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Pilotes Air France, dockers marseillais, même combat ?
©Reuters

Mal des transports

Inspirés par leurs cousins dockers du port de Marseille, les pilotes d'Air France scient la branche sur laquelle 3 000 de leurs collègues sont assis. Crash en vue.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Pilote à Air France en 2015, c'est un peu comme docker à Marseille en 1990 : après moi, le déluge. Rien ne ressemble plus, en effet, à la descente par paliers de l'ex-grande compagnie aérienne que la noyade progressive de l'ex-grande plateforme portuaire. Dans les deux cas, une grosse minorité de seigneurs repus et vindicatifs, décide de saborder l'outil de travail d'une majorité de soutiers au nom du refus du changement et de la défense de leurs privilèges.

On aurait pu imaginer que les premiers aient plus de hauteur de vue que les seconds, ne serait-ce que parce qu'ils travaillent en altitude, mais non : uniforme et salopette, même combat. Il y a vingt-cinq ans, les dockers avaient bloqué la modernisation du port et sa réorientation sur les trafics de conteneurs, arc-boutés sur un statut et des méthodes dépassées. Résultat, les boîtes en métal qui charrient l'essentiel du fret maritime mondial sont allées se faire manutentionner ailleurs, à Rotterdam à Anvers ou même à Barcelone, où les dockers sont désormais plus nombreux et mieux payés qu'à Marseille.

Aujourd'hui, les pilotes d'Air France, qui ne semblent pas avoir remarqué que la croissance de leur secteur était portée par le low cost et la hausse de la productivité snobent l'un et l'autre et préfèrent voir la compagnie fermer des lignes et virer 3 000 de leurs collègues "rampants" plutôt que de l'aider à réduire des coûts supérieurs de 25% à ceux de la concurrence en volant quelques heures de plus chaque mois…

D'un cynique point de vue de voyageur, on peut s'en moquer : il y aura toujours des avions à Roissy ou à Marignane si Air France disparaît ou se marginalise. Ryanair et EasyJet ne sont pas faites pour les chiens. D'un angoissé point de vue de citoyen, c'est une autre paire de manche : le déclin du port de Marseille a entraîné celui de tout son "hinterland" et la disparition (ou la non-création) de milliers d'emplois induits dans les services logistiques et dans l'industrie. Salariés des hubs du pavillon aérien national, attachez vos ceintures et remontez vos tablettes, ça va turbuler…

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P.S. (bête et méchant) : un ami qui a le sens de l'humour noir suggère que la fin d'Air France n'est pas une si mauvaise chose au moment où l'on nous promet un "11-Septembre à la française". S'il n'y a plus d'avions à détourner sur la tour Eiffel ou les buildings de La Défense, les djihadistes en seront pour leurs frais.

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