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Théologie amusante : une policière britannique en burqa peut-elle arrêter un délinquant pieux ?
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Prestige de l'uniforme

A Birmingham, où les femmes en burqa sont nombreuses, la police prévoit d'en recruter par souci de représentativité des communautés qu'elle sert. Ça pose deux ou trois problèmes pratiques.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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J'ai prudemment vérifié que l'info ne venait pas du Gorafi, ou de la kyrielle de sites parodiques qui lui tirent désormais la bourre sur le Web avec plus ou moins de talent, googlé deux ou trois sources concordantes pour être certain qu'il ne s'agissait pas d'un malentendu mais non : la police de Birmingham, deuxième ville de Grande-Bretagne, envisage effectivement de recruter des femmes portant la burqa.

Pas des femmes coiffées d'un bête hidjab – ça, ça existe déjà dans pas mal de pays majoritairement non-musulmans et ça ne me dérange pas plus que ça en vérité, la laïcité modèle 1905 étant loin d'être le principe universel que l'on croit–, mais bien des femmes en voile intégral et au visage dissimulé.

La logique des patrons de la police des West Midlands, qui n'ont encore jamais reçu la moindre candidature de ce genre mais comptent bien stimuler les vocations, est d'ailleurs imparable :

"Ce qui est important, c'est que nous soyons le reflet de la communauté que nous servons ; nous avons déjà pris plusieurs mesures significatives puisqu'un tiers de nos nouvelles recrues sont issues des BME ("Black and Minoriy Ethnicity") mais il y a encore beaucoup à faire".

En d'autres termes, si la police doit ressembler aux gens qu'elle protège, ce qui, à nouveau, est loin d'être totalement absurde, et que le nombre de femmes en burqa devient significatif, elle doit s'ouvrir à ce nouveau public. CQFD. L'histoire ne dit pas si elle devrait aussi se mettre à recruter des skinheads dans une commune où les électeurs du British National Party, le FN du crû, constitueraient une forte minorité et auraient besoin de mieux se sentir représentés par leurs pandores mais bon, ne tombons pas trop vite dans le mauvais esprit.

Pour autant, dans la foulée de, hum, l'affaire du burkini, qui a vu la France taxée d'intolérance religieuse parce qu'une poignée d'édiles balnéaires, vite retoqués par le Conseil d’État, suggéraient que cet accoutrement promouvait un certain radicalisme religieux, ce débat façon 3sexe des anges" peut-il être prolongé jusqu'à inclure la burqa ? Et les féministes plénéliennes défendant le droit des femmes pudiques à faire bronzette en dépit de la concupiscence névrotique des mâles, déclareront-elles que c'est en se masquant qu'une femme se fraye un chemin dans l'espace public ?

J'attendrai qu'elles se prononcent avant d'émettre un avis de mâle blanc quinquagénaire, mais je perçois déjà plusieurs obstacles théologiques à cette intéressante initiative : une policière en burqa pourra-t-elle interpeller un délinquant de sexe masculin ? Et un délinquant pieux, qui plus est ? Aura-t-elle le droit de fouiller une délinquante en mini-short ? Sera-t-elle dispensée de porter assistance à un apostat ? Quid des missions qui lui seront confiées pendant ses règles ? Enfin, pourra-t-on s'assurer de son identité au moment de voir la sienne contrôlée ?

Oh, j'imagine que tout un tas d'imams ont déjà répondu à ces questions sur YouTube, et même qu'il s'en trouvera un ou deux pour considérer qu'une femme en burqa serait mieux dans sa cuisine que dans un commissariat (confortant l'ami Plenel dans l'idée que la burqa est une libération), mais je trouve tout de même marrant de voir la burqa intégrée à l'uniforme de la police anglaise au moment où la gendarmerie de l’État islamique l'interdit pour raison de sécurité (enfin presque, là pour le coup, c'était du Gorafi iranien).

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