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Marine Le Pen cap de couper le cordon ? : sa réponse à papa dans "Valeurs actuelles" ; Montebourg : le départ programmé ; Abandon de "L’ABCD de l’égalité" : la "belle victoire" de Farida Belghoul contre le gouvernement
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi la gauche, moribonde, à la recherche d’un nouveau “ mai 68 ” et, et, et… à qui, ou à quoi, revient la responsabilité de l’envolée du FN, par, hé hé !, Marcel Gauchet et le très étonnant économiste Frédéric Lordon. Duraille, mais riche, la revue de presse des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Grôsse — hénaurme semaine, dans les hebdos ! Entre la réponse en exclu de Marine Le Pen à son père dans “ Valeurs actuelles ” et “ le départ programmé ” d’Arnaud Montebourg du gouvernement, annoncé dans “ Le Nouvel Observateur ”, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a  de l’actu… Mais commençons léger — façon de parler… “ L’ABCD de l’égalité ”, vous vous souvenez ? Hé bien, vous pouvez l’oublier !

“ L’ABCD de l’égalité ” enterré

“ L’ABCD de l’égalité ”, c’est fini. C’est en tout cas ce que nous apprend “ L’Express ” : “ Benoît Hamon a beaucoup consulté et longuement réfléchi avant de venir exposer son point de vue à Manuel Valls, indique le mag. Le 27 mai, lors d’un tête-à-tête à Matignon, le chef du gouvernement et le ministre de l’Education nationale se rendent à l’évidence : il faut sacrifier “ l’ABCD de l’égalité ”. L’expérimentation menée en France depuis septembre 2013 dans 275 écoles primaires ne sera pas généralisée à la rentrée 2014. Les croisés antigenre ont eu la peau de cette formation sur l’égalité filles-garçons destinée aux enseignants. Cible d’une spectaculaire opération de désinformation, ce dispositif est enterré. Le 20 juin, au plus tard, le doyen de l’inspection générale aura remis au ministre le rapport d’évaluation. L’acte de décès, que François Hollande a entériné, sera annoncé dans la foulée ”. Farida Belghoul et ses affidés auraient donc gagné ?

La “ belle victoire ” de Farida Belghoul

L’hebdo le confirme : “ Benoît Hamon a parfaitement joué le jeu de la concertation. Et l’abandon est accepté, y compris par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes. “ Le sujet reste prioritaire, mais il a suscité un tel climat de nervosité que les écoutilles sont fermées, mieux vaut utiliser la médecine douce. Nous travaillerons sur ce sujet différemment ”, confie le ministre de l’Education nationale à “ L’Express ”. Farida Belghoul peut savourer sa victoire. Depuis six mois, cette ex-figure de la seconde “ Marche des Beurs ”, en 1984, orchestre une opération de désinformation inédite, les Journées de retrait de l’école (JRE), qui a réussi à déstabiliser institution, enseignants et parents… ” Une belle victoire, dis donc… Mais, au fait, que sait-on de cette dame, exactement ?

Qui est Farida Belghoul ?

“ Elle est travaillée par un désir de revanche, analyse “ L’Express ”. Ecoeurée par le PS, qui a récupéré, selon elle, la lutte antiraciste à la suite de la Marche des Beurs, révoltée par un système scolaire français incapable d’apprendre à lire correctement, déçue de ne pas avoir réussi à récolter les fonds nécessaires pour lancer son association d’aide aux devoirs en 2008. Fâchée surtout avec le pouvoir et ces journalistes aux ordres qu’elle refuse d’ailleurs de rencontrer. Cette femme en colère a déscolarisé ses trois enfants depuis plusieurs années pour faire l’école à la maison. Puis, un jour, elle a décidé de partir en Egypte “ pour les sauver et couper tous les ponts avec la France ”, explique-t-elle dans une interview accordée à Oumma TV. (…) Son passage au lycée français (du Caire) crée des tensions. Après un an d’exercice, elle voit prématurément son contrat rompu. Farida Belghoul rentre au bercail en 2013, “ car c’est en France qu’il faut combattre ”, déclare-t-elle alors ”.

Le modèle Soral

“ A son retour, poursuit le mag, elle tisse des relations avec le polémiste d’extrême droite Alain Soral. Ce personnage sulfureux et provocateur lui a été présenté, selon nos informations, par des voisins de quartier, à Bezons. Sur son site Internet, Egalité et réconciliation, elle apparaît, pour la première fois, en mai 2013, lors d’une longue interview. En octobre, elle y lance son réquisitoire. “ Il est en train de se passer quelque chose de catastrophique à l’Education nationale. Il s’agit de l’introduction de la théorie du genre ”. (…) Serait-elle (…) la créature d’Alain Soral destinée à attirer les musulmans vers sa mouvance ? Ou, au contraire, la patronne des JRE utilise-t-elle la notoriété du polémiste pour doper son action ? Quoi qu’il en soit, sa méthode — conférences, vente de livres, site Internet alimenté quotidiennement par une multitude de montages vidéo et d’interviews-fleuves de l’intéressée — constitue un copier-coller des recettes employées par Soral ”.

Le nouveau projet de Farida Belghoul

Pour connaître les détails des alliances que Farida Belghoul a scellées, notamment, avec Christine Boutin du Parti chrétien-démocrate, Béatrice Bourges, du Printemps Français, ou encore avec le mouvement monarchiste et nationaliste Action française, on vous renvoie à l’article de “ L’Express ”, qui mérite vraiment d’être lu. “ L’annonce du retrait de l’ABCD devrait l’enchanter (…) certainement pas la calmer, conclut le journal. Déjà, l’égérie de la bataille contre un enseignement imaginaire de la théorie du genre fourbit de nouvelles armes : une association des “ parents d’élèves courageux ” est lancée. L’idée est de disposer d’un ou de deux représentants au sein des conseils de classe. De quoi continuer à distiller la rumeur au cœur même de l’école. Reste à savoir si elle parviendra à ratisser au-delà des groupuscules extrémistes ”.

Gauche : la rébellion s’organise

Après le “ Oui, la gauche peut mourir ”, prononcé samedi par Manuel Valls, dans le cadre du Conseil national du PS, “ Les Inrocks ” s’interrogent : “ La gauche peut-elle renaître ? ”. “ Le député Laurent Baumel, cofondateur de la Gauche populaire (…), qui, rappelle le mag, s’était déjà abstenu lors du vote du programme de stabilité avec quarante autres camarades, menace de déposer des amendements sur les textes budgétaires hors du groupe socialiste à l’Assemblée si nécessaire. Un appel du pied entendu par les écolos. (…) Les militants ont voté samedi contre le projet de loi de finances. A l’unanimité, ils appellent à chercher des amendements communs avec d’autres députés de gauche opposés aux orientations de Hollande, et à rejeter le texte si lesdits amendements sont refusés. (…) “ Il y a un fourmillement de rencontres entre les différents appareils, j’ai rarement vu les partis aussi ouverts ”, sourit Julien Bayou, porte-parole d’EELV. Entre le Club des socialistes affligés, créé mi-mai par l’ex-eurodéputé socialiste Liêm Hoang-Ngoc et le politologue proche du Front de gauche Philippe Marlière, le rassemblement ouvert à toute la gauche organisé du 20 au 22 juin à Bellerive-sur-Allier par le socialiste Gérard Filoche, ou encore le conseil national du courant PS Un monde d’avance, les initiatives ne manquent pas ”. 

“ On a besoin d’un nouveau mai 68 ”

“ “ Dans le PS et au Parlement, dans la gauche, EELV, le Front de gauche, il existe une majorité alternative, potentielle, unitaire, rouge, rose, verte : qu’elle s’oppose et gouverne ! ”, écrit Gérard Filoche sur son blog. (…) Mais est-ce aussi simple ? s’interrogent “ Les Inrocks ”. Créé en 2007, Gauche avenir (le club créé par la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, ndlr) rassemble des personnalités aussi diverses qu’Emmanuelle Cosse d’EELV, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone ou encore Christian Picquet de Gauche unitaire. En somme, “ l’ossature de l’union intelligente de la gauche ”. “ Mais ça n’aboutit à rien de concret, se plaint un socialiste proche de Lienemann. La période de recomposition actuelle est très intéressante : il y a des perspectives communes et une vraie envie de travailler ensemble. Mais une fois qu’on a fait les meetings et que François Hollande nous aura envoyés sur les roses, on fait quoi ? On a besoin d’un grand mouvement social qui mobilise toute la société. Un nouveau mai 68 avec un débouché politique ” ”. Sans “ grand mouvement social qui mobilise toute la société ”, les rebelles ne peuvent rien… Quel plus bel aveu d’impuissance politique ?

Quand les frondeurs “ espèrent la victoire d’Arnaud Montebourg ”

Mais l’impuissance politique n’empêche pas les calculs politiciens… “ L’affaiblissement de François Hollande ouvre déjà les jeux politiques au PS, nous apprend “ Le Point ”. Pas étonnant que les (…) frondeurs se disent dès aujourd’hui favorables à une primaire socialiste en 2016. “ Il serait tout de même curieux que ce que nous avons jugé formidable et démocratique en 2011 ne le soit plus cinq ans après ”, lâchait Emmanuel Maurel, l’un des agitateurs de cette aile gauche, dans les colonnes du “ Monde ”. Une manière d’exacerber la compétition Valls-Hollande. En vérité, ce qu’ils espèrent, c’est une victoire d’Arnaud Montebourg, qui, dans l’ombre, les encourage à porter le fer, lui-même étant lié par la solidarité gouvernementale ”.

Arnaud Montebourg : la démission programmée

Lié par la solidarité gouvernementale, Arnaud Montebourg ? Pas à en croire “ Le Nouvel Observateur ” qui, scoop !, nous annonce que sa “ démission est programmée ”. “ “ Alors, tu pars ? ” A question simple, indique le news, réponse claire : “ Oui ”. Quand ? C’est là que les choses ont commencé à être moins précises, la semaine dernière à Bercy, lorsque le ministre de l’Economie a livré, à l’un de ses plus proches amis, le fond de sa pensée et son prochain plan de bataille pour l’occasion. Avant l’été ou à la rentrée prochaine ? Sur l’affaire Alstom, où il va jouer sa réputation, ou sur le budget 2015, qui mesurera bientôt son influence réelle ? ”

Le pacte Montebourg-Valls

Pourquoi ce départ ? “ Voilà déjà plusieurs semaines, explique l’hebdo, que ses visiteurs — députés, cadres de son courant ou simples conseillers — ont compris que l’aventure avec Valls, celle qui s’est nouée fin mars lors du grand remaniement voulu à l’Elysée, reposait sur des bases trop fragiles pour aller à son terme ”. De quelle “ aventure avec Valls ” peut bien vouloir parler le mag ? D’après “ L’Obs ”, Arnaud Montebourg ne se priverait pas de raconter en privé “ cette réunion à trois, un samedi pluvieux d’octobre 2013 où, sur la base d’une de ces notes alarmistes adressées en vain à l’Elysée, Valls et lui, sous le regard complice d’Aquilino Morelle, ont noué un vrai pacte de confiance. (…) Quand, à la veille du second tour des municipales, Hollande a été contraint de trancher, c’est par lettre — et sur quel ton — que (Montebourg) l’a enjoint de promouvoir son ministre de l’Intérieur. Ce samedi-là, le président a eu du mal à ravaler sa colère. Mais il a cédé, et Montebourg considère encore aujourd’hui que ce courrier a été décisif et qu’il disait la promesse d’une ligne qui, d’une façon ou d’une autre, devra être respectée si l’on veut prendre au sérieux la menace lepéniste ”. La ligne a-t-elle été tenue ? Tout le problème est là…

Montebourg décidé à “ faire sauter le maillon faible ” François Hollande

“ Le plan de 50 milliards d’économies, annoncé le 14 janvier par Hollande en personne n’est pas, (aux yeux de Montebourg), raconte le mag, l’horreur absolue que décrivent quelques députés frondeurs. A condition qu’on l’assaisonne d’un peu de déficit et d’un peu d’inflation. Lui n’est pas du genre à opposer politique de l’offre et politique de la demande. Il entend simplement que les deux s’articulent sans céder aux oukases bruxellois. Son rêve, et derrière lui, celui d’un parti “ industrialiste ” qui dépasse, et de loin, les frontières de la gauche classique est de “ réorienter ” la France et l’Europe à la fois. Fût-ce, s’il le faut, en s’abstenant de le crier sur les toits mais, pour une fois, en le faisant vraiment. Pour cela, il comprend mal que Valls, aussi souple dans les débats internes du gouvernement, se raidisse aussi vite lorsqu’il est face aux parlementaires socialistes alors qu’il pourrait les utiliser pour mieux tordre le bras à Hollande ”. Tordre le bras à Hollande, comment ça, tordre le bras à Hollande ? “ Le Nouvel Obs ” le dit : Arnaud Montebourg “ n’est plus le jeune ministre dont le seul but était de durer et qui croyait qu’après le rapport Gallois, le président, au sommet de l’Etat, pouvait encore s’amender. (…) Aujourd’hui, tout a changé. Le maillon faible, celui qu’il va falloir faire sauter d’ici 2017, est le président en personne (…) ”. Wow !

Comment le candidat Montebourg creuse son sillon au Parlement…

Car “ Pour 2017, Montebourg, qu’il sorte ou non du gouvernement, n’a plus l’intention de faire de la figuration, indique l’hebdo. Pour lui, tout se jouera contre Hollande, s’il a encore les moyens d’être candidat, ou contre Valls, s’il est encore vivant après un trop long stage à Matignon ”. Pour atteindre son but, le ministre a ses “ cinq mousquetaires ” (Boris Vallaud, David Lebon, Michaël Dudragne, Patrice Prat, Arnaud Leroy) qu’il réunit “ tous les mardis matin, à 8 heures précises ”, et cela, depuis le “ début de l’année 2013, juste après l’épisode de Florange ”, raconte encore “ L’Obs ”. Parallèlement, il veille à “ creuser son sillon ” au Parlement. “ A la lisière du groupe des 41 frondeurs, précise le journal, une trentaine de députés participent chaque mois à un petit-déjeuner organisé à la questure de l’Assemblée nationale. Tous ne sont pas des alliés assurés (…) N’empêche ! La marque Montebourg commence à imprimer au Palais-Bourbon, à l’inverse du Palais du Luxembourg, où l’opération séduction des sénateurs n’en est qu’à ses balbutiements. Les petits élus ne sont pas oubliés. Son réseau Des idées et des rêves se déploie dans chaque département ”. Hé bé, tout ça nous a l’air fichtrement bien organisé… et recoupe, en même temps, l’info du “ Point ” selon laquelle les 41 frondeurs espèrent une victoire de Montebourg à la primaire socialiste 2016…

45 % des Français prêts à voter FN selon “ Valeurs actuelles ”

Et pendant ce temps-là, Marine Le Pen jubile… et pérore dans “ Valeurs actuelles ”. Parallèlement à l’interview de la présidente du FN, l’hebdomadaire publie un sondage exclusif sur “ Les Français et le FN ”. Selon Pollingvox, 45 % des Français seraient prêts à voter FN à une élection nationale ou locale. Surfant sur la polémique “ fournée ”, l’institut annonce également que 82 % des électeurs FN et 43 % des Français “ sont plus proches de Marine que de son père ”, que “ le maintien de Jean-Marie Le Pen est perçu comme un handicap pour 81 % des Français ” et que “ le changement de nom du FN serait un “ atout ” pour 61 % des Français ”. Plébiscite pour la Bleu Marine, on dirait… Mais que dit-elle, au fait, de tout ça, hmmm ?

Marine Le Pen prête à virer son père ?

Concernant le maintien de Jean-Marie Le Pen considéré comme un handicap par 81 % des Français, Marine Le Pen le dit d’emblée : “ Je refuse d’entrer dans ce débat. Comme fille de Jean-Marie Le Pen, mais aussi comme patriote, j’ai le plus grand respect pour lui. Pour avoir fondé le mouvement, puis l’avoir dirigé pendant presque quarante ans, j’ai estimé légitime de le nommer au poste de président d’honneur qu’il sollicitait. Cette présidence d’honneur est un honneur qui lui est dû. Mais ce poste a été spécialement taillé pour lui, il lui revient donc de trouver, désormais sous mon autorité, sa place et sa manière de le faire exister ”.

Marine Le Pen s’estime-t-elle “ fondée à sanctionner le fondateur du FN ” ?

“ Dans (sa) lettre ouverte, (…) Jean-Marie Le Pen vous pose la question : “ Vous estimez-vous (…) fondée à sanctionner le fondateur (…) du FN (…) ? ” Que lui répondez-vous ? ”, demande “ Valeurs actuelles ”. —“ Je réponds que oui, je suis fondée, en tant que présidente du Front national, à faire appliquer la ligne politique du mouvement, telle qu’elle a été validée par les adhérents lors du congrès de janvier 2011, qui m’a élue à la tête du parti. Lors de la campagne interne qui m’a opposée à Bruno Gollnisch est né un débat portant sur la stratégie du FN : celui-ci progressait-il grâce à des polémiques, comme mon concurrent le défendait, ou malgré les polémiques, comme je le crois ? Le vote des adhérents a tranché : c’est malgré les polémiques et non grâce à elles que le FN progresse ”. Vous aviez remarqué, vous, que Marine Le Pen veillait, depuis son élection, à ne pas créer de polémique ? Et d’ailleurs, de quoi parle-t-on, là ? !

“ Le FN, bouclier des Français juifs ”

A la question de savoir si elle a “ été surprise par la réaction ” de son père, Marine Le Pen répond qu’elle l’a “ trouvée excessive, car lorsqu’on est un responsable politique, il faut savoir anticiper les réactions et s’attacher à ne pas donner d’armes à ses adversaires. Il existe — pourquoi le nier ? — une suspicion d’antisémitisme qui pèse sur le Front national et que je conteste avec la plus grande force. (…) Je ne cesse de le répéter aux Français juifs, qui sont de plus en plus nombreux à se tourner vers nous : “ Non seulement le Front national n’est pas votre ennemi, mais il est sans doute dans l’avenir le meilleur bouclier pour vous protéger ; il se trouve à vos côtés pour la défense de nos libertés de pensée ou de culte face au seul vrai ennemi, le fondamentalisme islamiste ” ”.

“ Je ne suis pas Jean-Marie Le Pen ”

La Bleu Marine le dit encore : “ La politique s’incarne, or je suis moi-même, je ne suis pas Jean-Marie Le Pen. Nous n’avons ni le même âge ni le même parcours. Même si je les ai étudiées et en ai tiré des leçons, je n’ai pas été marquée comme lui par la Seconde Guerre mondiale ou la guerre d’Algérie. Il a créé le Front national dans la seconde moitié du XXe siècle, j’en ai pris la tête au début du XXIe. Même si je me reconnais dans son action en de multiples domaines, notamment dans son refus de se conformer à la pensée unique et, de manière générale, dans le patriotisme et le courage dont il a toujours fait preuve, j’ai ma propre personnalité, ma propre perception de l’exercice des responsabilités. Et ma stratégie peut se résumer en une phrase : faire gagner le FN pour faire gagner la France ”. Parce que le FN et la France, c’est la même chose ?

De Jean-Marie à Marine, y a-t-il, selon elle, rupture ou continuité ?

“ Vous inscrivez-vous, à la tête du FN, dans la continuité du FN ? ”, rebondit “ Valeurs actuelles ”. —“ Nous abordons une nouvelle étape, botte en touche la fille de Jean-Marie. J’ai aujourd’hui le devoir d’accéder au pouvoir avant qu’il ne soit trop tard. C’est-à-dire rapidement. Peut-être même, je le crois possible, dès 2017. Pour cela, je me suis battue, avant même mon élection à la présidence du mouvement, pour que le FN devienne un parti de gouvernement. (…) Cet objectif, que beaucoup, dont Jean-Marie Le Pen peut-être lui-même, imaginaient inaccessible, est aujourd’hui en passe d’être atteint : si j’en crois votre sondage, 45 % des Français, quasiment la moitié, se disent prêts à voter pour nous ”. C’est gentil de nous le rappeler…

Envolée du FN : à qui la faute ?

“ L’envolée du FN. A qui la faute ? ”, se demande “ Le Nouvel Obs ” qui propose une longue et passionnante interview du philosophe et rédacteur en chef du “ Débat ” Marcel Gauchet et de l’économiste, directeur de recherches au CNRS, Frédéric Lordon. Est-ce la “ faute à la gauche ” ?, commence par demander le mag. “ L’indifférenciation des politiques de la droite et de la gauche, notamment économiques, est le péril démocratique majuscule, répond Frédéric Lordon. Et la vie politique est empoisonnée de ces fausses alternances qui ont perdu tout pouvoir d’alternative. (…) La vérité, mais qui nécessitait visiblement que soit passé un point critique pour être enfin reconnue, c’est que cette indifférenciation est à l’œuvre depuis les années 1980 et que chaque retour de la gauche au pouvoir lui a donné l’occasion de s’approfondir. “ L’occasion Hollande ” restera comme un moment d’une radicalité marquante, jusqu’à laisser passablement déboussolés les demi-habiles qui, sous couleur de profondeur historique, ânonnaient gravement “ Bad Godesberg ” — le problème étant que nous sommes maintenant beaucoup plus près de Chicago que de Bad Godesberg ”. De Chicago, carrément ?

“ Le destin originaire de la deuxième gauche, c’était de finir comme deuxième droite ”

“ Il est aujourd’hui temps de rendre aux prophéties de quelques extralucides qui avaient tout compris dès le milieu des années 1980, reprend Lordon, je pense à Guy Hocquenghem ou à Jean-Pierre Garnier, et d’admettre enfin, puisque l’évidence est là, que le destin originaire de la deuxième gauche, c’était de finir comme deuxième droite. Redoutons le moment où les électeurs verront clairement que les élections ne leur laissent plus le choix qu’entre la droite décomplexée et la droite complexée — puisque je ne vois pas comment nommer autrement le socialisme gouvernemental ”. Ouch ! Frédéric Lordon n’a pas fini…

“ La démocratie, c’est la possibilité toujours ouverte de la différence ”

“ Le plus affolant, poursuit l’économiste, est que certains s’en réjouissent — et pas qu’au FN ! Un éditorialiste aussi ouvertement libéral qu’Eric Le Boucher se félicite que “ l’UMPS (soit) une réalité ” et appelle les deux têtes du monstre siamois à “ l’assumer ” enfin pour de bon. Cette assomption réjouie de l’UMPS ou bien les appels consternants au “ gouvernement d’union nationale ” à la BHL ont en commun le même aveuglement et le même tragique oubli que la démocratie, c’est la possibilité toujours ouverte de la différence : la possibilité de faire quelque chose d’autre. Mais la convergence oligarchique, soutenue par le jeu des institutions de la Ve République, a institué le règne du même — convergence qui s’est logiquement accompagnée de l’identité dans l’échec. Dans ce désert de l’indifférenciation, l’électorat investit alors massivement ce qui lui semble être la moindre différence significative, fût-elle la pire. “ Tout plutôt que du même ! ” : voilà ce qu’il crie, depuis longtemps déjà. Et désormais sans égard à ce que “ tout ”, ce soit n’importe quoi ”. Argh… c’était donc ça. Belle démonstration, n’est-il pas ?

Le “ piège Front national ”

“ Que faire pour combattre le Front national ? Vous semble-t-il en mesure de prendre le pouvoir en France ? ”, demande “ Le Nouvel Observateur ”. —“ la force du Front national est faite de la faiblesse des partis de gouvernement, répond Marcel Gauchet. Etant donné l’incapacité flagrante de ceux-ci de se redresser dans l’immédiat, on peut dire que la route du pouvoir lui est ouverte, et, sans doute, la route du second tour pour Marine Le Pen en 2017. (…) Il y a un piège du Front national : les thèmes dont il s’empare sont décrétés ipso facto infréquentables, à jamais pollués, bannis du débat respectable. Or ce sont bel et bien, qu’on le veuille ou non, ceux qui préoccupent une grande partie de l’électorat, en particulier les milieux populaires ”.  Et ?

Reste-t-il quelque chose à faire pour contrer le FN ?

“ C’est ce piège qu’il faut déjouer si l’on veut combattre efficacement un parti qui a pour lui l’effet de vérité contre les moralistes bien-pensants de tout poil, explique Marcel Gauchet. C’est ce que Sarkozy avait amorcé en 2007, il faut le dire à son honneur, sans être capable, hélas, d’y donner suite. Aux partis de gouvernement de montrer qu’il est possible de discuter calmement, rationnellement, sans tabous ni fantasmes, de ces sujets maudits.En démocratie, on discute de tout, de l’immigration, de l’insécurité, de la corruption, de l’assistanat, de la fraude sociale, comme du reste ”. Hé oui ! Le principe-même de la démocratie, c’est de pouvoir parler, débattre, de tout, a fortiori de ce qui gêne, voire de ce qui pue. La fonction et la vocation des politiques ne sont-elles pas précisément là ? Dans le démêlage de ce qui fait des nœuds ? Sur ce, bonne semaine, les lapins ! Ne vous tordez pas les boyaux : côté réflexion, nous, au moins, on a avancé un brin, hmmm ?

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Mots-Clés

Antisémitisme, Assemblée Nationale, Nicolas Sarkozy, juifs, seconde guerre mondiale, Marine Le Pen, PS, EELV, FN, Jean-Marie Le Pen, Arnaud Montebourg, BHL, François Hollande, démocratie, droite, gauche, Christine Boutin, Front de gauche, Manuel Valls, Benoît Hamon, Mai 68, Alstom, Bruno Gollnisch, Alain Soral, fondamentalisme, Claude Bartolone, rêve, Laurent Baumel, Action française, bien-pensance, UMPS, guerre d'Algérie, différence, Marie-Noëlle Lienemann, Aquilino Morelle, Najat Vallaud-Belkacem, parti chrétien-démocrate, Emmanuel Maurel, Béatrice Bourges, Jérôme Sainte Marie, Gérard Filoche, Marcel Gauchet, Printemps français, Bad Godesberg, ABCD de l'égalité, Oumma.com, Emmanuelle Cosse, journées de retrait de l'école, Farida Belghoul, Liem Hoang Ngoc, Daesh, Michaël Dudragne, Guy Hocquenghem, Philippe Marlière, Julien Bayou, Patrice Prat, Frédéric Lordon, primaire socialiste 2016, Jean-Pierre Garnier, Arnaud Leroy, Eric Le Boucher, David Lebon, Christian Picquet

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