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Et si les petites annonces de recrutement de candidats étaient un bon moyen de renouveler la démocratie ?
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Parti politique cherche candidats

Le président de l'UMP Jean-François Copé a proposé ce matin de recruter des candidats aux élections municipales de 2014 par le biais de petites annonces. Derrière l'aspect insolite de l'idée se cache peut-être les symptômes d'une démocratie malade.

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau est professeur des Universités à Sciences Po. Il est l'auteur de Cette France de gauche qui vote FN (Paris, Le Seuil, 2017), à paraître le 1er juin. 

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Atlantico : Jean-François Copé a annoncé vouloir recruter des candidats aux élections municipales via des petites annonces. La démocratie française est-elle si malade ?

On sait aujourd'hui que les partis, quels qu'ils soient, sont dans une situation de grande faiblesse. Même lorsqu'on les compare à nombre de nos voisins européens, les partis français sont parmi les plus faibles. Moins de 2 %  de la population électorale adhère à un parti, on a à gauche et à droite des partis extrêmement faibles en terme de nombre d'adhérents, et donc des partis introvertis qui ont un problème de représentation de la société dans sa diversité et de représentation des intérêts mêmes qu'ils prétendent défendre. La situation ne s'est pas améliorée. Le PC qui était un grand parti après la guerre est aujourd'hui une force marginale, le PS reste un parti qui est un nain par rapport aux grands partis sociaux-démocrates de nombre de ses homologues européens, l'UMP n'est pas grand-chose non plus par rapport à ce qu'est par exemple le Parti Conservateur outre-Manche, et même le Front National dont on parle beaucoup, qui est un tout petit parti en terme de nombre d'adhérents. Ces partis ont un gros problème au moment de la sélection des candidats, car très souvent les hommes et les femmes qu'ils mettent en avant sont davantage des hommes et des femmes d'appareil que des hommes et des femmes représentatifs de la diversité française.

La logique de partis et l'enfermement de la classe politique ont-elles définitivement mis la démocratie française à l’arrêt ?  

Non, c'est excessif de dire que ça l'a mise à l'arrêt. En revanche, ça la grippe. On le voit dans les difficultés qu'ont nombre de partis à trouver des candidats au-delà même de leur appartenance partisane, qui rencontrent un écho et un véritable impact en terme de mobilisation dans l'opinion publique. Et puis on le voit également dans la très mauvaise perception que les français ont de la classe politique, des partis politiques, des institutions politiques et du fonctionnement de la démocratie. Toutes les enquêtes qui viennent d'être publiées de décembre à janvier montrent que l'opinion publique est extrêmement dure avec le monde de la représentation politique, et cela touche absolument tous les partis, aucun n'échappe à la critique extrêmement acerbe des électeurs.

La solution avancée par Copé peut-elle avoir du sens ? 

Que les partis, dans la perspective des prochaines élections municipales, cherchent à s'ouvrir au-delà des appareils, à la société, c'est plutôt une bonne chose. Que tel ou tel parti aille chercher dans la confection des listes qui vont se présenter aux élections municipales à côté des hommes et des femmes qui adhèrent au parti des représentants de la société civile, c'est une bonne chose. Il faut que les partis sortent de leur isolement. Aller à la recherche de candidats en particulier pour des élections municipales ou régionales qui sont des élections de liste, aller vers les gens non-encartés, mais qui représentent des forces sociales, les tissus associatifs, la diversité des intérêts est un bon réflexe. 

Le renouvellement démocratique passe-t-il par un changement d’hommes ou un changement de méthode ?

Il n'y a pas en effet une seule solution. C'est pour répondre à cette crise profonde de la représentation politique qu'il faut mettre en oeuvre toute une série de mesures. Contenir la logique des cumuls en est certainement une, même s'il doit y avoir débat sur cette notion : où doit-il s'arrêter, cumul dans l'espace, le temps ? Il faut avoir une réflexion approfondie là-dessus. Aller voir en dehors des partis en particulier pour les élections locales quel type de synergie ces partis peuvent mettre en place dans la perspective des élections municipales c' est une seconde solution. Il faut aussi un peu de volontarisme des partis en terme de promotion interne, en terme de campagne d'adhésion ciblée envers tel ou tel milieu. Il faut aussi que les partis montrent qu'ils ne sont pas introvertis : ils semblent parfois pratiquer un nombrilisme aigu (PS comme UMP), cela ne donne pas envie aux français, notamment aux jeunes qui ont encore la fibre politique d'adhérer. Il y a aussi une culture partisane des comportements, des attitudes qu'il faut changer.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Bonaventure

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