Que penser des études qui montrent qu’on pourrait être obèse et en bonne santé ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le poids en lui seul ne peut en aucun cas déterminer l’état de santé d’une personne.
Le poids en lui seul ne peut en aucun cas déterminer l’état de santé d’une personne.
©Reuters

Vérité

Plusieurs études - certaines très sérieuses - ont récemment remis en cause les indicateurs traditionnels du surpoids ainsi que l'effet de celui-ci sur la santé, traduisant la multiplicité des formes de l'obésité.

Béatrice  de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur du blog "MiamMiam".

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Nous vivons dans une société de l’apparence où il est de bon ton d’être mince. Ce n’est pas qu’une question esthétique, mais comme un label de volonté, d’intelligence et de dynamisme. Ce qui sous-entend que les obèses sont faibles, mous et bêtes... Quelle erreur !

Entre Fit et FAT, qu’est-il souhaitable pour la santé ? Dans certaines circonstances, il est préférable d’être trop gros que de poids normal, et dangereux d’être plus mince !

L’IMC, le poids, les idées reçues

Les nutritionnistes aiment les abaques et les moyennes. Ils mesurent, pèsent, calculent des IMC (indice de masse corporelle) à partir de la taille et du poids du sujet. Ce qui constitue un outil intéressant pour établir des statistiques, élaborer des diagnostics, proposer des programmes alimentaires, etc.

Toutefois, l’exercice est déjà délicat : il ne peut évidemment pas concerner une femme enceinte ou allaitant, ni un individu particulier comme un Trisomique ou une personne à la taille altérée par une particularité comme le nanisme. Il en est de même pour les athlètes, les grands sportifs, ainsi que ceux qui font de la musculation, nommé « gonflette ». Ces pratiques visent à développer la masse musculaire au détriment de la masse grasse : on « sèche » le corps, et donc, on pèse bien plus lourd sur la balance.

Ainsi, le poids en lui seul ne peut en aucun cas déterminer l’état de santé d’une personne. Il est pertinent de mesurer la composition corporelle : elle donne la proportion de masse maigre (essentiellement les muscles) et la masse grasse. Mais là encore, l’évolution au cours de la vie est parfois très importante. En matière de variabilité, la Nature fait très fort : rien de plus vaste que l’éventail des possibles au sein d’une même espèce. L’espèce humaine n’y échappe pas. L’oeil avisé s’étonne de nous voir si différent : taille, poids, couleur des yeux ou des cheveux sont autant de caractéristiques de distinction.

Alors que nous luttons activement contre les racismes liés à la couleur de la peau, nous ne faisons bizarrement pas à propos du poids ou de la taille. Pourtant, il n’y a pas de « norme » mais juste des moyennes. Le statisticien place chaque individu sur une courbe et obtient une « courbe de Gauss », sorte de cloche dans laquelle la grande majorité est au coeur, dans un espace de mesure assez serré. Par exemple, la moyenne de poids des hommes adultes sera de 77 kg., plus ou moins 5 kg. Celui qui pèse 60 kg, ou 120 kg est « hors norme ». Est-il pour autant à exclure ?

Le poids, la vie et les courbes yoyo

Il est amusant de voir l’évolution « normale » du poids corporel au cours de la vie. Pour un jeune homme par exemple, après les montagnes russes du début de la vie, le rebond d’adiposité précoce, l’adolescence qui souvent induit une certaine maigreur, vient le temps du mariage et de ses petits bourrelets. Puis le poids prend de l’ampleur, au fil des années (+1kg tous les 5 ans au lieu d’un tous les 10 ans que l’on tolère en général). Et tout ceci augmente gentiment jusqu’à la retraite, qui enfle encore un peu plus les vêtements. Ce n’est que la sénescence qui induit un amoindrissement du poids, un étiolement de la masse maigre surtout.

Mais le nutritionniste sait que certaines périodes de la vie doivent s’aborder avec un surpoids : il peut être physiologique (après l’accouchement, afin d’assurer l’allaitement, juste avant la marche, afin d’assurer le développement des cuisses...) ou stratégique : c’est le cas des Seniors que l’on préfère plus gros que trop minces.

Mais aussi tous ces patients qui viennent en consultation, se plaignant des 5 ou 10 kg pris en même temps que le diplôme ou le premier job : n’est ce pas le poids nécessaire justement pour « faire le poids » ? Il est impossible et psychologiquement dangereux de chercher à faire mincir ces sujets pour lesquels le poids excédentaire n’est pas un fardeau, mais un bouclier vital.

Il en est de même pour pas mal de timides qui se cachent derrière un moelleux capiton : très joyeux, éclatant de vie, certains arrivent en consultation, normes en tête, souvent à l’issue d’un échec amoureux, et demandant de « rentrer dans le moule » corporel de la normalité. Là aussi, la perte de poids serait une erreur qui entraînerait la perte de la joie de vivre, du sourire et de la bonne humeur. Un jeu très dangereux.

Ainsi, on ne peut pas encourager les normes et les messages nutritionnels dictatoriaux : chacun d’entre nous est particulier, unique, et même, exceptionnel. Seule la consultation approfondie et bien menée peut déterminer si vous avez besoin de perdre du poids : votre corps, votre esprit, votre moral, vos projets, l’étage de votre vie... sont déterminants. En fait, le meilleur nutritionniste, c’est vous.

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