L'étrange histoire d'Edmond Safra, banquier milliardaire qui croyait son destin lié au Codex d'Alep<!-- --> | Atlantico.fr
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L'enterrement d'Edmond Safra, ce banquier juif qui se pensait maudit.
L'enterrement d'Edmond Safra, ce banquier juif qui se pensait maudit.
©Reuters

Mystère

La légende du Codex d'Alep, plus ancienne version connue de la Bible hébraïque selon la massora tibérienne, veut que quiconque le transporte sera à jamais maudit...

Qui n'aime pas une bonne histoire policière l'été ? Et encore plus si l'histoire engage un livre saint, vieux de plus de mille ans, des voyages à travers le monde, une famille immensément riche, un incendie mystérieux, la mort d'un banquier et beaucoup beaucoup d'autres choses. Seule différence : ceci n'a rien à voir avec un roman de Dan Brown. Il s'agit de la réalité...

Accrochez-vous, car la vie d'Edmond Safra, ce défunt banquier milliardaire, est aussi palpitante, voire plus, que tout ce que vous pourrez lire cet été.

L'histoire débute il y a bien longtemps, entre 910 et 930 de notre ère.Le Codex d'Alep, la plus ancienne version connue de la Bible hébraïque selon la massora tibérienne, est alors écrit. Un livre rempli d'histoires dont l'ADN touche aussi bien aux disputes entre les Juifs séfarades et ashkénazes, qu'aux émeutes anti-juives de Syrie en 1947.

Un livre aussi ancien cache bien évidemment des mystères. Et un en particulier continue d'intéresser historiens, journalistes, professeurs, théologiens, détectives privés, mais aussi les services secrets israéliens du Mossad.

En effet, près de 200 pages du Codex, 196 exactement, ont disparu et personne ne connait vraiment les raisons de ce qui reste l'un des grands mystères de l'histoire juive, ni comment le texte s'est retrouvé en Israël après avoir été caché du gouvernement syrien pendant près de dix ans.

Quel rapport avec notre banquier juif libanais, Edmond Safra ? Soyez patient, l'histoire débute à peine…

Un très célèbre écrivain israélien, Amnon Shamosh, écrit en 1979 le livre de fiction Michel Ezra Safra et Fils, adapté à peine une année plus tard à la télévision. C'est un énorme succès qui raconte l'histoire d'une famille de banquiers originaires d'Alep en Syrie qui, ruinés, sont forcés de se rendre à Israël après la proclamation de cet Etat. Dans l'histoire, Amnon Shamosh raconte comment le père de la famille sauve le fameux Codex d'Alep d'un incendie avant de l'amener avec lui à Nice, en France. Le nom du patriarche ? Michel Ezra Safra. Et voilà comment notre banquier, Edmond Safra voit son destin lié à celui du plus célèbre livre juif, dans une fiction.

Or, la légende veut que quiconque vend le Codex ou lui fait quitter la communauté d'Aram Tzova, le nom biblique en hébreu d'Alep, sera maudit. Chose qu'Edmond Safra prend très au sérieux.

Shamosh explique en effet dans un article du New York Times que peu de temps après la publication de son livre, Edmond Safra le somme de venir dans son bureau à Genève.

Le financier milliardaire a en effet eu vent du roman de Shamosh et s'inquiète grandement du fait que le nom de sa famille soit lié au déplacement du Codex, même s'il ne s'agit que dans un livre de fiction.

Il propose alors à l'écrivain de payer par chèque le montant qu'il voudra pour récupérer les livres. "Voilà. C'est à vous. Ecrivez le montant qu'il vous conviendra. J'achèterai tous les livres, vous pourrez ensuite en publier de nouveaux, en n'utilisant juste pas le nom de ma famille", aurait-il déclaré, complètement paniqué, à l'auteur.

Shamosh aurait alors essayé de raisonner l'homme terrorisé, lui rappelant que son livre n'est qu'un roman. Echec. Safra ne "veut pas provoquer le mauvais œil avec quelque chose qui entraînera assurément [sa] mort dans de terribles circonstances".

L'écrivain refuse bien évidemment. Qui croît encore à de telles sornettes ?

Une dizaine d'années plus tard, Edmond Safra obtient néanmoins de Rafi Sutton, qui joua un rôle majeur dans les services secrets israéliens, de déclarer en direct à la télévision que la famille du milliardaire n'a rien à voir avec le Codex et ses nombreux mystères. Sutton s'exécute, demandant d'ailleurs à Shamosh, également présent sur le plateau, d'affirmer publiquement que le livre Michel Ezra Safra et Fils n'est qu'une fiction. A son tour, l'écrivain s'exécute. Pour cela, Edmond Safra n'avait eu qu'à promettre à Sutton qu'il financerait une opération pour retrouver les pages manquantes du Codex. Mais après les déclarations du Sutton et Shamosh, Edmond Safra disparaît, et l'opération est annulée…

L'histoire touche à sa fin.

En effet, le financier juif est finalement retrouvé mort à son domicile à Monaco en 1999. Il ne s'agit pas d'une mort naturelle. Edmond Safra s'est en effet asphyxié dans son appartement suite à un incendie d'origine criminelle. Le mauvais œil ? Pas vraiment. C'est l'un des aides-soignants du milliardaire, Ted Maher, qui met le feu à l'immense domicile d'Edmond Safra avant de se poignarder pour faire croire à un cambriolage.

Les pompiers, à temps sur les lieux de l'incident, demandent alors à ce qu'on leur ouvre l'appartement. Mais Safra refuse, étonnamment. Il n'ouvrira que si la demande émane du chef de sa garde personnelle. Cela n'arrivera jamais.

Edmond Safra décède donc à l'âge de 67 ans dans des circonstances en effet terribles, comme il l'avait prédit à l'écrivain Shamosh. Etait-il vraiment maudit ? C'est un mystère de plus dans l'histoire du Codex d'Alep.

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