Taxer pour mieux finir par subventionner : la schizophrénie fiscale d'un gouvernement sans boussole<!-- --> | Atlantico.fr
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"La dépense publique demeure le socle de la politique officielle et la quête des économies reste confinée aux oubliettes."
"La dépense publique demeure le socle de la politique officielle et la quête des économies reste confinée aux oubliettes."
©wikipédia

Éditorial

Le gouvernement n’a toujours pas trouvé le bon discours parce qu’il ne sait pas où il va, tiraillé entre les pôles moderniste et archaïque du Parti socialiste.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Jamais dans les annales de la cinquième République les débats sur la fiscalité n’ont atteint un tel niveau d’incohérence. Chaque jour, l’administration de Bercy sécrète de nouveaux prélèvements qui sont lancés sur la place publique sans la moindre étude préalable, mettant le Parlement devant le fait accompli. On assiste à une véritable frénésie, qui donne le tournis aux spécialistes devant tant d’amateurisme. Heureusement, bon nombre des idées saugrenues qui émergent d’une administration qui cherche par tous les moyens à racler les fonds de tiroir pour générer une recette qui se dérobe sont remises en cause et disparaissent parfois aussi vite qu’elles ont été émises en raison de leur incapacité à résoudre les problèmes. Mais elles traduisent bien le désarroi du pouvoir.

On agit au coup par coup pour boucher successivement les trous qui se creusent car la machine à redistribuer continue de fonctionner sans relâche. On veut par exemple donner maintenant une indemnité aux jeunes sans travail, on lance une nouvelle usine à gaz pour gagner des points de retraite en fonction de la notion difficile à définir de la pénibilité, etc.

La dépense publique demeure le socle de la politique officielle et la quête des économies reste confinée aux oubliettes. Depuis trois ans, quatre-vingt quatre impôts ou taxes ont vu le jour, la droite étant aussi responsable que la gauche de cette diarrhée fiscale avalisée par des parlementaires qui ont fait leur cette devise : "je dépense, donc je suis".

Avec les entreprises, c’est le grand écart permanent et l’incapacité de fixer une ligne de conduite claire. Depuis peu, on avait cru déceler un discours plus favorable envers ceux qui assurent la bonne marche de l’économie ; mais, au moindre incident, affolé par son audace, le pouvoir fait volte-face pour ne pas être accusé par sa base de collusion avec les patrons.

D’un côté, il déploie un crédit d’impôt recherche, de l’autre il invente une nouvelle taxe qui réduirait encore les marges déjà maigres des entreprises. D’un côté, il subventionne, de l’autre, il ponctionne. Le gouvernement n’a toujours pas trouvé le bon discours parce qu’il ne sait pas où il va, tiraillé entre l’aile moderniste du parti socialiste, la moins nombreuse, qui comprend la nécessité d’adapter le pays à son temps et les archaïques du parti, qui ont une génération au moins de retard sur leurs camarades allemands ou britanniques et restent obnubilés par l’idéologie de la lutte des classes.

Ce serait au chef de l’Etat de déciller les yeux de ses partisans plutôt que de s’enfermer dans une stratégie qui rappelle les jeux de la quatrième République dont on connaît le destin peu glorieux. Il se contente pourtant d’élaborer des scénarios lointains pour 2035 en se réfugiant dans le conservatisme le plus étroit des situations acquises dans l’immédiat, dans l’espoir chimérique que la reprise mondiale permettra de faire l’économie d’une réforme en France. Ce n’est pourtant pas l’avis d’une opinion de plus en plus exaspérée par l’inaction de ses dirigeants, comme en témoigne des sondages désastreux pour les têtes de l’exécutif avant les manifestations plus concrètes que fourniront les urnes dès le printemps prochain.

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