Chômage : ceux qui ont été détruits, ceux qui n'ont pas encore été inventés... quels sont les emplois qui manquent à l'appel ?<!-- --> | Atlantico.fr
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En juin, il y avait un record de 3,28 millions d'inscrits à Pôle emploi.
En juin, il y avait un record de 3,28 millions d'inscrits à Pôle emploi.
©Reuters

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Les chiffres du chômage sont attendus ce mardi soir. Si certains emplois sont condamnés à disparaître, d'autres, auxquels on ne pense pas forcément, vont émerger dans les années à venir.

Jean-Pierre Corniou Gilles Saint-Paul et Robin Rivaton

Jean-Pierre Corniou Gilles Saint-Paul et Robin Rivaton

Jean-Pierre Corniou est directeur général adjoint du cabinet de conseil Sia Partners. Il est l'auteur de "1,2 milliards d’automobiles, 7 milliards de terriens, la cohabitation est-elle possible ?" (2012).


Gilles Saint-Paul est économiste et professeur à l'université Toulouse I. Il est l'auteur du rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé Immigration, qualifications et marché du travail sur l'impact économique de l'immigration en 2009.


Robin Rivaton est consultant en stratégie dans un cabinet américain. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Atlantico : Alors que les chiffres du chômage seront connus ce mardi dans la soirée, le gouvernement a déjà mis en place plusieurs dispositifs pour le contenir. Michel Sapin a par exemple affirmé dans l'émission "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI" que "le cap des 50 000 emplois d'avenir a été franchi", s'estimant confiant pour franchir la barre des 100 000 avant la fin 2013. Mais outre ces dispositifs, quels sont les emplois détruits qui seront recréés par l'économie française ?

Jean-Pierre Corniou L’emploi n’est pas une donnée économique comme les autres. Il touche en effet dans son identité intime chaque famille, chaque individu. L’emploi ouvre la porte d’un revenu, mais aussi d’un statut social et professionnel. Il offre des perspectives de moyen terme à partir desquelles il est possible de construire son projet de vie. C’est pourquoi  la sensibilité aux problèmes d’emploi dépasse largement le cadre de la rationalité économique et il ne faut pas s’en offusquer. Le rôle de l’économie est bien en effet de servir les intérêts des populations et des territoires. Toutefois, nous sommes aussi dans un cadre économique concurrentiel qui pousse les entreprises à traiter l’emploi comme un facteur d’ajustement pour alléger leurs coûts et adapter leur capacité de production à la demande. Or, ce sont les entreprises qui détiennent, in fine, les clefs de l’emploi, quels que soient les mécanismes de soutien publics. Il ne peut exister durablement d’emploi qui ne réponde pas à une logique économique de production de richesse et les chefs d’entreprise qui en sont responsables cherchent à le faire bien, si on écarte les très rares patrons voyous.

Facteur d’équilibre individuel et collectif et en même temps élément clef de la dynamique économique, l’emploi souffre de cette dichotomie car il est devenu un enjeu politique majeur dans un pays qui connait un chômage structurel, facteur endémique de mécontentement social et politique. Tous les gouvernements sont confrontés à cette donnée : comment soutenir l’emploi sans dégrader les autres paramètres macro-économiques, notamment l’équilibre budgétaire, et en respectant les règles internationales et européennes ? Or, si l’emploi se dégrade c’est que comme tous les « vieux pays », la France vit une profonde mutation de son appareil productif qui n’est pas suffisamment compensée par la création d’activités nouvelles.

La désindustrialisation en France a commencé au début des années quatre-vingt. Ce sont 2,2 millions d’emplois industriels qui ont disparu en trente ans. La part de l’industrie dans la valeur ajoutée totale est passée de 20,6% à 10%. Ils répondent à des données structurelles mondiales et à l’évolution de la structure de la demande en Europe. En 2012, c’est 30 000 emplois industriels et 266 usines qui auront disparu. Ce sont des activités dans la pétrochimie, la métallurgie, la mécanique, les sous-traitants automobiles qui ne se reconstitueront pas.

Il est clair également que le niveau d’emploi de certains secteurs n’est conditionné que par la demande interne, elle-même largement liée aux conditions de financement et aux incitations fiscales. C’est le cas de toute l’industrie du bâtiment, qui a perdu plus de 14 000 emplois au premier semestre 2013 à cause de la dépression du marché. Mais c’est une industrie qui répond à des besoins structurels non délocalisables. C’est aussi le cas de l’hôtellerie restauration qui souffre de l’atonie de la demande interne mais en revanche bénéficie de la forte fréquentation étrangère.

Gilles Saint-PaulLa plupart des emplois détruits ne seront pas recréés. On sait qu’au moins 50 % des destructions d’emploi pendant les récessions sont permanentes. Bien qu’une récession soit de nature conjoncturelle, elle tend aussi à accélérer le changement structurel en frappant de façon disproportionnée les secteurs les moins rentables, dont notamment ceux appelés à disparaître. Ainsi, on s’attend globalement à ce que les emplois détruits dans l’industrie ne soient pas recréés mais remplacés par de nouveaux emplois dans le tertiaire. Bien entendu, des activités fortement cycliques comme la construction finiront par repartir. Mais la prochaine phase expansive renforcera les tendances lourdes de l’emploi en France, à savoir la montée des secteurs non échangeables et donc abrités de la concurrence internationale (services à la personne, hôtellerie, etc.) et, pour les biens échangeables, la concentration de l’activité dans un petit nombre de secteurs ou le savoir faire (aéronautique, armement), les effets de marque (mode, luxe), ou le fait de s’appuyer sur une division internationale du travail (grande distribution, automobile peut-être), compensent les problèmes de compétitivité de l’économie française.

Robin Rivaton: Avant toute chose il est bon de rappeler la loi d'Okun. L'économiste américain, Arthur Okun a proposé cette loi en 1962 décrivant une relation linéaire empirique entre le taux de croissance du PIB et la variation du taux de chômage. En dessous d'un certain seuil de croissance, le chômage augmente ; au-dessus de ce seuil, il diminue à élasticité constante. Selon cette loi entre 1990 et 2007, en moyenne, la productivité horaire a augmenté de 1,7% par an, la population active a augmenté de 0,9% par an et la durée du travail a baissé de 0.7% par an. La hausse de la population va prendre fin et la croissance de la productivité se ralentit – ce qui est très néanmoins mauvais pour l'économie mais bon pour l'emploi – ainsi pour que le taux de chômage baisse, il faudrait que l'économie française retrouve une croissance supérieure à 1,50%.

Si l'économie française repart sur ces bases - ce dont on peut raisonnablement douter avant 2015 - un certain nombre d'emplois détruits par la conjoncture devraient normalement être recréés ensuite. Il s'agit notamment de l'intérim dans le BTP et d'emplois à faible valeur ajoutée dans les secteurs des services à la personne ou le tourisme. La reprise peut ainsi être en trompe l'œil. Les Etats-Unis recréent environ 200.000 emplois par mois depuis le début de l'année mais en juin 40% de ces emplois se trouvaient être dans le tourisme et le commerce, et un quart dans la restauration, autant d'emplois à faible valeur ajoutée, de qualité médiocre en ce sens qu'ils offrent des rémunérations très faibles et sont souvent à temps partiel, 26 heures en moyenne pour les emplois dans le tourisme-restauration.

A contrario, quels sont les secteurs dont les emplois détruits ne pourront être recréés ?

Robin Rivaton : Les 100.000 emplois industriels qui ont été détruit depuis 2009 ne seront pas recréés à situation réglementaire et fiscal équivalente, de la même façon que les 700.000 détruits dans la décennie précédente. Ces emplois de niveau intermédiaire représentaient pourtant des opportunités de carrières stables et plutôt bien rémunérées, leur disparition étant une menace pour l'équilibre sociale et créant un effet sablier entre une partie haute toujours dynamique et une partie basse qui s'agrandit du fait de ces emplois à faible valeur ajoutée.

Toutefois ces emplois pourraient revenir en cas de modification de l'environnement économique structurel. La poursuite des efforts de réduction du coût du travail et surtout une modernisation de l'appareil productif français, par un investissement des entreprises, seraient susceptibles de nourrir une réindustrialisation qui s'inscrirait dans un cadre favorable avec la montée des coûts de production dans les pays émergents. En outre, un emploi industriel engendre deux à trois emplois indirects, créant un effet de levier puissant dans la baisse du chômage.

Jean-Pierre Corniou : Revenons aux principes développés par Joseph Schumpeter. Ce sont les poussées induites par l’innovation technique qui vont forcer les organisations établies, institutions comme entreprises, à se transformer. Cette « destruction créative », terme, déjà identifié par Marx, qu’il emploie en 1942 dans « Capitalisme, socialisme et démocratie »,  libère la capacité de croissance de l’économie en remettant en cause les situations acquises et les rentes qui bloquent les transformations. Toutefois l’innovation est exogène et dépend de décisions individuelles non modélisables et aléatoires. Les besoins de la société ne sont pas pré-déterminés, ce sont les processus de l’économie réelle qui vont faire émerger de nouveaux besoins et créer de nouvelles offres. C’est la fonction de l’entrepreneur d’imaginer la combinaison de plusieurs facteurs qui vont constituer une innovation. Il considère que l’économie est mouvement car « serait une bien misérable figure celle de l’agent économique recherchant en permanence avec anxiété l’équilibre. Il n’aurait ni ambition ni esprit entrepreneurial ; en bref il serait sans force et sans vie ».

Les emplois détruits définitivement sont liés à des activités pour lesquelles la demande, interne et externe, n’est pas satisfaite par l’offre nationale. Les causes en sont multiples : produits obsolètes, services déficients, prix trop élevés par rapport à la valeur perçue… ceci entraîne une dégradation des comptes des entreprises, tirés par des taux de marge trop bas pour assurer leur pérennité. Si les conséquences macroéconomiques peuvent être dramatiques pour des entreprises ou des secteurs, il ne faut pas chercher d’autre coupable que le client lui-même, ce que nous sommes tous. Les micro-arbitrages dans la demande comme la nature des choix proviennent des seules décisions individuelles des consommateurs. Il en est de même pour les biens d’investissement sur un marché mondial très actif. On constate d’ailleurs beaucoup de maturité dans ces choix, de mieux en mieux informés et lucides faits par des « consommateurs experts » très informés par le web. On a pu voir ainsi mesurer l’essor du low cost de qualité dans tous les secteurs.

Les secteurs défaillants ne peuvent renaître que s’ils apportent une réponse convaincante au marché. On voit mal aujourd’hui se récréer en France une industrie électronique grand public pour le son ou l’image, mais ceci ne condamne pas l’industrie électronique dans d’autres secteurs, comme la santé par exemple, ce qui est en train de se produire avec Withings, spécialiste des objets de santé et bien-être connectés.

Les données de l’INSEE pour 2012 confirment que la moitié des destructions d’emploi provient du secteur manufacturier et des régions qui souffrent historiquement de désindustrialisation. La région la plus dynamique pour la création d’emploi est l’Ile-de-France qui concentre le quart des créations d’emploi. Mais c’est aussi l’industrie qui continue à créer le plus d’emploi. Tirés par le succès de l’industrie aéronautique, on estime que 100 000 emplois industriels seront créés en France en 2013. Mais l’industrie ne représente plus que 15% des emplois en France, même si elle en induit beaucoup plus à travers les services aux entreprises.

Quels seront les emplois "nouveaux", c'est à dire qui n'existaient pas auparavant ? Quels seront les nouveaux métiers et dans quels secteurs apparaîtront-ils ?

Jean-Pierre Corniou :La création d’emploi est un processus continu. Classiquement, les emplois se créent là où il y a une demande solvable ou une rupture technique. Mais les entreprises sont prudentes. Le mécanisme est bien connu. Les entreprises recourent à l’intérim avant de recruter sur des emplois durables. Le secteur de l’intérim est ainsi devenu un excellent marqueur de la situation économique. Il recrute plus vite et licencie plus vite que les autres activités. Les emplois nouveaux sont liés à la technologie. L’erreur commune est de considérer que la révolution numérique ne concerne que les secteurs de pointe de l’électronique ou de la biologie.

Il est désormais clair que la diffusion du numérique dans tous les secteurs d’activité génère une demande  d’emplois qualifiés nouveaux dans la conception, le déploiement et la maintenance des outils, applications et services numériques, et ce dans tous les secteurs, de l’agriculture et du tourisme à la santé et aux industries de pointe. Ce ne sont pas seulement les métiers de la gestion qui bénéficient de cette demande, mais également les secteurs du bâtiment, de l’automobile, de la mécanique ou de l’électricité qui intègrent des composants numériques de plus en plus sophistiqués.

La troisième révolution industrielle, poussée par le numérique, mais aussi la transition énergétique, la révolution des transports intelligents, la santé et les biotechnologies va induire une nouvelle demande et une nouvelle offre que tous les acteurs économiques français sont susceptibles de mettre en œuvre. L’emploi est à la fois une résultante de cette mutation, mais ce sont la disponibilité des compétences, l’adaptation des organisations, la simplification de l’action publique qui constitueront les facteurs majeurs de fixation sur le territoire de ces emplois nouveaux.

Gilles Saint-Paul : Il est difficile de prévoir les emplois nouveaux : par exemple dans nombre de pays le gaz de schiste s’avère un secteur d’avenir mais il était difficile de le savoir il y a dix ans, parce qu’il aurait fallu connaître à l’avance aussi bien l’évolution de la technologie que celle du prix du pétrole. Cependant, une bonne partie des emplois futurs seront sans conteste liés au vieillissement de la population : santé, industrie pharmaceutique, services aux personnes âgées, loisirs « adaptés », etc. Et il ne faut pas non plus oublier qu’une bonne partie de l’emploi est orientée par les politiques publiques. La manne de la formation professionnelle, ou les subventions aux technologies « vertes », ou encore au « spectacle vivant », créent de façon un peu artificielle des gisements d’emplois dont la rentabilité reste dépendante de l’existence même de ces politiques. En particulier, ces emplois peuvent disparaître lorsque ces politiques sont remises en question au nom de la rigueur budgétaire

Robin Rivaton : Le processus d'innovation et de croissance économique se résume dans la destruction création énoncé par l'économiste autrichien J. Schumpeter. Le progrès parce qu'il conduit à quelque chose de nouveau bouleverse les équilibres sociaux antérieurs et donc amène parfois brusquement à la disparition de métiers tout en générant de nouveaux besoins et donc de nouveaux métiers. L'automatisation de la production fonctionnant par vagues, ce phénomène avait frappé les consciences à la fin du XIXème siècle, puis lors de l'introduction de la machine-outil et reprend de la vigueur avec les progrès réalisés en robotique aujourd'hui.

Élaborer la carte des métiers d'avenir est très simple. Il suffit de regarder ceux qui ne peuvent être pourvus alors que les entreprises embauchent : ils se situent dans la manipulation des matériaux composites, dans la maintenance des installations robotiques, dans l'isolation des bâtiments avec la profession d'itéiste. J'y ajouterai des nouveaux métiers dans l'analyse génétique et la maintenance cellulaire, médecins et surtout techniciens, ou le secteur de l'informatique, ceux connus comme programmeurs ou ceux encore inconnus de data-miner et data-designer qui auront à charge de chercher et représenter l'information sous des formes compréhensibles.

A l'inverse, j'ai une certitude sur un métier qui n'existera plus, au moins dans sa forme actuelle, c'est celui d'enseignant. L'école sous la pression de nouveaux modes de transmission du savoir est menacée. Elle est le système social appelé à être le plus bouleversé dans les années à venir et la reconversion sera lourde pour des personnels pas assez formés à cette révolution en gestation. 

Emplois aidés, emplois d'avenir... Les sommes versées par l'Etat dans divers dispositifs pour contenir l'envolée du chômage à court terme nuisent-elles à l'investissement permettant de créer des emplois sur le long terme ?

Gilles Saint-Paul : La vraie question n’est pas l’effet total de ces politiques sur l’emploi proprement dit, mais plutôt sur la performance de l’économie française. Ces emplois aidés sont peu productifs ; le fait de les créer et de les financer par la fiscalité revient à contraindre indirectement la population à acheter ces services qu’elle valorise peu, ce qui est une source d’appauvrissement. Et par ailleurs, les bénéficiaires de ces emplois ne sont plus disponibles pour la recherche d’emploi ce qui augmente les difficultés de recrutement pour pourvoir des postes plus productifs que ceux correspondant aux emplois aidés. Il est probable que ces politiques aient un effet positif sur le chômage à court terme et un effet pratiquement nul à plus long terme, mais ce qui compte pour le niveau de vie ce n’est pas seulement le nombre d’emplois mais la contribution productive de ces emplois. Payer des gens à creuser des trous dans le sol pour les reboucher ensuite augmente peut-être l’emploi mais ce n’est pas pour autant une bonne idée.

Robin Rivaton : Les sommes dépensées via ce dispositif servent surtout à occuper et ne pas laisser trop longtemps éloignés du marché de l'emploi des populations déjà fragiles, ce qui en soit n'est pas totalement inepte. Néanmoins, cette entrée sur le monde du travail via des dispositifs aussi particuliers ne facilite pas forcément l'insertion quand il s'agit de trouver un véritable emploi. De plus, cela constitue pour l'Etat la reconnaissance de son incapacité à assurer une formation initiale de qualité suffisante. Celle-ci laisse en effet chaque année sortir près de 150.000 jeunes sans qualification autre que le brevet et qui n'ont d'autre solution que d'occuper de tels emplois aidés. Enfin, en ce sens que ces dépenses se retrouvent dans l'imposition des entreprises, elles nuisent forcément à l'investissement et donc à la création d'emplois pérennes d'avenir.

Jean-Pierre Corniou : En théorie, tout ce qui freine la transformation vers des formes plus efficaces d’organisation ne conduit qu’à pérenniser les difficultés antérieures : faible productivité, compétences insuffisantes, médiocre attractivité des produits et services. Aussi, il ne faudrait pas subventionner les industries et activités déclinantes ou inefficaces pour libérer les capitaux et les compétences et les affecter à des secteurs créateurs de richesse. Pour les responsables politiques, même les plus libéraux comme le sauvetage de l’industrie automobile l’a démontré aux Etats-Unis, ne rien faire est un aveu d’impuissance lourdement sanctionné par les électeurs. Ils se doivent donc de tenter d’agir avec une palette de moyens ultra-connus qui vont de l’incantation verbale, la moins coûteuse, aux menaces contre les chefs d’entreprise, les plus inutiles, et se traduisent finalement par un (maigre) bouquet d’incitations fiscales et de mesures morales de soutien. Mais les Etats responsables se gardent bien de soutenir des activités qu’ils savent condamnées. La Banque publique d’investissement a pour objectif de « servir l’avenir », pas de défendre le passé.

En effet, il incombe aux entreprises de faire en permanence ce travail d’adaptation interne, entre leurs lignes de produits et activités de production en ajustant leurs investissements et leurs organisations. C’est un travail méticuleux de long terme qui ne supporte pas l’incantation et l’improvisation. L’action de l’Etat s’inscrit dans l’accompagnement de cette mutation permanente pour accélérer et le cas échéant corriger les initiatives privées défaillantes. Il n’est donc pas inutile d’aider les entreprises à mieux investir et les salariés à évoluer en se formant mieux  et à se mettre en mouvement vers des activités plus porteuses d’avenir. Les contrats aidés répondent à cet objectif louable s’ils sont bien organisés avec des entreprises du secteur marchand et permettent d’accompagner de façon rigoureuse le salarié en mutation.

Mais l’Etat n’est pas nécessairement bon juge en termes de stratégie technique et d’allocation optimale des ressources. Il n’est pas non plus bon gestionnaire des dispositifs d’aide qui coûtent chaque année environ 50 milliards d'euros !  C’est surtout sur ce plan que les critiques sont nombreuses. La Cour des Comptes ne cesse de dénoncer la multiplicité des systèmes d’aide et leur inefficacité. Elle plaide pour un ciblage très rigoureux des aides publiques, mais aussi des fonds consacrés à la formation, sur les populations les plus fragilisées.

Aussi, il paraît pour l’Etat plus judicieux sur le long terme de se limiter à une action macroéconomique pour laquelle l’outil fiscal reste le mieux adapté dès lors qu’il est stable et ciblé. Le crédit impôt-recherche figure ainsi parmi les instruments bien notés.

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