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La gauche pourra-t-elle survivre à Leonarda ?
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Dommage collatéral

Alors que l'affaire Leonarda exacerbe les divergences d'opinions au sein de la majorité, François Hollande risque d'être obligé de clarifier sa politique sur l'immigration.

François  d'Orcival

François d'Orcival

François d'Orcival est journaliste. Il est président du Comité éditorial et membre du Conseil de surveillance de l'hebdomadaire Valeurs actuelles.

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Altantico : La majorité se déchire autour de la question de l'expulsion de Leonarda, tandis que Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble des acteurs d’extrême gauche appellent publiquement les Français à une manifestation populaire massive. Même s'il a préféré la synthèse dans cette affaire, François Hollande peut-il éviter les fractures irrattrapables au sein de la gauche de gouvernement ? 

François D'Orcival : François Hollande n'a pas tranché dans le débat qui a opposé Manuel Valls à Christiane Taubira à propos du projet de réforme pénale - il a laissé présenter le projet en conseil des ministres tout en repoussant sa discussion après les élections municipales. Nous ne saurons pas quelle est la conviction du président de la République, mais cela lui permet de conserver auprès de lui tant son ministre de l'Intérieur que la garde des Sceaux. Il n'a pas tranché non plus entre Manuel Valls et Cécile Duflot à propos de la polémique sur les Roms ; il a seulement fait dire qu'il avait soutenu en privé le ministre de l'Intérieur tout en comprenant en public la ministre verte, et en leur demandant en conseil des ministres de cesser leurs disputes.

Allait-il pouvoir éviter de trancher dans l'affaire "Léonarda" ? L'enquête administrative pouvait lui fournir des arguments pour choisir l'une ou l'autre des solutions - soit rejeter le retour de la famille de la collégienne, soit au contraire la faire revenir en France. Pour éviter de mettre en cause le ministre, il pouvait désigner le préfet et le limoger. Mais, politiquement, cela ressemblait à une esquive. Et surtout, cela lui laissait un ministre de l'Intérieur en opposition frontale avec toute la gauche de sa gauche. Est-ce tenable jusqu'aux municipales ?

Dans quelle mesure Manuel Valls peut-il continuer à cohabiter avec Cécile Duflot dont le parti a dénoncé une faute et une méthode intolérable au sujet de Leonarda ?

Il est clair que Cécile Duflot a pu trouver dans l'affaire de la collégienne un argument de plus pour condamner la politique de Valls, alors qu'elle aurait du se tenir à la discipline qu'avait exigée d'elle François Hollande en conseil des ministres. Si elle manifeste dans la rue aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, pourra-t-elle durablement rester au gouvernement ? Cela devient de plus en plus improbable. Mais à quelle échéance et à quel prix ? Elle ouvrirait une crise politique de plus. Une vraie celle-là puisqu'elle toucherait directement la composition du gouvernement et celle de la majorité (déjà amputée pour le vote sur la réforme des retraites). Si ce devait être Manuel Valls, ce serait tout aussi dommageable pour l'équilibre gouvernemental. La crise est à nos portes.

Combien de temps la gauche peut-elle continuer à être dans l'évitement et l'hypocrisie sur les enjeux posés par l'immigration en France ?

La perspective est d'abord celle des municipales. Les questions de société, de sécurité, d'immigration, vont dominer les sujets de campagne - parce que ce sont des sujets de terrain (le mariage en mairie, les camps de Roms, les cambriolages, la délinquance, etc). L'élection du Front national à Brignoles en a été la démonstration. Or, les socialistes sont terrorisés à l'idée d'une vaste défaite aux municipales. Il serait étonnant qu'ils multiplient les camps de Roms durant les semaines qui viennent; quant à avoir une politique claire concernant l'immigration, ils n'en ont jamais eue, ce n'est pas maintenant qu'ils vont sortir de leur ambiguïté. En même temps, comme dit Jean-Pierre Chevènement, le "sans-papierisme" a ses limites. Tout nous confirme que les six mois à venir vont être secoués.

Propos recueillis par @SachaConrard

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