Novembre 2013 : une France gravement apaisée de tous les côtés <!-- --> | Atlantico.fr
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Un bonnet rouge, symbole de la révolte bretonne.
Un bonnet rouge, symbole de la révolte bretonne.
©Reuters

Merci François

Alors que le quinquennat de François Hollande devait être une période d'apaisement, par contraste avec les "années sombres" du sarkozysme, les mouvements de contestation populaire ont rarement été aussi intenses.

Hash H16

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H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Après les terribles années Sarkozy qui virent la France frôler plusieurs fois les heures les plus sombres de son Histoire avec de vrais morceaux de Bête Immonde dedans, François Hollande nous avait promis une France apaisée avec des heures claires et ensoleillées après dissipation des brumes et brouillards matinaux. Manque de chance : les mois passent, le brouillard s’installe, et la France ne s’apaise pas des masses.

Et si l’on se contentait de regarder les courbes de popularité du président pédalo-flambyste, on verrait déjà que le pauvre n’arrête pas de chuter. C’est, certes, une popularité qui chute sans arrêt de 25 % à 25 %, de mois en mois, mais au moins, tous les journaux s’accordent pour dire qu’elle chute bel et bien ; les instituts de sondages doivent avoir des calculs de redressement particulièrement cocasses pour en arriver toujours à ce résultat.

Le seul souci est qu’en face de cette impopularité décidément croissante, il y a aussi des faits objectifs qui étayent la thèse de la grosse tempête citoyenne et de la prochaine branlée électorale de magnitude 9 qui se profile gentiment, sinon aux municipales, au moins aux Européennes qui serviront de défouloir national. Et ces faits n’ont même pas le bon goût de se concentrer sur une seule région française ou une seule catégorie de professionnels…

Bien évidemment, on retrouve, largement en tête des préoccupations du moment, la révolte des Bonnets-Rouges bretons, qui agace de plus en plus visiblement le pouvoir par l’absence de marge de manœuvre qu’elle lui accorde. L’analyse politique du mouvement par les classes jacassantes actuelles (politiciens et journaleux) laisse d’ailleurs pantois : là où de traditionnelles mouvements syndicalistes sont immédiatement récupérés, cette révolte échappe aux canons habituels et force les chroniqueurs semi-habiles, douillettement acquis à la cause gouvernementale, à des amalgames aussi ridicules que grandioses (qui avec une extrême-droite quenello-dieudonesque, qui avec une droite conservatrice manifpourtoussienne, qui avec les méchants patrons) qui en disent long sur l’épaisseur de la purée idéologique qui occupe le vaste espace qu’ils ont entre les oreilles.

Et pendant que le gouvernement tente d’amadouer les Bonnets-Rouges avec toute la subtilité qui le caractérise, une partie de plus en plus importante de la population ne reste pas là, les bras croisés, à attendre.

C’est ainsi qu’on apprend queles routiers vont organiser une action au bord de tous les portiques Ecomouv’ du territoire le 16 novembre prochain (un samedi). Et les routiers ne sont pas réputés pour leur tendresse lorsqu’il s’agit de paralyser un pays.

De leur côté, les associations d’usagers des chemins de fer lancent à leur tour une pétition pour protester contre la récente hausse de TVA dans les transports, hausse qui va manifestement pénaliser des millions de personnes, notamment celles qui sont éco-compatibles et qui ont renoncé à leurs voitures (les pauvres) pour s’adonner aux plaisirs des trains SNCF (les pauvres) aux horaires cadencés (les pauvres) comme des coucous suisses. Pour le moment, ces Bonnets Verts entendent rester pacifiques. Nous verrons.

On apprend de même que les vétérinaires protestent de plus en plus fort, au point de mener une journée de grève, contre la pas-assez-discrète tentative de les forcer à passer par des pharmaciens pour leur usage d’antibiotiques. Cela fait en effet des années que ces pharmaciens tentent, par un lobbying constant, de récupérer aussi ce marché-là. Les manœuvres de Marisol Touraine, qui tendaient à donner gain de cause aux pharmaciens, ont réussi à fédérer les vétérinaires et à les faire débouler à Paris en Novembre. Pas de doute, ce gouvernement est assez fort.

Et on devra garder aussi un œil sur les centres équestres dont le récent changement de régime de TVA (eh oui, c’est la taxe reine, que voulez-vous) pousse certaines entreprises au bord du dépôt de bilan. Pour le moment, on ne parle pas encore d’une fédération des différents mouvements entamés en région mais il semble inévitable que dans un futur proche, ces centres voudront montrer, eux aussi, leur force de mobilisation au gouvernement qui semble pour le moment bien trop préoccupé avec deux journalistes tués dans un pays où la France n’est plus puissance coloniale depuis 1960 (mais qui va nous coûter fort cher cette année).

Enfin, la fronde menée par les Tondus, les patrons contre les charges sociales exorbitantes, se traduira par une action, le 11 novembre prochain, devant les mairies et préfectures pour réclamer rien moins que la démission de Hollande.

Bref, comme on peut le voir, la France est assez violemment apaisée du Nord au Sud et d’Est en Ouest. C’est une franche réussite puisqu’en même pas deux années, l’excuse molle qui nous sert de président et les branleurs incompétents qu’on a fichus au gouvernement auront réussi le pari de se mettre à dos à peu près tout le monde, y compris au coeur de leur électorat.

Certes, pour le moment, il n’y a pas fédération de ces différents mouvements disparates. Mais très clairement, s’ils sont tous différents, ils ont tous plusieurs points communs qui suffiraient largement à justifier ce regroupement :

- Tous sont essentiellement des mouvements d’individus qui travaillent, et pour certains dont l’entreprise ou le salaire en fin de mois dépend ultimement de leur capacité à trouver des clients ou à répondre à une demande du marché. On n’est pas ici dans des revendications de fonctionnaires ou de retraités.

- Ce sont, de plus, des mouvements que les syndicats traditionnels ont du mal, voire n’arrivent pas du tout à gérer. Bien sûr, on peut, comme les rigolos dont j’ai parlé quelques paragraphes au-dessus, imaginer que tous ces mouvements sont en réalité pilotés soit par des méchants fachistes, des droitards assoiffés de revanche après la déculotté méritée de mai 2012, ou des myriades de patrons ourdissant un complot capitaliste drôlement bien troussé. La réalité est à l’évidence un peu plus complexe et échappe aux revendications purement catégorielles, traditionnelles et syndicales.

- Mais surtout, tous ces mouvements sont mus, à la base, par un constat, effrayant par la mobilisation qu’il engendre : le ras-le-bol fiscal, ce fameux ras-le-bol que tant ne veulent pas voir, ne pas admettre, eh bien, le voilà, devant vous.

Rendons-nous à l’évidence : les socialistes de droite et de gauche ont, pendant les 40 dernières années, mis la France en coupe réglée. Elle est à l’asphyxie, et le peuple qui paye pour les cocktails, les petit-fours, les filles accortes et les voitures aux vitres fumées en a … ras-le-bol. Messieurs, mesdames, il va falloir couper, il va falloir trancher, il va falloir faire des économies, des vraies.

Sinon, c’est le peuple qui coupera, qui tranchera et fera l’économie de vous expliquer poliment comment faire.

Cet article a été initialement publié sur le blog de Hashtable

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