Portrait de 5 villes qui sont parvenues à vaincre une violence endémique : l'exemple de New York <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Portrait de 5 villes qui sont parvenues à vaincre une violence endémique : l'exemple de New York
©La-tempete.fr

Petits conseils pour Marseille

Selon un rapport du département de police de New York, la ville a célébré en 2013 un record historiquement bas du nombre de meurtres. En 12 ans, le taux de criminalité de la grosse pomme a chuté de 78,87 %. Si la ville du crime est passée à un tel niveau de sécurité, c'est grâce à une politique pragmatique de reconquête de l'espace public. Premier épisode de notre série.

Alain Bauer

Alain Bauer

Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers, New York et Shanghai. Il est responsable du pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises (PSDR3C).
Voir la bio »

Atlantico : Entre 1990 et 2012, le taux de criminalité global de New York a baissé de 78,87% (voir ici). De 2.262 meurtres en 1990, on est passé à 417 en 2012. Quel a été l’élément déterminant de cette baisse ininterrompue ?

Alain Bauer :Il s'agit sans aucun doute de la volonté du maire démocrate Dinkins et surtout de son successeur le républicain Giuliani de mettre fin à la crise criminelle qui avait commencé à la fin des années 1970 et failli ruiner la ville. Signalons aussi l'arrivée de William Bratton comme chef de la police. Avec Rudolph Giuliani, ils ont apporté une culture pragmatique de l'action policière sur le terrain, de la reconquête d'abord du métro puis de la voie publique, enfin de l'usage de nouvelles techniques d'analyse comme le Compstat, qui n'est pas seulement un outil informatique et statistique, mais une méthode de confrontation des problèmes et des solutions

A lire également dans la série des 5 villes qui sont parvenues à vaincre une violence endémique :

>>>L'exemple de Los Angeles

>>>L'exemple de Rio de Janeiro

De quelle nature était cette criminalité ? Tous les crimes et délits étaient-ils le fait d'une même population ?

La forte présence de vieilles mafias (les cinq familles) italiennes ou irlandaises avait tenu la ville pendant longtemps. Leur affaiblissement avait laissé de l'espace à des groupes venus de la Jamaïque, de Cuba, du Vietnam, puis du Mexique et d'Amérique centrale qui n'avaient pas la même culture ni la même patience.

Comment ce climat de violence s'était-il instauré ? Quels en étaient les facteurs ?

L'affaiblissement des services publics de la ville de New York, en quasi faillite en 1974, un sentiment d'abandon de certains quartiers déshérités (Bronx, Brooklyn, Harlem,..), une hémorragie des classes moyennes face à la dégradation des conditions de vie. Une police concentrée sur le visible et une justice dénoncée par sa "compréhension" face aux criminels. Un cocktail qui a amené la ville au palmarès de l'insécurité, notamment pour les viols et les homicides.

Quels moyens ont été déployés pour endiguer le taux de criminalité à tous les niveaux ? La solution était-elle uniquement policière ?

L'idée première a été de reconquérir le métro, en s'attaquant à la fraude et en faisant tomber les peines conditionnelles sur la base du délit d'usage des transports sans titre. Puis d'obtenir des peines très lourdes. Enfin, il s'est agi de réorganiser la police sur des objectifs spécifiques à partir d'analyses de terrain très fines. La mise en place de l'outil et des réunions Compstat. Et des initiatives prises par Ray Kelly, le chef du NYPD après 2001 et David Cohen, le responsable du renseignement, qui ont accentué le rythme de réduction de la criminalité enregistrée.

La situation est-elle durablement apaisée, ou des pics de violence pourraient-ils réapparaître ?

Il y a toujours un risque et chaque année on s'attend à trouver un pallier. Mais pour l'instant les risques sont faibles.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !