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Mario Draghi, président de la BCE.
Mario Draghi, président de la BCE.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

L’événement le plus attendu par les milieux d’affaires en Europe en ce début d’année aura lieu jeudi après-midi avec la réunion du conseil de la Banque Centrale Européenne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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A priori, ni le président de la BCE, Mario Draghi, ni les membres du conseil monétaire n’ont donné les signes d’un changement imminent. En général, lorsque la banque annonce un changement de taux d’intérêt, par exemple, (ce qui est un évènement majeur) le président et les personnalités membres du conseil préparent le terrain en distillant quelques informations qui préviennent les marchés d’une prochaine décision. 

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Ce début d’année n’a été précédé d’aucun signe notoire. Au contraire, Mario Draghi a même donné beaucoup de gages aux conservateurs Allemands qui le critiquaient pour ses tentations laxistes. C’est ainsi qu'il a, une fois de plus, réclamé en décembre que la France prenne en main ses problèmes de compétitivité et de déséquilibre budgétaire.

Il n’y aura donc pas de nouvelle baisse des taux d’intérêt qui sont déjà considérés comme très bas. On ne peut d’ailleurs pas descendre les taux beaucoup plus bas sauf à tenter l’expérience de taux négatifs, ce qui aurait un effet contraire à celui que l'on recherche. Les acteurs de l’économie fuiraient ainsi la monnaie sans valeur.

La seule chose que le conseil peut rappeler jeudi, c’est que les pays qui n’ont pas fait les efforts de restructuration doivent y passer. Pour la BCE, la France serait le seul pays de la zone euro à ne pas avoir entrepris des réformes. Comme le président de la République a promis qu’il allait le faire, Mario Draghi peut se payer le culot de s’en féliciter publiquement jeudi en commentant les non-décisions.

Au-delà de ces commentaires convenus, il peut se passer quelque chose autrement plus important. Les banquiers, les assureurs, la direction du trésor à Paris et la Commission de Bruxelles s’attendent à ce que Mario Draghi annonce que la BCE procède, dans les deux mois, à des rachats massifs de titres si la croissance européenne venait à piquer du nez comme on le craint de plus en plus.

En clair, cela signifie que si, à la fin du mois, la croissance européenne tombait à moins de 2% annuel en zone euro, la BCE pourrait se lancer dans un vaste programme de quantitative easing. C’est-à-dire un rachat de titre qui lui permettrait de créer en contrepartie des liquidités qu’elle mettrait ainsi en circulation : le faible taux d’inflation le lui permet.

C’est une logique de création monétaire largement utilisée par la FED, réclamée en Europe par les grandes banques françaises, espagnoles et italiennes pour soutenir la croissance mais refusée jusqu’alors par les Allemands. Le fait nouveau et la presse allemande s’en est fait l’écho, c’est que les grandes banques allemandes ont donné un feu vert en cas de panne de croissance dans la zone euro.

Le signal est très technique mais très important pour les acteurs de marché. Le changement de ton du président de la République française annonçant un alignement de la politique française sur les modèles d’offre, pourrait ne pas être totalement étranger à ce revirement. Il est évident que pour les Allemands, un revirement de la politique française allègerait les risques pour l’ensemble de la zone euro, à un moment où les risques de planter la reprise sont sérieux. Le premier actionnaire de la banque centrale ne peut pas en être indiffèrent. Encore faut-il que la France passe aux actes.

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