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Camp d'été décolonial : interdit aux blancs et aux journalistes
©Reuters

Très grosse fatigue

Le saviez-vous ? Il ne suffit plus de s'opposer à l'interdiction du burkini : il faut le célébrer comme un nouveau moyen d'émancipation de la femme. Il ne suffit plus d'être antiraciste : il faut ne plus être blanc. Mais vous ne le lirez pas dans vos journaux, et pour cause...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Au camp d'été interdit aux blancs du week-end dernier, même les journalistes devaient montrer "patte noire", appartenir à un média acquis à la cause (soit, de l'ensemble de la presse française, le seul Mediapart depuis que même le Diplose fiche de la poire de Houria Bouteldja) et accessoirement être copains avec la Gentille Organisatrice.

En tant que plumitif antiraciste auquel les hasards de la génétique n'auront accordé qu'une peau vaguement mate (mais je bronze vite : en cette fin de mois d’août, je frise pratiquement le contrôle au faciès et le statut de racisé honoraire), je crois que je suis encore plus choqué par les propos de la journaliste du site d'Edwy Plenel dépêchée à Reims (et donc par Edwy Plenel lui-même mais ça, ça n'est pas nouveau) que par cette mascarade indiscutablement, indéniablement, définitivement, irréparablement, irrémédiablement raciste :

"J’ai choisi, de ma propre initiative, de couvrir ce camp d’été. Mediapart a été le seul média accrédité pour l’intégralité du camp d’été. Les organisatrices souhaitaient que les journalistes soient eux-mêmes racisés et qu’ils appartiennent à une rédaction dont le traitement du racisme leur semblait pertinent. Je connais par ailleurs Sihame Assbague, à titre personnel".

C'est qu'à lire le complaisant compte-rendu des débats "décoloniaux" dans cette espèce de Pravda post-moderne qu'est Mediapart, il ne suffit plus de s'opposer à l'interdiction du burkini : il faut le célébrer comme un nouveau moyen de libération de la femme. Il ne suffit plus d'être antiraciste : il faut carrément ne plus être blanc.

Et parce qu'une poignée d'ignares ayant survolé le résumé d'une version Google Translate de soixante ans de luttes contre les discriminations aux États-Unis a décidé de flanquer deux siècles d'universalisme et de laïcité Made in France à la poubelle, c'est toute la gauche ou presque qui est contaminée, tétanisée par ce magistère moral de pacotille.

Et il faudra certainement autre chose que le baratin creux d'un Raphaël Liogier, d'un Édouard Louis ou de je ne sais quel autre enfumeur professionnel pour me convaincre du contraire. Si la France, comme c'est bien parti, finit par élire Le Pen, et que les choses dégénèrent, qu'on n'imagine pas que je resterai dans les parages à compter les points entre le FN et le Tariq Ramadan fan club – ou même que j'accepterai docilement de me transformer en personnage de Houellebecq, si c'est la seule option qui m'est offerte. Mon portefeuille n'a pas l'épaisseur de celui d'un Yannick Noah mais je considérerai sérieusement mes options d'expatriation (j'aime bien l'idée de la Nouvelle-Zélande, il paraît que c'est très joli et, surtout, c'est loin).

Mais bon, je m'énerve, je m'énerve, mais, comme on dit, le PIR n'est jamais sûr...

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