Grippe : 33% des Français contre le vaccin, phobie de masse ou risque réel ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les vaccins contre la grippe seront disponible à partir de ce vendredi dans la majorité des pharmacies.
Les vaccins contre la grippe seront disponible à partir de ce vendredi dans la majorité des pharmacies.
©Reuters

Allô Docteur ?

Un tiers des Français (34%) prévoit de se faire vacciner contre la grippe. Pour 33% d'entre eux, c'est un "non" catégorique et pour un autre tiers, le doute subsiste.

Pierre Dellamonica et François Choffat

Pierre Dellamonica et François Choffat

Pierre Dellamonica est  professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Nice et consultant pour l'Université de Nice-Sofia Antipolis. Il est également auteur de "La vérité sur les vaccins - Comprendre la vaccination et agir au mieux pour sa santé" et de "H5N1 la grippe aviaire" aux Editions Alpen.

François Choffat est médecin géneraliste en Suisse  et diplômé en homéopathie. Il est également l'auteur de plusieurs livres dont "Vaccinations : le droit de choisir" et "La grippe ? Pas de panique ! - Prévenir, soigner, guérir" aux éditions Jouvence.

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Atlantico : Les vaccins contre la grippe seront disponible à partir de ce vendredi dans la majorité des pharmacies. Un sondage Ifop révèle que seuls 34% des français se feront vacciner, 33% hésitent et le reste (33%) ne le feront pas : existe t-il une phobie de masse face au vaccin ou peut-on parler de risque réel? 

Pierre Dellamonica : Il faut d'abord préciser que les français sont assez peu vaccinés contre la grippe et c'est une caractéristique propre à notre pays. Dans de nombreux pays, le taux de vaccination est bien plus élevé qu'en France. C'est un comportement paradoxal car chez nous, le vaccin est gratuit ou remboursé notamment pour les personnes avec une infection de longue durée ou les plus de 65 ans. C'est d'ailleurs une bonne chose puisque que les complications liées à la grippe dans ces tranches d'âge sont importantes. Je pense que c'est la gratuité qui pose problème. Elle suppose pour les gens que le vaccin n'est pas de qualité et donc ils ne le font pas. C'est faux mais surtout irrationnel. Il y a une réelle désinformation et les Français voient dans les campagnes de vaccination une opposition politique. On en a eu un exemple clair avec la grippe H1N1 et les vaccins en masse proposés par Roselyne Bachelot. Les français étaient réticents pour de mauvaises raisons alors que peu importe le gouvernement, les campagnes se poursuivent.  La grippe provoque 6000 décès par an et  1/3 des français est contaminé chaque année. La vaccination est réellement pratique : vue le degré de contagion de la maladie, on pourrait prévenir un grand nombre de personnes car la grippe est un virus très contagieux,  plus de vaccins permet de stopper le virus et sa propagation et de protéger ainsi les gens les plus vulnérables.

François Choffat: Les gens pensent sûrement aux risques mais surtout à la faible efficacité de ce vaccin. La grippe hivernale tue certes, mais ce sont des personnes qui sont déjà fragilisées soit par une maladie soit par la vieillesse. Si on n’appartient pas à cette minorité, on ne courre aucun risque sanitaire donc d’un point de vue commercial je trouve que ce chiffre de 34% est déjà un miracle et constitue presque un succès commercial. 

Le vaccin de la grippe a-t-il eu auparavant des effets négatifs? Sinon, pourquoi la peur et la méfiance subsistent face au vaccin? Est-ce seulement la crainte de la piqûre?

Pierre Dellamonica: Le risque serait pour les gens allergiques à l’œuf car le vaccin est fabriqué sur des embryons d’œufs donc ils peuvent avoir des réactions mais ce sont des effets marginaux par rapport à tous les bénéfices qu'apporte la vaccination qui ont été prouvés par des essais divers. La grippe apparait pour tous comme une maladie pas très grave mais c'est oublier les décès, les personnes hospitalisées chaque année mais aussi le nombre d'heure perdues par la collectivité locale à cause de gens qui ne peuvent pas venir travailler. Comme effets négatifs du vaccin contre la grippe, on a entendu parler des adjuvants (composé minéral qui renforce la réponse immunologique), montés en épingle par le lobby anti-vaccins. Ce qu'il faut savoir, c'est que ces adjuvants sont utilisés dans moult autres vaccins depuis longtemps et qu'on n'a jamais entendu parler de potentiels effets secondaires. Ce sont des histoires irrationnelles. Au Québec par exemple, 60% de la population a été vaccinée contre la grippe aviaire sans qu'il n'y ait jamais d'effets particuliers visibles. Le problème de la vaccination est un problème français qui prend sa source dans l'irrationnel!

François Choffat : Il y a des personnes vaccinées qui ont développé le syndrome de Guillain-Barré, une inflammation du système nerveux et de la moelle épinière qui peut entrainer des paralysies des jambes notamment. Les médecins ne le disent pas, ce sont les laboratoires qui publient des études et eux ne travaillent pas pour le malade mais pour des actionnaires. Leur logique est commerciale avant tout. C’est un système assez pervers. Dans ce vaccin contre la grippe (comme dans d’autres d’ailleurs), il y a aussi de l’aluminium qui peut-être très nocif pour les personnes âgées mais aussi les bébés. L’aluminium reste dans le cerveau, s’accumule et peut provoquer des dégénérescences cérébrales et autres effets secondaires. Il a plus d’inconvénients que d’avantages à faire ce vaccin.

En plus, il n’y a pas ou peu d’essai clinique. Oui, on teste sur les animaux puis sur un nombre restreint de personnes et ensuite, on vaccine le grand public. Les effets secondaires ne sont pas connus car ils font les frais de deux écueils de la médecine: premièrement, les médecins n’en déclarent que 5% (car beaucoup de paperasses et de formulaire) et deuxièmement, l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) rejette la plupart des déclarations, les officiels jugeant que ces effets secondaires ne sont pas scientifiquement prouvés et que le doute subsiste. Il faudrait plusieurs plaintes pour qu’on arrête de parler de coïncidence. On l’a vu dans le cas du Médiator, il a fallu deux ans avant qu’on daigne retirer ce produit de la vente.

Sur des maladies type grippe A, l’utilité des vaccins est-elle prouvée ou peut-on vivre sans ?

Pierre Dellamonica : Pour les grippes A ou B, les vaccins permettent une protection à hauteur de 70% ce qui empêche la circulation du virus et protège la majorité de la population. Si on ne se vaccine pas, on prend le risque de contracter une grippe peut être bénigne mais aussi grave voire mortelle. L'autre risque c'est de disséminer la maladie au sein de sa famille, de son travail. Pour des gens qui se disent solidaires, occulter le vaccin, c'est être tout l'inverse.

François Choffat: Le taux de mortalité des personnes âgées ou fragilisées ne baissent pas malgré leur vaccination. Vu le nombre de personnes qui vivent sans vaccins et qui n'attrapent pas la grippe, on peut quand même douter de son efficacité. Et puis, quand on se souvient de la vague de vaccination provoquée à l'époque par la grippe H1N1 et la rapidité de la contagion, on a de quoi se poser des questions. Les 66% de personnes qui ne vont potentiellement pas se vacciner cette année ont sans nul doute raison.

Ce sondage révèle également que l'intention de se faire vacciner augmente avec l'âge. A contrario la tranche 25-49 ans est plus réfractaire : pourquoi?

Pierre Dellamonica: Les personnes âgées se font vacciner car les médecins leur apportent beaucoup plus d'information sur l'intérêt du vaccin. Elles sont en plus conscientes de leur vulnérabilité. Chez les 25-49 ans, on est toujours dans l'idée d'immortalité. Ce sont des tranches d'âge dans lesquelles on prend encore des risques. Ne pas se vacciner, c'est comme faire de la moto sans casque. C'est la même démarche dans la vaccination car les gens ont dans l'idée que la grippe n'est pas une maladie grave.

François Choffat: C’est logique puisque les personnes âgées sont les plus exposées à la maladie mais même en étant vaccinées, le facteur mortalité ne se réduit à aucun moment. La tranche 25-49 ne se vaccine pas ou beaucoup moins car elle sait que la grippe n’est pas un danger. Cette maladie a toujours existé et mis à part des complications exceptionnelles, il n’y a pas grand-chose à craindre. Il est bien plus risqué de prendre sa voiture.

Par ailleurs, suite a vent de panique avec le virus H1N1, beaucoup pensent qu’on s’est foutu d’eux. Quand on y repense, c’est complètement absurde. La ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot, a mis à disposition 85.000 doses de vaccin comme pour une épidémie de degré 6. Or, ce degré n’était pas atteint et l’Organisation Mondiale de la Santé a changé le règlement en disant que la contagion était un critère justifiant ce nombre de doses et ce protocole. Pourtant, l’épidémie de H1N1 était bien moins grave que la moyenne des épidémies hivernales. Les experts de l’OMS sont subventionnés par les laboratoires qui fournissent les vaccins, il y a là une forme de connivence.

Finalement que faudrait-il pour réconcilier les Français aux vaccins ?

Pierre Dellamonica  Il faut d'abord réconcilier les français avec la philosophie de Descartes sur la rationalité, leur faire lire les vraies études et qu'ils abandonnent les idées reçues sur des thèmes où il y a quand même beaucoup d'études qui vont dans le même sens. Dans une deuxième temps, il faut qu'au sein de l'école il y ait une vraie promotion d'une éducation sur la santé. Ensuite, il faudrait que les médecins puissent avoir un rôle plus informatif concernant les vaccins.

François Choffat :Il n’y a pas à les réconcilier. Pour moi, la méfiance des Français est justifiée, on vaccine beaucoup trop et beaucoup trop jeune. Je ne dis pas que tous les vaccins sont mauvais mais toute la panoplie dès l’âge de deux mois, c’est une catastrophe écologique majeure. Du point de vue de l’immunité c’est grave. Les maladies de l’immunité (allergies, maladies de peau,…) explose surtout chez les jeunes. Pareil pour les maladies auto-immunes notamment la sclérose en plaques. Ces phénomènes n’existaient pas avant. L’aluminium présent dans les vaccins altère l’immunité.

Le problème qui s’ajoute, c’est que c’est un sujet tabou de la discussion scientifique. Vous ne pouvez pas débattre sur les vaccins sans être taxer « d’anti-vaccinaliste ». L’hépatite B est un bon exemple. On vaccine des enfants très jeunes alors que c’est une maladie qui menace à partir de 16 ans et encore, tout en étant généralement bénigne, elle ne s’attrape que si on a un comportement à risques. On pourrait discuter d’une grosse partie des vaccins sauf qu’on se heurte au commerce et non plus à la santé. Il n’y a plus de grands médicaments ou de grands brevets depuis des années maintenant. Les laboratoires font des coupes drastiques dans le budget de la recherche et élargissent leurs marchés par les vaccins mais aussi par l’abaissement des  normes sur des maladies comme le cholestérol qui atteint les plus de 60 ans mais qu’on commence à soigner dès 40 par des médicaments divers et qui rapportent gros.

Propos recueillis par Valérie Meret

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