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Revenu universel, l'idée transpartisane qui forçait à réfléchir
©Reuters

Remue-méninges

Le « revenu universel », seul concept neuf et transpartisan de cette campagne, mérite d'être traité autrement que comme un gadget pour « petits candidats » en mal de positionnement. Et ça nous change des débats sur les 35 heures et l'ouverture des magasins le dimanche...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le « revenu universel », sous ses différentes modalités, est sans doute la seule vraie idée neuve de cette présidentielle. Mais c'est aussi la proposition la plus emblématique de la ringardisation du clivage droite-gauche, ses détracteurs comme ses partisans se recrutant dans à peu près tous les camps.

L'idée générale, pour ceux qui seraient restés à l'écart du débat, consiste à supprimer la totalité des aides et allocations diverses qu'une armée de fonctionnaires a pour mission de saupoudrer (pendant qu'un second régiment de ronds-de-cuir est chargé de traquer les fraudeurs) pour les remplacer par un versement unique perçu par tous, du SDF qui fait la manche au coin de la rue, au milliardaire de la villa Montmorency (qui le remboursera en impôt de toute manière).

Le résultat attendu (du point de vue de ses promoteurs, dont je fais partie) : l'élimination de la pauvreté, si tout un chacun bénéficie d'un revenu garanti suffisant à couvrir ses besoins minimums ; la disparition de la technostructure d'allocation et de contrôle dont l'existence même fait s'évaporer un énorme pourcentage des fonds distribués ; la transformation du rapport au travail salarié face à sa probable raréfaction s'il devient possible de ne chercher à gagner que ce qui correspond aux besoins non-couverts par ce revenu de base (vous voulez une grosse voiture et des vacances aux Bahamas au mois de janvier ? Allez donc bosser pour vous procurer les brouzoufs nécessaires à ce style de vie...).

De fait, et selon les calculs effectués par des gens bien plus intelligents que moi, le versement d'une allocation tournant autour de 900 euros par mois à tous les Français âgés de plus de 18 ans, loin d'être ruineux pour l’État, correspondrait à une opération blanche en termes de dépenses publiques, voire carrément à une économie une fois intégrée la suppression pure et simple d'une technostructure devenue inutile.

Pour ses adversaires « de droite », une telle mesure saperait pourtant les fondements de la civilisation en transformant la France en un pays de flemmards assistés, l'idée étant que l'être humain est un glandeur fondamental dont le rêve est de roupiller toute la journée sans entreprendre quoi que ce soit. Pour ses ennemis « de gauche », elle menacerait plutôt la tranquillité de personnels de la CAF ou du Pôle Emploi rendus aussi obsolètes que les préposés d'escalators et les manipulateurs de tampons encreurs qui permettaient à l'Union soviétique de fournir un job à tous.

Manifestement, et à peu comme toutes les authentiques transformations sociétales, l'instauration du revenu universel fait émerger tout un tas de considérations philosophiques et pratiques auxquelles il est difficile de répondre de manière catégorique et simpliste (qui y aurait droit ? Les seuls nationaux ? Les Européens ? Quel impact concret sur le marché du travail ?) . Il ne s'agit, pour autant, en aucun cas d'une « utopie », au sens d'un dispositif peut-être souhaitable mais objectivement irréaliste. Il fut, après tout, un temps ou les concepts de congés payés, de couverture maladie, ou même de la possibilité pour un pays de ne plus être gouverné par un type à particule posé un trône par son père (qui tirait lui-même sa légitimité d'un vieux barbu bienveillant installé quelque part au plus haut des cieux), passaient pour farfelus.

Et franchement, c'était quand, la dernière fois qu'une proposition politique vous a incité à réfléchir en vous fichant royalement de son origine partisane ?

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