Laurent Gbagbo délogé, OK, mais « pas comme il faut »...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Laurent Gbagbo délogé, OK, 
mais « pas comme il faut »...
©

Zone franche

Déloger un dictateur, c'est mal. Ne pas le faire, c'est mal aussi. Damné pour damné, autant sauver des vies.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Dans un monde idéal, Alassane Ouattara se serait débrouillé tout seul pour faire valoir ses droits par la force à la présidence ivoirienne. Enfin, dans un monde vraiment idéal, il n’aurait même pas eu besoin d'y avoir recours, à la force

Mais ces mondes idéaux sont un peu comme les univers parallèles des romans de science-fiction : aussi nombreux et variés que les opinions sur la légitimité d’une intervention militaire française dans une ex-colonie à deux doigts d’une guerre civile de grande envergure.

Dans une autre version du meilleur des mondes, ainsi, c’est une opération Licorne emmenée par des Bulgares ou des Espagnols sans passif historique avec la Côte d’Ivoire qui sauve la mise aux démocrates de ce pays. Et dans les alter-réalités suivantes, ce sont plutôt des forces africaines, asiatiques ou même latino-américaines…

Tiens, on peut même imaginer un univers parallèle où des Vénusiens débarquent et expédient Gbagbo vers une colonie pénitentiaire de Pluton pour lui apprendre à respecter le suffrage universel…

Ce qui est certain, dans tous les cas, c’est qu’un édito de Libé vient alors condamner l’impérialisme de la démarche et que 758 lecteurs à qui on ne la fait pas en dévoilent les ressorts cachés en commentaires sur le site du quotidien : les Vénusiens ont traduit de travers un câble Wikileaks et sont convaincus que les défenses d’éléphant poussent sur les arbres en Côte d’Ivoire, or c’est justement ce qui sert de carburant à leurs soucoupes volantes et à leurs lave-vaisselle !

Imparable. 

Dans le monde un peu mal fichu qui est le nôtre, la France a envoyé des troupes à Abidjan dans le cadre d’un mandat des Nations-Unies, histoire de protéger les civils et d’évacuer ses ressortissants. Emportée par son enthousiasme, il semble toutefois qu’elle ait quelque peu dépassé ses attributions en donnant un petit coup de pouce au président légitime dans la dernière ligne droite

« Ce n’est pas bien !», peut-on donc entendre un peu partout. Elle ne devrait pas jouer les « gendarmes de l’Afrique » en se mêlant des affaires de pays souverains, protégeant en douce les intérêts des Bolloré et consorts (car si vous croyez vraiment que cette crapule de Sarkozy a autre chose en tête que sa réélection et l’augmentation du magot de ses petits copains businessmen, c’est que vous êtes un sacré naïf)…

Bon, dans l’univers parallèle où Sarkozy se contente de protéger les résidents Français et se lave les mains des massacres ― façon Rwanda ― on suggère sans doute que c’est en n’intervenant pas qu’il cherche à s’assurer un second mandat et à faire tinter les dollars dans le porte-monnaie de Bolloré mais je n’en ai pas la preuve formelle : je n’ai pas d’accès Web à cette version-là de Libé.

Personnellement, je me fiche totalement de savoir si Sarkozy ou Bolloré profiteront de cette opération. Mon petit doigt me suggère d’ailleurs que le premier est tellement mal qu’il lui faudra trouver autre chose (comme l’élimination totale du chômage ou le SMIC à 3 000 euros) pour rebondir et que le second s’entendrait de toute façon avec n’importe quel président ivoirien. Mais je préfère penser à ces gens d’Abobo qui ne sortaient plus de chez eux que les mains en l’air depuis quelques jours, sachant qu’ils avaient de fortes chances de finir dans un caniveau en allant chercher à bouffer.

 Ça, c'est dans ce monde et c’est réglé (au moins pour le moment).

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !