Sommet franco-italien : les cabris sautent sur Rome<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Sommet franco-italien : 
les cabris sautent sur Rome
©

Zone franche

Mardi à Rome, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont sauté sur leurs chaises en maudissant « l'Europe, l'Europe, l'Europe ».

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Franchement, on se demande comment ces deux-là ont pu se disputer…  Réunis à Rome pour un sommet franco-italien, le 29e du genre, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont fait la preuve d’une formidable communauté de pensée ! A défaut d’une communauté européenne, ça faisait plaisir à voir…

Le président français ne veut d'ailleurs plus, comme la semaine dernière, punir son voisin indélicat en escamotant « Schengen », la convention permettant à tout un chacun de circuler les mains dans les poches de Séville à Varsovie.

Non, c’était un terrible malentendu et il ne parle désormais que de « la renforcer », la fameuse convention. Promis. « Les tensions qui sont apparues il y a quelques jours n'avaient pas lieu d'être », en a même profité pour susurrer le futur papa d’un bébé à double-nationalité en dressant la liste des projets communs à Rome et Paris : « l'Italie, pour nous, c'est plus que l'Europe : c'est un pays frère ».

De fait, à bien y regarder, les dispositifs de sauvegarde que les deux leaders prévoient aujourd'hui d'intégrer aux textes régissant les déplacements à l’intérieur de l’Union existent déjà. Mais l’Europe, c’est un peu comme la France en plus grand : lorsqu’une crise médiatique survient, rien ne vaut une nouvelle loi (ou au moins quelque chose qui ressemble à une nouvelle loi).

Ainsi, la possibilité temporaire de protéger l’ordre public dans un pays donné par le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures est clairement inscrite noir sur blanc, en italien, en français et en sept autres idiomes, dans le traité de Lisbonne (articles 72, 73 et 78). Mais peut-être est-il temps de la reformuler dans un style plus moderne...

Bon, concernant l’augmentation des moyens de Frontex, l’agence qui gère les frontières extérieures, c’est un poil plus compliqué puisqu’il faut tout de même en toucher un mot aux copains et qu’on ne peut pas constamment dire n’importe quoi. Pas grave : sur ce point, Silvio et Nico se sont bornés à déclarer qu’ils « y travailleraient ensemble ». Ça ne mange pas de pain et ça fait toujours plaisir.

Incidemment, les ministres de l’Intérieur de l’UE se réunissent le 12 mai prochain pour en débattre pour de bon, ce qui ne doit pas leur avoir échappé…

Mardi à Rome, Sarkozy et Berlusconi ont surtout décidé de faire de l'œil à leurs extrémistes respectifs en sautant sur leurs chaises comme deux cabris et en maudissant l’Europe. Ce genre de comportement, c’était tout de même plus rigolo à l’époque du général. Et moins dangereux.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !