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Primaires : les seconds couteaux qui se prenaient pour des fines lames
©Reuters

Sauveurs de la France

Hamon, Lienemann, Filoche, Morano, Myard, Didier, Lefebvre... Des hommes et des femmes providentiels comme s'il en pleuvait.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La fonction s'est fortement dévaluée ces dernières années, entre les seconds mandats pour rien de Mitterrand et de Chirac ou les premiers quinquennats pour pas grand chose de Sarkozy et de Hollande, mais j'imagine qu'il faut toujours une sacrée dose d'ego pour se déclarer candidat à la présidentielle...

Après tout, s'il existe pas mal d'opportunités de devenir ministre dans ce pays où un gouvernement « resserré » peut compter jusqu'à cinquante membres, il n'y a qu'un seul job de président. Et dans le genre « j'ai de très très grosses responsabilités politiques, figurez-vous ! », c'est ce qui se fait de plus pointu.

Pour autant, si c'est plutôt bien payé, qu'il y a un logement de fonction bien situé, qu'on voyage beaucoup et qu'on rencontre des gens intéressants, il faut tout de même avoir la conviction qu'on sera capable de faire la différence sur de gros dossiers pas fastoches en plus d'un melon surdimensionné.

Du coup, et davantage que l'ego d'un « candidat naturel » présumé vaguement compétent et porté par un appareil, c'est la prétention abyssale des seconds couteaux qui m'intrigue le plus ces jours-ci ; ce petit côté « Je fais à la France le don de ma personne » du type qui sait que ses chances sont minces mais que les circonstances forcent à agir. Parce qu'il le faut. Parce que c'est son devoir.

J'entendais d’ailleurs Benoît Hamon, l'autre matin sur Inter, expliquer comment, effaré par les terribles avancées du néolibéralisme sous un président dont il a tout de même été le ministre un petit moment, il se sentait prêt à remettre les pendules à gauche et c'était beau comme Jeanne à Domrémy. On lui faisait bien remarquer qu'il y avait déjà Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche et sans doute Arnaud Montebourg sur le créneau pour la primaire PS, et que ça faisait déjà beaucoup de progressistes providentiels, mais ça n'avait pas l'air de le déranger trop.

« Ils sont cools c'est sûr, répondait-il en substance, mais l'heure est trop grave et je dois rendre l'espoir et la justice sociale à la France. Je n'ai pas le choix ».

Un peu comme Nadine Morano de l'autre côté, qui n'a tellement « plus rien à perdre et tout à défendre » dans son combat pour la race blanche, qu'elle est prête à sauver la France de l'extérieur du parti si les poids lourds ne leur laissent pas assez de parrainages, à elle, Myard, Didier, Lefebvre et la tripotée de seconds couteaux qui font du Le Pen soft chez les Républicains.

De droite ou de gauche, les équipes B servent au moins à une chose : nous rappeler que ça pourrait être pire.

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