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Crash test espagnol : l'Europe peut-elle encore sauver sa 4e économie ?
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Dernière chance

La zone euro a lancé ce lundi son principal instrument anti-crise, le Mécanisme européen de stabilité (MES). Un outil destiné en premier lieu à l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, tout particulièrement frappée par la crise.

Matilde Alonso Pérez et Elies Furio Blasco

Matilde Alonso Pérez et Elies Furio Blasco

Matilde Alonso Pérez est professeur à l’Université de Lyon 2. Elle est spécialiste en économie de l’Espagne.

Elies Furio Blasco est professeur à l’Université de Lyon 3 et anime le projet Dimension économique de l’Espagnol, dont l’objectif est l’analyse stratégique des entreprises espagnoles internationalisées.

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Le PIB espagnol a reculé de 0,4% au deuxième trimestre 2012. Le repli n’est pas banal puisqu’il s’ajoute à une baisse de 0,3% des trois premiers mois de l'année. Le chômage augmente. Il a atteint son plus haut niveau avec 4,71 millions de chômeurs, près de 25 % de la population active. Plus d’1,7 millions de foyers ont tous leurs membres au chômage.

L'Espagne a mis en route un sévère programme de réformes mais avec une consommation en berne et une réduction drastique de la dépense publique, la répercussion sur le PIB est de plus en plus négative. Pour stimuler la demande, le gouvernement vient d’approuver un plan d’aide à l’achat d’un véhicule neuf mais la mesure aura un effet très modeste sur les dépenses de consommation.

Le gouvernement de Mariano Rajoy s'est engagé dans une série de mesures visant à redresser l'économie. Parmi celles-ci, la réforme du marché du travail est une des mesures phares. Mais la gauche a jeté le trouble en présentant un recours d’inconstitutionnalité contre cette réforme. Si le Tribunal constitutionnel accepte, même partiellement, cela aura de conséquences catastrophiques pour le gouvernement, surtout sur le plan politique.

La réforme du système financier est également questionnée. La recapitalisation des banques, fragilisées par l'éclatement de la bulle immobilière, est estimée par le gouvernement à 40 milliards et évaluée par Moody’s à 70 voire 105 milliards. L'Espagne est sous la menace d'une nouvelle dégradation de sa note.

Au cœur de ce dispositif financier, la « mauvaise banque » destinée à loger les actifs toxiques des banques espagnoles, n’est pas sans problèmes. Le mécanisme vise à assainir le bilan des banques espagnoles et la question de la valorisation des actifs concernés est essentielle: elle doit être suffisamment faible pour attirer les investisseurs privés, sans pour autant entraîner de nouvelles pertes pour les banques. Comment fixer le meilleur prix pour les uns et pour les autres ? Pendant ce temps, le potentiel acheteur se demande s’il doit acheter ou attendre que le prix chute à nouveau avec le dispositif de la « bad bank ».

Une autre réforme structurelle attendue est celle du secteur de l’énergie. Elle n’est pas non plus épargnée d’incertitudes. La réforme vise à compenser le déficit de tarif qui est la différence entre ce que coûte de produire l'électricité et ce que l'on obtient par sa vente. D’abord, la réforme suscite une forte controverse au sein du gouvernement entre les ministres d’Industrie José Manuel Soria, et celui des Finances, Cristóbal Montoro. Ensuite, les différents industriels du secteur craignent leur probable mise à contribution pour résorber ce déficit évalué à 24 milliards d'euros.

Dans l’attente des effets des réformes, seule la BCE semble pouvoir réduire la tension sachant qu’elle a une faible marge de manœuvre. Modifier les taux est sans doute sa dernière cartouche. Pour l’instant, l’Espagne préfère que la BCE privilégie le rachat de dette publique et les prêts à sa banque. Ces mesures évitent l’agonie sans assurer vraiment la croissance.

Si Bruxelles arrive à débloquer le projet d'Union bancaire, le principal bénéficiaire serait l'Espagne, qui profiterait d'un mécanisme commun de résolution des crises bancaires. Pour le moment, l’économie espagnole est toujours en panne.

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