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Twitter en Bourse ou comment passer du placement à l'arnaque
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

L’introduction en bourse de Twitter a donné le spectacle d’une folie spéculative qui pourrait tourner à l’arnaque de l’année. Ce qui s’est passé hier à Wall Street est invraisemblable. La société mise en vente officiellement à 26 dollars l’action s’est arrachée dans la journée jusqu’à 50 dollars, soit en moyenne 80 % plus cher que le prix estimé par les analystes financiers.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Sur la base de 26 dollars l’action, Twitter a donc été évalué 14 milliards de dollars. Une fois coté, elle a été achetée sur la base d’un prix supérieur à 25 milliards de dollars ! Mais qu’est-ce que cache Twitter pour être payée si cher ? Une mine d’or ? Une caserne d’Ali Baba ou un Apple bis qui aurait pris un pseudonyme ? Non, Twitter ce n’est rien de tout cela.

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Twitter, c’est un réseau social fondé sur l’idée que la communication entre les humains doit être rapide, condensée et directe. C’est un lien social mondialisé et accessible à tous. Comme Google qui, (au départ) redistribue la connaissance, comme Facebook dont la vocation était (au départ) de briser l’isolement et de trouver des amis. Dans les deux cas, l’immense succès populaire s’est accompagné très vite d’un succès économique et financier Chez Twitter, le succès d’audience ne vaut pas de surestimer ainsi la valeur. Le marché a toujours raison, à terme, certes, mais dans l’immédiat le marché se trompe. Ou alors il est manipulé pour tromper les gogos du digital.

Twitter c’est 232 millions d’utilisateurs. Super. Twitter c’est 500 millions de dollars de chiffre d’affaires. Encore Super. Mais Twitter c’est 150 millions de pertes. Avec peu d’espoirs de redresser la barre d’ici peu. Alors Facebook et Google sont immensément chères mais ils gagnent de l’argent, et de plus en plus. Twitter a été payé par les investisseurs et les épargnants sur la base de 50 fois son chiffre d’affaires. C’est du jamais vu !

Les puristes du marché vont nous expliquer que Wall Street à beaucoup de mal à estimer la valeur des sociétés internet. Ca ne date pas de Twitter. Facebook avait connu une mésaventure inverse au moment de son introduction, la valeur a été assez vite ajustée. Les praticiens du marché savent eux que le battage et la mode on drainé vers cette valeur des millions d’utilisateurs convaincus de faire une bonne affaire. Les seuls qui ont fait une bonne affaire hier, ce sont les banques et les opérateurs qui avaient préacheté à 26 dollars l’action et qui ont remis sur le marché une partie de leurs titres à 50 dollars. Les gros ont gagné sur les petits. Belle opération mais c’est le jeu.

Pour l’heure, cette affaire sent l’arnaque de marché. Ceux qui ont acheté leremier jour ne perdront pas leurs investissements si, et seulement si, les titres ne chutent pas et continuent de monter. Mais ils ne monteront que si, et seulement si, Twitter se met à gagner de l’argent. Or, cette perspective n’est pas évidente. Pour que l’actionnaire qui a explosé les compteurs le jour de l’ouverture ne soit pas ruiné, il faut que l’entreprise Twitter gagne trois paris. 

Le premier pari, c’est de réussir à monétiser le succès d’audience. Comment attirer les publicitaires sur le réseau ? Les dirigeants de Twitter n’ont pas trouvé le modèle. D’où les pertes. Le deuxième pari sera de se développer géographiquement dans le monde et de se diversifier notamment dans la télévision. Les applications vidéo offrent un modèle publicitaire beaucoup plus facile à équilibrer. Le troisième pari sera de résister à la concurrence et de ne pas se faire manger par Facebook, Google et les autres réseaux. 

Sur ces trois dossiers, les dirigeants fondateurs de Twitter n’ont pas apporté de réponse. Ils les apportent et l’investissement Twitter sera l’affaire du siècle. Ils échouent et l’investissement Twitter sera le fiasco de l’année.

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