Qui sont les dépressifs de Noël ? <!-- --> | Atlantico.fr
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De plus en plus de personnes souffrent de dépression au moment de Noël.
De plus en plus de personnes souffrent de dépression au moment de Noël.
©Reuters

Au fond des chaussettes

Les fêtes de Noël sont souvent propices à la résurgence de souvenirs douloureux et à l'exacerbation de problèmes personnels. La dépression qui peut en résulter n'est pas différente, dans sa manifestation, des autres états dépressifs. Bien que le phénomène soit de plus en plus fréquent, notamment chez les personnes âgées et les hommes veufs, des solutions simples existent.

David Gourion

David Gourion

David Gourion est médecin psychiatre à Paris. Il est l'auteur avec le Pr Henri Loo de Guérir de la dépression : Les nuits de l'âme (Odile Jacob) et de Le meilleur de soi-même: empathie, attachement et personnalité (Odile Jacob).

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Atlantico: Certaines personnes connaissent des épisodes dépressifs, tout particulièrement au moment des fêtes de Noël. Y-a-t-il des profils plus sujets que d'autres à entrer en dépression au moment de Noël ? 

David Gourion: La période de Noël est une période bien particulière ; paradoxalement, alors qu'il s'agit de la plus belle fête de l'année, elle correspond parfois, pour certains d'entre nous, à une période douloureuse, notamment lorsque nous avons perdu des proches, ou que nous sommes seuls. C'est le cas en particulier chez les personnes dépressives, qui voient parfois leur état s'aggraver. L'isolement, l'âge, la maladie, les difficultés économiques, socio-professionnelles, les tensions familiales et de couple sont alors ressenties de façon exacerbée.

Qu'est-ce qui est à l'origine de ces épisodes dépressifs au moment des fêtes ? 

Il a été montré que d'un point de vue neuropsychologique, la mémoire à long terme fonctionne différemment durant une dépression. Le cerveau a alors plus tendance à faire resurgir les souvenirs douloureux ou bien à attribuer des émotions négatives à ces souvenirs. Comme dans un vieil album photo, chaque fin d'année vient rappeler le souvenir des Noël passés, heureux ou malheureux, et notre mémoire fait resurgir, souvent de façon non consciente, des émotions passées et des souvenirs révolus.

Ajoutons à cela qu'il existe un pic de dépression hivernale du fait de la baisse de la luminosité et du raccourcissement des journées. Notre organisme a, durant cette période, naturellement tendance à ralentir son métabolisme ; l'appétit augmente, le sommeil est plus lourd, le moral et l'énergie diminuent. 

Comment s'exprime, chez ces personnes, cette dépression liée aux fêtes de Noël ? 

Les patients décrivent un sentiment d'oppression diffuse, de regrets, de gâchis. Ils évoquent les souvenirs d'enfance, les vieilles blessures, ce qui leur semble inaccompli dans leur existence.En réalité, ces états dépressifs ne sont pas très différents des autres dépressions dans leur expression: ils se caractérisent par un sentiment de tristesse, de perte du plaisir et des envies, des troubles du sommeil, de fatigue et d'insomnie. Il peut exister des idées morbides, un sentiment de déréliction et des envies de mourir.

S'agit-il d'un phénomène dont nous sous-estimons l'ampleur, notamment au sein de la population française ? 

Rappelons que le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes, et qu'une personne sur cinq expérimentera au cours de sa vie une dépression. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la dépression est au second rang des maladies les plus coûteuses pour les sociétés occidentales (années de vie perdues par suicide, journées d'arrêt de travail, perte de productivité...). Par ailleurs, le vieillissement de la population française, ajouté à la distension des liens familiaux, fait que de nombreuses personnes âgées passent les fêtes seules. Or ces dernières sont particulièrement sensibles à la dépression, notamment les hommes veufs.

Comment remédier à cet état dépressif au moment de Noël ?

S'il s'agit d'un véritable état dépressif, il faut se faire soigner : le médecin généraliste et le psychiatre sont là pour diagnostiquer et établir un programme de soins. De façon plus globale, la relation sociale est un facteur protecteur : nous sommes, comme tous les mammifères, des êtres qui supportons mal la solitude ! N'hésitons pas, si nous connaissons des personnes seules et malheureuses, à prendre de leurs nouvelles, à les solliciter, à leur parler, et pourquoi pas, à les inviter à notre table.

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