Le ralentissement de la Chine est une bonne nouvelle pour l'économie européenne à condition de savoir l'exploiter<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le ralentissement économique de la Chine inquiète le FMI.
Le ralentissement économique de la Chine inquiète le FMI.
©Reuters

Economie du milieu

En juin, la Chine a enregistré un recul de 14% de son excédent commercial qui représente à présent 27,13 milliards de dollars. Ses exportations ont quant à elles chuté de 3,1% atteignant 174,32 milliards de dollars.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

Tout dépend de la composition du ralentissement chinois, à savoir s'il est plutôt "bon", autrement dit équilibrant, ou "pas bon", autrement dit "dangereux" voire "déséquilibrant" ! Et notre stratégie doit en découler : prendre le "bon ralentissement" et transformer le "mauvais" ! Facile à dire... mais comment faire ? Analysons d'abord.

Le "bon" ralentissement chinois est, à la fois, bon pour la Chine et pour l'Europe. Et il a l'avantage d'être... officiel. Les autorités politiques chinoises ont fini par reconnaître que se produisait chez elles un ralentissement économique, mais par l'extérieur. Elles ne pouvaient plus le cacher. La Chine vend en effet moins aux pays industrialisés parce qu'ils ont moins de croissance - ce qui est évident, et parce que ses propres salaires augmentent - ce qui est également  vrai. Les autorités mettent aussi en avant la montée du Yuan, ce qui devait quand même arriver. Elles ajoutent les "malheurs" qu'on leur fait subir sur les marchés extérieurs (accusations de copie, d'espionnage, de dumping...), auxquels elles répondent avec… énergie (par exemple pour les panneaux solaires !). Au fond, tout ceci dessine un "bon" ralentissement, pour la Chine et pour l'Europe.

Si les salaires chinois et le Yuan montent, il y aura une moindre compétitivité de la Chine et une plus forte demande interne chinoise. Surtout, si la demande externe à la Chine est durablement compromise par les effets conjoints de la croissance réduite des pays industrialisés, de leur surveillance accrue des conditions d'échanges et de la montée du Yuan, il faudra bien qu'une transition se mette en place en Chine en faveur de la demande interne. Les autorités politiques vont même devoir réduire le contenu en investissement de leur demande interne pour en développer le contenu en consommation. Ceci est bon pour l'Europe, qui va pouvoir vendre des produits et des services, biens de consommation mais aussi services, de soins ou financiers par exemple. La transition vers plus de demande implique ainsi une meilleure gestion de l'épargne et du système de soins pour cette population qui est rapidement vieillissante. Ajoutons que la Chine va devoir faire plus attention aux conditions de travail des salariés, au respect des brevets et de l'environnement. Au fond, le ralentissement par l'extérieur nous aide.

Mais il y a "l'autre ralentissement". Il vient de ce qui se passe sur les marchés financiers, et il est bien différent. Voilà des jours que l'on assiste à de fortes tensions sur le marché interbancaire chinois. La liquidité, disent les autorités, y est devenue plus rare... à cause des effets du nouvel an chinois ! Mais bien sûr ! Sauf si certaines banques s'inquiètent des prêts accordés par d'autres banques, pour des raisons de risque. Ceci sans oublier les financements des régions, des municipalités et de grands groupes, qui sont aujourd'hui portés par les gestionnaires d'actifs et par les compagnies d'assurances. Ils sont "problématiques", au moins en partie. Mais comment le savoir ? Que se passe-t-il vraiment ? Quelle part de crédits est compromise dans le "soutien" à la croissance ?

Les choses se compliquent ainsi, avec un ralentissement chinois qui s'explique pour des raisons plutôt bonnes pour la zone euro, et d'autres qui le sont moins. Le "bon ralentissement chinois" va  ralentir la hausse des prix des matières premières et, surtout, conduire les autorités à mettre leur stratégie de croissance moins sous l'influence de l'extérieur. Le "mauvais ralentissement" peut au contraire inquiéter les marchés qui vont demander l'étendue du problème.

La première question est donc de mesurer les deux composantes du ralentissement. Plus profondément, la vraie difficulté est de voir comment bénéficier aussi de ce " mauvais ralentissement". Il faut évidemment le cantonner. En réalité, ceci veut dire qu'il faut renforcer les règles de surveillance financière du pays, de façon à réduire peut-être sa croissance, mais au moins la stabiliser.

Au fond, le vrai enjeu est celui de la transition de la Chine, depuis une économie d'export et de demande publique vers une économie de consommation. Ceci prendra du temps, mais il n'y a pas d'autre choix pour la Chine. Un choix qui n'est pas seulement économique mais aussi profondément politique.  A long terme, ce ralentissement est bon, mais seulement si nous savons le comprendre et l'exploiter !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !