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Une plate-forme nationale de cours en ligne doit être bientôt lancée.
Une plate-forme nationale de cours en ligne doit être bientôt lancée.
©Reuters

MOOC

La France vient de lancer une plateforme de cours en ligne grand public. Il sera possible de s'inscrire à partir du 28 octobre et les premiers cours virtuels seront donnés en janvier.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Atlantico : Une plate-forme nationale de cours en ligne ouverts et massifs (Massive Open Online Courses, MOOC) rassemblant l’ensemble des contenus des cours universitaires français doit être lancée fin octobre. Les étudiants français et internationaux auront ainsi accès où qu’ils soient aux cours de l’enseignement supérieur. Pour autant, le support numérique suffit-il à délivrer un savoir ? D’autres facteurs essentiels à l’apprentissage et ne pouvant être remplacés entrent-ils en ligne de compte ?

Erwan Le Noan : Les MOOCs sont nés il y a maintenant deux ans aux Etats-Unis, lorsque l’université de Stanfort a mis ses cours en ligne et permis à des étudiants du monde entier (plusieurs millions) de valider des parcours universitaires, sur leur ordinateur, depuis chez eux. Le phénomène s’est rapidement développé, à travers des plateformes comme Udacity, Coursera ou EdX.

En France, c’est avec un peu de retard et, assez significativement, sous la coupe du Gouvernement, que le projet se met en place – même s’il existe des réussites en dehors de ce champ administratif, comme OpenClassrooms. Ces sites sont plus qu’une mode passagère. Ils sont annonciateurs de l’effet disruptif du numérique dans l’éducation, sans que l’on sache bien à quoi il conduira.

Un long article récent de Politico a clairement montré les limites des Moocs : le taux d’abandon y serait très fort et les enseignements pas adaptés aux élèves en difficulté. En soit, il n’y a là rien de très original ni de très conclusif. D’abord, parce que les cours en ligne ne remplaceront pas les enseignants, qui apportent (quand ils sont bien formés) des compétences pédagogiques fortes. Mais les sites qui distribuent des cours d’amphi non personnalisés en ligne ne prétendent pas remplacer les profs. Ensuite, il est difficile de tirer des conclusions définitives de ces échecs parce que les Moocs ne sont que les débuts de l’enseignement en ligne et ils n’en représentent pas l’intégralité.

Cette initiative pose la question de la démocratisation de l’accès au savoir : le fait que des informations soient à portée de quelques clics permet-il pour autant à un plus grand nombre de personnes de se cultiver, ou de s'améliorer dans certains domaines ? Google et Wikipédia, pour ne citer qu’eux, ont-ils été un facteur d’amélioration dans le champ de l'acquisition du savoir ?

Internet est incontestablement un facteur de diffusion du savoir. Aujourd’hui, les étudiants par exemple (mais c’est valable pour tout le monde) ont accès à des milliers de base de données qui leur permettent de consulter des millions de documents. Pour un travail, ils peuvent consulter leur bibliothèque mais aussi celles d’autres universités, lire des revues dans une autre langue éditées dans un autre pays et les compléter par des conférences en ligne (type Ted).  Il y a quelques années, c’était à peine imaginable.

Internet, c’est aussi un accès physique plus rapide et efficace à la culture. Prenez l’exemple d’Amazon : en une recherche et un clic, vous pouvez recevoir un livre édité à l’autre bout du monde directement dans votre boîte aux lettres !

Bien sûr, il y a des esprits chagrins qui s’inquiètent : les gens sont-ils assez intelligents pour faire le tri entre les informations fiables et les autres ? ; internet diffuse aussi beaucoup de fausses informations, difficilement interprétables, qui transforment rapidement une petite quinte de toux en un cancer de la gorge au stade avancé. Mais, il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles : ils apprennent à trier. Sinon, autant revenir avant l’imprimerie.

Le numérique peut-il vraiment gommer la barrière de l’accès au savoir qu’est le milieu social ? Élèves et étudiants partiront-ils tous un jour sur un pied d’égalité ?

Le numérique n’est qu’un outil, au service de pédagogies, de politiques éducatives… Il n’apportera pas, à lui seul, la réponse à tous les malheurs du monde ni à tous les besoins des élèves. Cependant, on peut relever que la Khan Academy, par exemple, permet de diffuser le savoir et aide des élèves en difficulté à mieux comprendre leurs cours. Ou que les outils éducatifs développés par Apple ou Microsoft permettent de mieux suivre les élèves. Il est probablement illusoire de croire qu’un élève (bon ou en difficulté) seul devant son ordinateur pourra, grâce au numérique, devenir excellent par lui-même. Le numérique est là pour accompagner, pas pour remplacer.

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