Humiliant pour le reste de l'Europe, stressant pour l'Allemagne : après l'électrochoc Draghi, seule Berlin peut encore sauver l'euro<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour George Soros, l'Allemagne peut jouer à plein son rôle de leader de la zone euro, en faisant tout pour aider les pays en difficultés, ou la quitter.
Pour George Soros, l'Allemagne peut jouer à plein son rôle de leader de la zone euro, en faisant tout pour aider les pays en difficultés, ou la quitter.
©Reuters

Tic Tac

C'est en tout cas ce que pense George Soros qui estime que si Mario Draghi a redonné de l'oxygène à la monnaie unique, il reste encore aux Allemands à prendre conscience que tout dépend d'eux.

Sauver la face, les dirigeants politiques européens savent faire. Tous assurent, régulièrement, que des solutions existent pour sauver l'Europe de cette crise qui n'en finit pas. Les économistes, experts, hommes d'affaires ou encore industriels sont généralement moins optimistes. Entre Unilever qui adoptent en Europe les stratégies de vente des pays en voie de développement, et l'économiste Nouriel Roubini qui explique que retarder l'éclatement de l'euro, inévitable selon lui, ne fera qu'aggraver la crise, les voix divergentes sont rares. Alors quand George Soros affirme dans un long article publié sur le site The New York Review of Books que "la survie de l'euro est assurée", tout le monde l'écoute. D'autant plus quand il explique que "la crise de l'euro, entrée dans une nouvelle phase" pourrait très bien mal se terminer car "la forme future de l'Union européenne sera déterminée par les décisions politiques que les Etats membres devront prendre cette année".

Si le financier milliardaire américain admet que l'intervention de Mario Draghi le 6 septembre, déclarant qu'il n'y aurait "pas de limite quantitative" au rachat d'obligations d'Etat par la BCE, est "un événement qui change tout" puisqu'il isole notamment Jens Weidmann à la tête de la Banque fédérale allemande, Angela Merkel se rangeant du côté de Mario Draghi, et donc que la survie de l'euro est assurée, il revient sur les mois à venir qui s'annoncent houleux pour la monnaie unique.

George Soros explique en effet que les décisions annoncées le 6 septembre par le président de la Banque centrale européenne ne change pas vraiment la donne en ce qui concerne une égalité des chances entre les Etats membres, quand l'UE se présentait pourtant à sa construction comme "une société ouverte" dans laquelle "il y avait 5 grand Etats et beaucoup de plus petits qui souscrivaient tous aux principes de démocratie".

Or, malgré les décisions prises par la BCE, l'Europe se présente toujours comme un ensemble d'Etats bons élèves – les pays créditeurs –  et d'autres mauvais élèves – les débiteurs. George Soros rappelle ainsi que "l'Union européenne qui va émerger de ce processus sera diamétralement opposé à l'idée […] d'une société ouverte. Il y aura deux classes d'Etats, les créanciers et les débiteurs, et les créanciers seront en charge […]. La différence entre ces deux types de pays deviendra permanente puisque les nations endettées devront payer des primes conséquentes pour accéder à des capitaux, et il leur sera impossible de rattraper les pays créditeurs […]. La périphérie ne pourra pas s'en remettre […] et sera pleine de ressentiment."

Mais George Soros estime qu'il existe deux solutions pour éviter un tel scénario, et toutes deux reposent, comme souvent, sur l'Allemagne. Berlin doit décider : quitter la zone euro, ou devenir "une puissance hégémonique, mais bienveillante". L'Allemagne, quitter la monnaie unique ? Selon le milliardaire, il est beaucoup moins compliqué pour un état créditeur de quitter la zone euro que pour un débiteur. Soros explique que "l'euro serait déprécié. Le poids de la dette serait le même en terme nominal, mais diminuerait en terme réel. Les pays endettés regagneraient leur compétitivité car leurs exportations deviendraient moins cher […]. Les pays créanciers, en revanche, subirait des pertes sur leurs investissements dans la zone euro […]. L'ampleur de ces pertes dépendrait de la dépréciation; les pays auraient donc tout intérêt à contenir cette dépréciation dans une certaine limite […]. Le tout aboutirait au rêve de Keynes d'un système monétaire international où aussi bien les créditeurs que les débiteurs partagent la responsabilité du maintien de la stabilité". Et l'Europe d'échapper à la dépression.

Si l'Allemagne choisissait de se comporter comme une "puissance hégémonique bienveillante", ce qui reviendrait à "établir des règles du jeu plus ou moins égales entre pays créditeurs et débiteurs et [….] permettre à l'Europe de développer un moyen pour sortir de l'endettement excessif, notamment par un degré plus élevé d'inflation, ce que la Bundesbank ne risque pas d'accepter", alors la zone euro pourrait également s'en sortir. Tout dépend donc des décisions politiques que l'Allemagne prendra, ce qui pose problème depuis le début. Mais là encore, Soros a des solutions.

Comme il l'explique dans une interview donnée en Allemagne, Berlin doit se réveiller et comprendre son rôle joué dans la crise. Alors que l'Allemagne s'imagine qu'elle fait déjà le maximum pour les finances des pays périphériques, la vérité est, selon Soros, que depuis le début, elle ne se contente que "du minimum", ce qui irrite particulièrement les Européens, entraînant de la xénophobie. "La société civile européenne […], le public doit donc se mobiliser, s'engager. […] Un mouvement pro-européen rencontrerait une réponse positive en Allemagne, ou la majorité des gens le sont mais se retrouvent comme ensorcelé  par de fausses doctrines monétaires et fiscales", estime George Soros qui ajoute que "seul quelque chose de choquant pourrait secouer l'Allemagne et ses idées préconçues, la mettant enfin face à face aux conséquences de ses politiques actuelles". La bataille ne fait donc en fait que commencer.

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