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Gâchis : Le Conseil économique, social et environnemental encore oublié de la grande conférence sociale
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Dommage...

La Conférence sociale qui s'ouvre ce lundi n'a pas lieu à l’Elysée, mais dans les murs qui abritent le Conseil économique, social et environnemental. Mais aucun membre de cette assemblée, pourtant très représentative de la société française, n'y a été convié. Une occasion manquée de prouver l'utilité de ce conseil et de justifier son coût de fonctionnement.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Un des grands classiques dans la recherche des économies possibles de l' Etat est la suppression du "Conseil économique social et environnemental", un magnifique palais de la République, 200 membres, autant de permanents et les services qui vont avec. "A quoi ça sert ?" La question est une critique permanente sous-jacente.

Inutile ? En tous les cas une belle idée puisque le concept fondateur est de réunir toutes les parties prenantes de la société civile qui ne sont en fait représentées nulle part ailleurs ; l'équilibre du conseil nécessite d'avoir autant de représentants des syndicats que du patronat et de courants de la société civile. Et tout cela dans le meilleur des mondes puisque les "avis " du conseil, répondant aux "saisines" du gouvernements ou aux "auto saisines" des membres eux-mêmes, ne peuvent par principe qu'être consensuels : il faut remettre des rapports qui suscitent l'adhésion des signataires. Au pays des bisounours tout le monde est d'accord et dans l'intérêt général !

Cela recouvre une certaine réalité, même si la nécessite du consensus empêche d'être audacieux dans les solutions et que cela se fait au détriment de la diversité des positions pour ne garder que ce qui unanimement accepté, chaque mot est revu jusqu'à l'accord de la commission concernée. Il faudrait bien sûr accepter de noter au moins les points de désaccord, les dissensus exprimés en marge seraient précieux... mais c'est une autre histoire.
Mais en fait que pouvons-nous attendre de ce sommet social ? C'est une réunion à la française, nous allons beaucoup jouer sur les mots, reprendre et essayer de convaincre sur de vieilles lunes telles que le contrat de travail, le code du travail, le temps de travail... Il est à craindre que chacun reste sur ses positions dans la mesure où les Français semblent s'attacher plus à une inflation sémantique qu'aux réalités financières ; il est à craindre que chacun reste dans son rôle : les représentants patronaux luttant contre le coût du travail et les impôts sur les entreprises qui seront une antidote à la croissance, les syndicats défendant les droits sociaux, et que l'on cherche indéfiniment les milliards manquants, chacun veillant à ce qu'ils ne soient pas pris sur eux ! C'est vrai qu'il faudrait un consensus, un esprit de sacrifice pour que sorte quelque chose de concret de ce sommet.
La vérité, c'est qu'en ce moment l'évolution des mentalités et les sujets de société souvent transversaux devraient donner au CESE une nouvelle dimension, encore faudrait-il qu'on tienne publiquement vraiment compte des rapports qui sont émis. Notre pays peine à se réformer, les idéologies politiques demeurent, même devant une réalité qui ne laisse pas de marge de manoeuvre ou d'alternatives, le moment idéal pour mettre en avant les travaux du CESE dont les conclusions sont si sages  puisque tout le monde  est d'accord ! Trop beau, trop rare !
Le président de la République fraîchement élu est venu accompagné de son Premier ministre faire un discours de politique générale (passé relativement inaperçu suite à un tweet malencontreux) ; pourtant il en ressortait que ce gouvernement "privilégiant le dialogue et la concertation" serait dans la droite ligne des travaux du CESE. Et les membres de se réjouir... un peu vite : l'annonce prometteuse consistant à faire se tenir le premier sommet social au Palais d'Iéna n'est qu'un effet non pas de manches mais de locaux.
Le Sommet social réunira les partenaires sociaux ainsi que d’autres non représentatifs, mais aussi des experts économiques et des associations telles que "Economie Solidaire" etc. Aucune explication n’a été donnée sur les critères de ces choix ; il paraît d'autant plus  surprenant que les représentants du Conseil Economique Social et Environnemental et que ses membres experts et "personnalités qualifiées" soient écartés, d'autant que les sujets qui vont faire l'objet des débats ont été traités et ont fait l'objet de rapports étayés.

Etrange, au moment où le Premier ministre déclarait vouloir saisir davantage cette assemblée représentative de la société français.
Le sommet social abordera de nombreux thèmes qui ont fait l’objet de saisines ; c'était l'occasion de prouver l'utilité de ce conseil, troisième assemblée de l'Etat, et même de justifier son coût de fonctionnement au yeux d'esprits critiques !

"Est-il normal que le Conseil Economique Social & Environnemental soit simplement utilisé comme Palais des Congrès ?", s'étonnent de nombreux membres.

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