Crise mondiale : les perspectives pour 2021 sont plus claires mais le rebond attendu sera plus faible, surtout en Europe<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Crise mondiale : les perspectives pour 2021 sont plus claires mais le rebond attendu sera plus faible, surtout en Europe
©JOEL SAGET / AFP

Atlantico Business

Les organisations qui, dans le monde, fabriquent des prévisions d’activité sont toutes au diapason. Elles diagnostiquent un rebond en 2021, mais plus faible que prévu. Ce rebond ne permettra pas d’effacer l’effondrement de 2020 surtout en Europe. Alors que la Chine va ressortir renforcée de ce séisme.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

La plupart des grandes organisations internationales, l’OCDE, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, ainsi que les instituts de conjoncture à l’échelle régionale en Europe notamment, toutes ces « usines » qui analysent la macroéconomie et produisent des prévisions sont à peu près au diapason. Les perspectives économiques se sont éclaircies à la fin de l’année. Tous les experts prédisent un rebond, mais alors qu’il y a deux mois, tout le monde espérait que ce rebond serait violent au point d’effacer l‘effondrement de 2020, les experts aujourd’hui ont un peu révisé à la baisse leur prédictions, notamment sur l’Europe où ce rebond sera plus mou que prévu, ce qui brouille la visibilité budgétaire des pays de l’Union européenne et hypothèque les capacités à assumer les endettements publics considérables contractés par tous les pays de l’Europe du Sud, notamment la France.

L’OCDE résume assez clairement une situation globale ressentie par la plupart des pays développés. Parce que les vaccins sont arrivés plus tôt que prévu, parce que les pays ont fait preuve de coopération dans la distribution de ces vaccins et du redéploiement, les acteurs de la vie économique ont retrouvé une certaine confiance qui va consolider la reprise... sauf qu’il existe encore beaucoup d’incertitudes qui risquent de freiner les décisions d’investissement, de consommation et d’échanges internationaux et prolonger l’état de faiblesse.

Pour l’OCDE, les campagnes de vaccination, l’adoption de politiques sanitaires concertées et les aides financières publiques devraient permettre au PIB mondial d’augmenter de 4,2 % en 2021 après avoir reculé de 4,2 % en 2020.

Si les vaccins sont déployés plus rapidement, si ces vaccins permettent de se défendre contre les mutations du virus, ces vaccins doperont la confiance et atténueront l’incertitude, la reprise sera plus vigoureuse.

À l’inverse, des retards dans la vaccination, des difficultés à contenir de nouvelles poussées épidémiques et une incapacité à tirer les leçons des premières vagues assombriraient les perspectives.

Le rebond sera plus robuste en Chine et dans les pays asiatiques qui sont parvenus à maîtriser le virus, mais même à la fin de 2021, de nombreuses économies n’auront pas retrouvé leurs niveaux pré-pandémiques de 2019. Ce sera notamment le cas des pays européens. Le tableau publié par l’OCDE est d’une efficacité redoutable pour mesurer les impacts de la crise au niveau mondial.

Le FMI et la Banque mondiale semblent sur la même ligne. A la fin de l’été dernier, le FMI avaitqualifié la reprise de l’économie mondiale de « longue et difficile ascension ». Selon ses prévisions publiées en octobre, la récession mondiale en 2020 serait moins importante que prévu (– 4,4% contre – 5,2% annoncés en juin dernier), mais la reprise sera aussi plus lente en 2021 (5,2 % contre 5,4 % annoncés en juin dernier), compte tenu des nouvelles incertitudes également mentionnées par l’OCDE.

Sur le bilan 2020 de la crise au niveau mondial, le FMI était sur la ligne retenue par l’OCDE en fin d’année, et d’ailleurs également par les banquiers centraux (FED et BCE).

Tout le monde a donc légèrement révisé à la hausse les prévisions 2020 et ces prévisions ont été vérifiées. Le trou a été moins sévère que ce qu’on aurait pu croire. Cette légère révision à la hausse des résultats 2020 par rapport aux prévisions s’explique en grande partie par un rebond plus rapide qu’attendu au deuxième trimestre dans les économies avancées, grâce à des plans de soutien massifs qui ont protégé les actifs de production. C’est comme si on avait fait la guerre sans bombardement, et donc sans destruction d’actifs physiques. Hormis les victimes humaines.

Comme toujours, la statistique mondiale dissimule les disparités régionales. Pour une récession mondiale qui sera en moyenne de 4,2% ou 4,4%, la récession atteindra –9,8 % en France contre une moyenne de – 8,3 % dans la zone euro et – 4,3 % aux États-Unis. Les pays émergents (à l’exception de la Chine) sont au contraire les plus touchés, particulièrement la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Ce qui est intéressant, c’est qu’il se passe en économie avec le Covid ce qu’il se passe en santé humaine. Les économies à risque sont comme les sujets à risque, elles sont plus gravement atteintes. La crise du Covid-19 a stoppé net un rattrapage économique qui durait depuis des décennies. Les émergents ont cessé d’émerger. Le FMI avance plusieurs raisons : « La pandémie qui continue de se propager alors que les systèmes de santé sont saturés, la plus grande importance des secteurs durement touchés comme le tourisme, et la dépendance plus élevée aux financements extérieurs, y compris les transferts d’argent envoyés par les migrants. » Contrairement aux pays développés qui peuvent s’endetter sans craindre un défaut de paiement, la marge de manœuvre des émergents est limitée, sauf une fois encore pour la Chine et beaucoup de pays asiatiques.

En Europe et particulièrement en France, on a plongé plus que dans les autres pays développés et on mettra plus de temps à en sortir.

La Banque de France a chiffré à 9% l’effondrement de 2020, un peu moins mal que ce qui était prévu par Bercy trois mois avant, mais la Banque de France estime que le PIB français augmentera de 5% en 2021, le rebond ne sera pas aussi fort que ce qu’on croyait et ne permettra en aucun cas de rattraper les niveaux d’activité de 2019. Il faudra attendre 2023 pour se retrouver au niveau d’avant la crise. Bercy est légèrement décalé par rapport à ces chiffres. Bercy a cru que l’effondrement de 2020 était plus proche de 11% que de 9%. C’est d’ailleurs les chiffres de l’Insee. En revanche, Bercy a parié sur un rebond 2021 de 6 % minimum, c’est d’ailleurs sur cette hypothèse que Bercy a construit son budget 2021. On va donc en France être obligé de corriger le tir à cause des incertitudes sanitaires liées à la gravité de la pandémie et aux difficultés d’approvisionnement en vaccins.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !