L’économie allemande est-elle en plein boom sans que personne ne l’ait vraiment remarqué (à part peut-être la BCE) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La Bourse de Francfort est à la hausse
La Bourse de Francfort est à la hausse
©REUTERS/Remote/Stringer

Bombe à retardement

Après que le PIB allemand de 2011 a été revu à la hausse en 2013, il est permis d'envisager que celui de l'année qui vient de se terminer sera lui aussi réévalué en 2015. D'aucuns supposent que c'est en partie pour cette raison que la BCE n'a pas abaissé ses taux directeurs, comptant sur la demande germanique pour relancer le moteur européen.

Isabelle Bourgeois

Isabelle Bourgeois

Isabelle Bourgeois est chargée de recherches au Centre d'Information et de Recherche sur l'Allemagne contemporaine (CIRAC) et rédactrice en chef de Regards sur l'économie allemande. Bulletin économique du CIRAC.

Elle est également l'auteur de PME allemandes : les clés de la performance (Cirac, 2010).

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Atlantico : Dans un récent article publié sur le site Bloomberg.com (voir ici), le journaliste Matthew C. Klein estime que si la BCE a fait le choix de ne pas baisser ses taux directeurs, c’est sans doute parce que celle-ci entrevoit une prochaine explosion de la croissance allemande. L’activité économique allemande, que l’on sait supérieure à celle de ses partenaires, est-elle effectivement sur le point de connaître une forte croissance ? Quels sont les signes ?

Isabelle Bourgeois : Il n’y a pas de lien entre ces supputations et la politique de la BCE. Cette dernière doit prendre en considération les évolutions de l’ensemble des États de la zone euro. Toute autre interprétation verse dans la théorie du complot. Pour ce qui est de l’article évoqué dans votre question, sa date de parution n’est pas innocente, elle précède de peu la prise de décision de la BCE. C’est une période à laquelle on voit souvent fleurir ce type d’hypothèse.

L’estimation du PIB 2011 a été revue à la hausse a posteriori (en 2013), et celle de 2013 ne pourra être réévaluée qu’en 2015. Est-ce à dire que la visibilité que l’on a actuellement de la situation économique de l’Allemagne est insuffisante, et que le court terme empêche de distinguer une croissance à la hausse qui serait en train de se profiler ?

L’Office fédéral des statistiques revoit régulièrement ses prévisions. C’est une chose normale, qui peut être regrettable pour ceux qui utilisent les statistiques de tous genres, et notamment allemandes, mais derrière se cache un grand souci d’authenticité. Les statistiques sont difficiles à collecter, éparpillées dans différents départements, et pour qu’elles soient réellement fiables, il faut le temps de les rassembler et de les vérifier. On ne peut donc pas incriminer le calcul de l’Office fédéral des statistiques allemand, tout simplement parce que les calculs définitifs tombent un ou deux ans après les prévisions.

Théoriquement, le PIB de 2013 peut aussi bien augmenter que baisser. Ceci dit, toute une série d’indicateurs montrent que l’économie allemande est foncièrement solide et « tourne bien ». Mais nous nous trouvons dans la période des prévisions, et non dans celle des statistiques, par conséquent il est difficile de chiffrer.

Le salaire horaire moyen serait en hausse de 2 % en 2012-2013, contre 1 % ou moins avant la crise, et le nombre d’embauches serait en train d’augmenter. La tendance est-elle favorable à une hausse de la consommation intérieure ?

L’année 2014 s’ouvre sur une série de négociations tarifaires, dont on ne connaît pas encore les résultats. Néanmoins la période de vache maigre dont nous sortons laisse supposer que les hausses seront confortables. La branche de la chimie a récemment conclu des hausses de plus de 3 %, et d'autres devraient également intervenir dans des secteurs plus restreints, où le salaire horaire était inférieur aux 8,50 euros du salaire minimum à venir. Les hausses de salaires sont donc certaines – sans qu’on puisse encore les chiffrer -, et le pouvoir d’achat va logiquement augmenter.

Mécaniquement, comment l’Allemagne peut-elle entraîner à sa suite les autres membres de L’Union européenne ?

Si le moteur allemand tourne, c’est l’ensemble de la zone euro qui obtient de meilleures performances : ses entreprises achètent des produits en France et ailleurs, ce qui active la mobilité économique au sein de l’UE. Mais ce n’est pas suffisant. Si l’Allemagne peut faire quelque chose d’utile, c’est bien donner l’exemple en matière de réduction des déficits et de la dette. Il ne faut surtout pas qu’elle fasse marche arrière, notamment en ce qui concerne la réforme de la protection sociale. Elle doit inciter par l’exemple ses partenaires à respecter les termes des contrats et traités budgétaires. Pour l’instant la seule instance qui tire la zone euro vers le haut, c’est la Banque centrale européenne. Or la crise est le fruit de politiques gouvernementales.

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