La Libye, l'autre pays des droits de l'homme ?

Ok, ok : Moubarak ou le roi de Bahreïn, on aurait dû s’en apercevoir il y a longtemps, qu’ils étaient des dictateurs. Et pour Ben Ali, pire encore, on n’avait carrément aucun doute sur la question… Non, vraiment, la diplomatie française s’est montrée en dessous de tout en ne prenant pas plus tôt la mesure de ce qui se passait chez ces crapules.

D’accord, on ne voit pas vraiment quelles initiatives concrètes elle pouvait prendre une fois ce constat établi, mais elle aurait pu commencer par s’indigner Hessel style. S’indigner, ça ne coûte pas cher et ça fait même vendre des livres…

Maintenant, pour Kadhafi, désolé, mais il est bien normal de tomber des nues. Car enfin, comment concevoir qu’un pays élu, en 2003, à la présidence de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies soit dirigé par un tyran sanguinaire ? Ca n’aurait aucun sens !

Tiens, cette année-là, 33 des 53 pays que comptait cette structure avaient voté en faveur de la représentante à Genève du bouillant colonel, Cuba en tête… Il faut dire que Najat Al-Hajjaji, c’est son nom, est une incontestable militante du respect de la personne humaine : en 2009, c’est à elle qu'allait revenir l’honneur de mener les débats de la conférence mondiale contre le racisme de Durban. Vous savez bien, ce raout où les ONG du monde entier viennent entendre Mahmoud Ahmadinejad expliquer qu’Israël est un Etat raciste et que la Shoah est essentiellement une querelle d’historiens…

Un prix « Kadhafi des droits de l'homme »

Et franchement, peut-on sérieusement douter de la moralité d’un leader qui remet chaque année un « prix des droits de l’homme » portant son nom a des personnalités aussi hostiles au grand capital ou à la CIA que Louis Farrakhan (1996), Fidel Castro (1999), Evo Morales (2000), Roger Garaudy et Jean Ziegler (2002), Hugo Chavez (2004) et Daniel Ortega (2010) ?

Non, vraiment, encore aujourd’hui et alors que les Mirage survolent Tripoli et que Seif el Islam, fiston en chef, promet des rivières de sang en lieu et place des fleuves de lait et de miel qui coulaient jusqu’à présent au pays de la démocratie de masse, on se frotte les yeux, incrédule…

Quoi, le supporter inlassable de toutes les grandes causes du siècle écoulé, de Septembre noir à l’ETA, de l’IRA aux Brigades rouges, serait un dictateur ? Oui, les bras nous en tombent… Mais bon, il faut bien se rendre à l’évidence : Kadhafi n’était pas le brave type que l’on disait et la Libye n’est définitivement plus « l’autre pays des droits de l’homme ».

Et c’est tout de même terrible, cette remise en cause de ce que l’on prenait pour une évidence. Tiens si ça se trouve, la Hollande n’a jamais fait de fromage et personne n'a encore osé nous prévenir…