbienne ne craignant guère les paradoxes, il ne se trouvait pas grand monde à gauche pour défendre les saillies « anti-tarlouzes » des Indigènes. Et les amateurs de ce genre de convergence des luttes ne remplissaient pas les amphis.

Mais bon, tout change. Dans le temps, après tout, les clichés judéophobes et la violence à l'égard des porteurs de kippa, on appelait ça de l'antisémitisme et tout le monde était contre...

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