Boycott pour "attaques contre l’islam" : saurons-nous éviter notre guerre du Liban à nous ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron critiqué monde musulman caricatures de Mahomet critiques boycott produits français
Emmanuel Macron critiqué monde musulman caricatures de Mahomet critiques boycott produits français
©AHMAD GHARABLI / AFP

Clash des confessions

Après les critiques de Recep Tayyip Erdogan et suite à l'appel au boycott des produits français dans certains pays musulmans, Emmanuel Macron a réaffirmé ce dimanche ses valeurs et son rejet des "discours de haine". La gauche identitaire, censée être porteuse historiquement de la laïcité, a-t-elle une responsabilité dans cette "libanisation" des esprits ?

Céline Pina

Céline Pina

Née en 1970, diplômée de sciences politiques, Céline Pina a été adjointe au maire de Jouy-le-Moutier dans le Val d'Oise jusqu'en 2012 et conseillère régionale Ile-de France jusqu'en décembre 2015, suppléante du député de la Xème circonscription du Val d'Oise.

Elle s'intéresse particulièrement aux questions touchant à la laïcité, à l'égalité, au droit des femmes, à la santé et aux finances sociales et a des affinités particulières pour le travail d'Hannah Arendt.

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Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Vincent Tournier

Vincent Tournier

Vincent Tournier est maître de conférence de science politique à l’Institut d’études politiques de Grenoble.

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Atlantico.fr : Avec l’appel au boycott des produits français effectué dans un certain nombre de pays musulmans, la question de l’attitude des musulmans français ne peut qu’être mise en lumière. Quelles sont leurs allégeances et que vont-ils choisir de défendre ? Le NotInMyName existe et certains imams ont le courage de s’opposer à cette pression islamiste mais ils restent limités. Comment expliquer cette faible mobilisation de leur part et comment les "rattraper" dans le giron républicain ?

Guylain Chevrier : A travers les réactions violentes que l’on voit à l’échelle internationale, dans les pays arabo-musulmans, dans le contexte des lendemains de l’attentat contre Samuel Paty et la mise en cause de l’islamisme dans notre pays comme origine à celui-ci, on découvre la lune, à savoir, qu’aucun de ces pays n’a séparé le religieux du politique, allant de la théocratie à la religion d’Etat. Rien ne doit donc nous étonner ici, l’islamisme est un phénomène résolument international et largement toléré sinon encouragé ici ou là. Certains positionnements de l’ONU ne nous aident d’ailleurs pas beaucoup à cet endroit, qui milite plus aujourd’hui pour la reconnaissance des minorités et donc, le multiculturalisme, la liberté religieuse, que pour l’égalité des droits. 

"Not in my name" (pas en mon nom) : c'est par cette formule que les jeunes musulmans britanniques tentent de se mobilisent contre les amalgames entre islam et extrémisme religieux, une campagne lancée sur les réseaux sociaux. Très bien, mais en réalité, ils sont nombreux à l’étrangers et plus particulièrement en France, à refuser toute distance vis-à-vis des textes religieux de leur culte. L’idée diffusée par les fondamentalistes que le coran par exemple serait incréé, et donc directement donné au prophète par Dieu, interdisant toute interprétation pouvant s’en écarter, de le contextualisé, voire d’en faire un objet de l’histoire, est un facteur de résistance très important à s’adapter à notre société. Toutes les religions sont issues de sociétés patriarcales et violentes, qui remontent à des siècles et des siècles, et refuser de prendre une certaine distance avec les textes religieux, des dogmes habités par la volonté d’imposer leur vision du monde, comprend évidemment des dangers et des incompréhensions, un télescopage avec la modernité démocratique.

Aujourd’hui, l’essentiel des catholiques à un groupe très minoritaire près, regarde la bible comme un guide morale individuel, personnel, une question de for intérieur, mais plus comme un dogme religieux devant s’appliquer à chacun comme à tous, en s’imposant au-dessus de la loi commune. Il a fallu des siècles d’histoire pour en arriver à ce que la croyance passe du statut de valeur sacrée au-dessus de tout, à ne relever que de la vie privée dans notre société, par tout un processus d’autonomisation du politique au regard du religieux, avec 30 ans terribles de Guerres de Religion au XVIe siècle en France et quelques révolutions, de celle de 1789 à la Révolution industrielle qui a vu l’affirmation de l’individu à travers la constitution d’un salariat urbain de masse, chacun étant rémunéré pour lui-même pour casser les anciens cadres communautaires villageois, familiaux et religieux, où l’individu n’existait que peu ou pas. D’ailleurs, les catholiques se sont inscrits bon gré mal gré, parfois à l’aune de rapports de force avec leur Eglise, dans une histoire de la société française où se sont progressivement affirmés des libertés et droits individuels, l’autonomie de la personne, ce qui n’a pas été sans poids dans le fait que les Républicains aient pu mener l’entreprise laïque jusqu’à la Séparation des Eglises et de l’Etat.

Une étude de l’Observatoire Sociovision, de novembre 2014, décrivait très bien la situation et ses risques, que l’on n’a pas voulu voir, bien que la presse s’en soit fait le reflet. Elle exposait les données suivantes : Pour 82% des Français, la religion est une question privée, les signes d’appartenance religieuse doivent rester discrets en public. Mais la moitié (47%) des musulmans souhaitent une société où chacun peut exprimer publiquement son appartenance religieuse. Concernant la possibilité de prier sur son lieu de travail, 62% des musulmans interrogés y étaient favorables et seulement 15% des catholiques, 78% sur le total de la population française étaient contre. On voit ici clairement se manifester un problème épineux d’intégration de d’une partie des membres de notre société qui s’est encore accentué. Le dernière enquête d’opinion sur le sujet réalisée à l’occasion de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015, commandé par Charlie Hebdo à l’Ifop afin de mieux cerner l’état de l’opinion sur les combats menés par le journal satirique révèle que les musulmans sont deux fois plus nombreux (40%) que l’ensemble des Français (17%) à faire passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République, sachant que cette proportion est très largement majoritaire chez les jeunes musulmans de moins de 25 ans (74%). Une autre étude de l’Ifop en septembre 2019 indiquait que le port du voile est passé de 24% au début des années 2000 à 31% en septembre 2019. Ce qui en dit aussi long sur le processus d’enfermement communautaire. Il faut reprendre ces thèmes et ne pas hésiter à en faire, par-delà l’examen des caricatures dans les établissements scolaires, sujets de débats en engageant un dialogue sincère avec l’ensemble de nos concitoyens et tout particulièrement parmi eux, ceux de confession musulmane, et encore plus avec les jeunes, et sans détour.

Céline Pina : Les pays musulmans qui ont appelé à un boycott officiel ne font pas partie des pays les moins liés aux islamistes. Le Qatar, par exemple, est une des bases des frères musulmans et les qataris investissent pour financer l’emprise frériste de par le monde. Ils sont des agents actifs de la diffusion de l’islamisme. A ce titre, leur appel au boycott de la France est logique, ils défendent leur investissement idéologique et durcissent le rapport de force pour faire céder la France et envoyer un message aux croyants. On est ici au cœur du fantasme islamiste : être les propriétaires de l’Oumma et que leurs ordres engagent chaque musulman, quels que soient son origine, son lieu de vie, ses choix personnels, ses aspirations… Dans le rêve des islamistes, les musulmans sont les simples instruments de leur idéologie, des outils, des pions et non des hommes dotés de raison et de sensibilité. 

Les Français de confession musulmane sont assaillis par cette propagande. Or s’ils ne sont pas intégrés, ils ont très peu d’armes pour s’en défendre. En effet, les pays musulmans fonctionnent selon une logique tribale, autrement dit seul est reconnu le « Nous », le « je » n’existe pas. L’inégalité en droit est le fondement des sociétés et l’égalité est refusée à raison du sexe, mais aussi de l’origine, de la confession, du statut social… Les libertés publiques ne sont pas garanties, l’émancipation est vue comme une trahison. Dans les rapports avec les services publics, la force et l’argent sont souvent la meilleure manière d’avoir gain de cause et les relations sociales sont fondées sur le clientélisme et l’influence plus que sur la notion d’égalité des droits et la légitimité des aspirations personnelles. Or les seules références mises en avant dans les cités et cautionnées à la fois par nombre de familles musulmanes comme par les islamistes sont ces références claniques et tribales, cela explique la force de pénétration de la propagande islamiste dans les esprits : la logique des fanatiques et la logique tribale sont parfaitement compatibles. Cela explique aussi la difficulté pour nombre d’habitants des quartiers à se positionner. La plupart est horrifiée par le meurtre et le fait de faire couler le sang. Mais les mêmes sont tétanisés face au blasphème et savent que la punition du blasphème est la mort. Ils trouvent donc le passage à l’acte indéfendable mais ont du mal à le condamner absolument. Ils trouvent la sanction exagérée, mais pensent qu’il est légitime qu’il y ait sanction. Le fait que les jeunes soient les plus virulents incite à nous pencher sérieusement sur la question de l’école : la France n’est pas un pays neutre, elle a des valeurs, des principes, un esprit et des lois et l’école doit transmettre le fait que notre contrat social n’est pas « neutre ». Aujourd’hui elle ne peut le faire car certains de ses personnels sont soit inconscients de cette partie de leur mission, soit la refusent. Il faudra aussi regarder cela en face.

En revanche, quand on discute avec des Français de confession musulmane parfaitement intégrés et qui ont un bon niveau d’éducation, ils sont les premiers à démonter les logiques intégristes, archaïques et patriarcales des islamistes et à revendiquer liberté de conscience et égalité des droits. Aujourd’hui ceux qui nous alertent le plus des dangers de l’islamisme sont des algériens qui ont subi 10 ans de guerre civile et de massacre. Aujourd’hui, on n’est pas loin de l’heure de vérité et je crois qu’il va falloir traiter les personnes en fonction justement des allégeances choisies. Voilà pourquoi je crois qu’il faut supprimer la double nationalité, sauf pour les pays membre de l’Union européenne. Pourquoi ? Parce que l’on ne peut appartenir à deux systèmes opposés. Un où l’égalité entre les hommes est la base de la société politique et un qui refuse cette notion d’égalité en droit. On ne peut servir deux maîtres, surtout quand l’un veut la peau de l’autre. Il va falloir choisir et cela permettra de faire un premier tri. Et surtout, on arrête tout de suite les chantages aux ressortissants en mode Erdogan ou pays du Maghreb, où le fait de garder la main sur sa diaspora est une façon de l’empêcher de s’intégrer et d’aspirer une partie de la richesse produite sans avoir aucune dépense de solidarité à effectuer.

Bref on peut constater qu’il y a des mouvements, encore marginaux, de musulmans ou d’imams qui se revendiquent vraiment de la république, comme Hassen Chalgoumi qui nous change des hypocrites à la Tarek Oubrou ou Mohamed Bajrafil, qui se délivrent des brevets de républicanisme, mais n’ont jamais dénoncé l’idéologie islamiste qu’ils ont longtemps défendus, ni ne se sont excusés pour avoir travaillé à radicaliser nombre de jeunes musulmans durant de nombreuses années, pas plus qu’ils ne réfutent les thèses des soi-disant « savants islamistes » qui appellent au jihad comme Qaradawi. Ceux-là représentent un espoir. 

Enfin pour ramener une partie d’une population travaillée par des prédicateurs radicaux, il faut trois choses : supprimer la double nationalité, redevenir fier de ce que nous sommes en tant que Français, transmettre nos principes et rappeler que c’est notre culture qui s’impose à ceux qui veulent s’installer et vivre chez nous, enfin sanctionner fermement et sans trembler les atteintes à nos lois et mœurs et les signes comme le foulard qui sont contraires à notre civilité et bafouent l’égalité femme/homme. Bref il faut de la clarté et du courage.

Vincent Tournier : Il y a en fait deux questions qui sont très liées : d’une part, comment expliquer la faible mobilisation des musulmans face à l’islamisme et, d’autre part, vers qui leur cœur balance ? Ces questions sont liées parce que la population musulmane est globalement mal intégrée dans la communauté nationale. Rappelons d’abord qu’entre un quart et un tiers des musulmans sont des étrangers et qu’une proportion importante d’entre eux est issue d’une immigration récente. Beaucoup ont aussi la double nationalité, ce qui ne facilite pas l’intégration. De plus, les musulmans ont un niveau d’études rudimentaire et connaissent mal la culture française, ou n’ont pas envie de la connaître, voire la rejette. Bref, la France en tant que pays demeure souvent une réalité lointaine. Si l’on ajoute à cela le fait que les militants islamistes occupent le terrain de manière très active, qu’ils donnent le ton dans beaucoup d’endroits, souvent par l’intimidation, et qu’il existe en France un discours très critique sur la France de la part des milieux culturels et médiatiques, on comprend que beaucoup de musulmans ne développent pas un solide sentiment d’allégeance envers leur pays d’accueil. Pour toutes ces raisons, leur cœur ne penche pas spontanément vers la France dans les situations de crise ou de tension. C’est ce que l’on avait repéré lors de la guerre du Golfe en 1990-1991 ou bien lors de l’invasion de l’Irak en 2003, où seule une minorité de musulmans soutenait le camp occidental. De même, la communauté musulmane est restée largement à l’écart des manifestations qui ont suivi les attentats en France. Cette absence de participation aux « communions » nationales aurait dû inquiéter davantage et générer une réflexion sur notre politique d’assimilation. Cela étant, les appels au boycott ont-ils une chance d’être relayés et mis en application en France ? Ce n’est pas évident, justement parce qu’une grande partie d’entre eux sont peu politisés et peu intéressés par les questions politiques. En tout cas, cela sera un test supplémentaire pour vérifier si leur identité religieuse passe avant leur identité nationale, et peut-être aussi avant leurs habitudes de consommation.  

Avons-nous passé trop de temps à minorer le problème posé non pas par les musulmans en tant que tels mais par la théologie musulmane (avec des concepts tels que l'oumma, la conquête, la non-séparation entre religieux et civil etc.) ?

Guylain Chevrier : Derrière la réalité à laquelle nous nous affrontons il y a le développement de l’influence des thèses des Frères musulmans et du salafisme que l’on a laissé proliférer dans notre pays, telle une véritable contre-société. Cette influence a pu faire son œuvre, encourageant à faire de la religion un instrument de révolte contre notre société, à refuser toute adaptation pour mieux se victimiser et rabattre les problèmes sociaux sur ceux des discriminations. Créant de graves tensions. C’est cela dont il semble que l’on ait pris conscience, que cette toile de fond idéologique à fondement religieux en est aujourd’hui à constituer un facteur d’affrontement avec de nombreux croyants musulmans qui loin d’être plus intégrés sont sortis du cadre républicain pour investir une logique de repli communautaire qui se traduit par un communautarisme qui est le terreau de la radicalisation. Hormis quelques imams éclairés qui tentent une autre approche, trop de religieux et de croyants musulmans expriment, à travers le refus de toute critique de leur religion par le recours au procès en islamophobie, l’aveu de leur incompréhension de ce qui est en train de se jouer : leur acceptation ou non de la séparation du politique et religieux que leur religion au contraire mélange, car l’islam est un culte et à la fois un projet de société entre autres, à travers la charia. C’est un enjeu vital, de cohésion nationale au risque de divisions violentes. L’Algérie, il y a peu, à travers la condamnation d’un militant du mouvement Hirak à 10 ans de prison pour « incitation à l’athéisme », est des pires exemples. La foi est ainsi portée au rang de doctrine du droit. Dans le même contexte, c’est Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan (Parti islamiste l'AKP), qui fait le procès de la France parce qu’elle pointe la réalité de l’islamisme qui continue de faire des victimes, par des actes de barbarie. En 2014, il avait affirmé sans détour que les femmes ne pouvaient pas être considérées égales aux hommes. « Notre religion (l'islam) a défini une place pour les femmes (dans la société) : la maternité », assurant qu'hommes et femmes ne pouvaient pas être traités de la même façon « parce que c'est contre la nature humaine ». Ceci, alors qu’en France nous avons des responsables du culte musulman qui continuent de nier que dans le coran il y ait quoi que ce soit de discriminatoire envers les femmes, alors que la sourate IV en est précisément l’affirmation. Cette ambiguïté qui a été aussi facilité par des médias et des politiques complaisants, n’est pas pour rien dans ce qui peut pousser au conflit avec une part de nos concitoyens de confession musulmanes qui se laissent entraîner ce déni.

L’idéologie relativiste défendue par tout un courant de pensée et des intellectuels, particulièrement se réclamant de la gauche, a aussi là ses responsabilités. On avance que toutes les cultures se valent au nom de ne blesser personne, mais par là on dévalorise une conquête du principe de liberté, dont de la liberté de conscience, de portée universelle, qui a été capitale pour l’émancipation humaine, banalisant ainsi ce sur quoi se construit l’avenir. Ce qui implique nécessairement une évolution de la place que l’on donne à sa croyance, en admettant que le droit fondé sur la loi civile prévale sur la foi, ce qui n’a rien d’un acquis spontané.

Céline Pina : Ce que nous affrontons n’est pas un problème théologique. Il s’agit ici d’islam politique. Les concepts que vous évoquez sont liés à la boîte à outil des islamistes. Il n’y a pas de combat théologique à mener. Aujourd’hui il faut s’attaquer aux personnes, organisations et casemates qui maillent le pays et diffusent une idéologie qui veut notre destruction en tant que peuple et civilisation. Attaquons-nous au réel, aux imams violents, aux présidents d’association radicalisés, traquons les financements étrangers et arrêtons de subventionner via des baux emphytéotiques, la construction de mosquée. En revanche le contenu d’une religion n’est pas de notre ressort. D’ailleurs le problème n’est pas le texte mais le rapport au texte. Spinoza a fait le travail pour nous libérer du surplomb écrasant de la bible et montrer que l’on pouvait prendre de la distance avec les textes sacrés. Aucun texte n’est incréé et l’immense majorité des personnes éduquées le sait. Et si c’était le très bas niveau de culture et de connaissances qui expliquait plus un rapport très terre à terre au texte sacré et une soumission à la parole des imams que la nature même de l’islam ? Et s’il n’y avait de religion que d’hommes et qu’en élevant ces derniers, la nature totalitaire de la référence divine diminuait ? Auquel cas il y aurait de l’espoir pour tous : pour la France, pour les musulmans et pour l’islam.

Vincent Tournier : C’est en effet un de nos grands problèmes. Dans une société sécularisée comme la nôtre, les enjeux théologiques paraissent peu importants. On a du mal à considérer que la religion puisse avoir un pouvoir de conditionnement et d’entraînement sur les individus. De là vient ce réflexe désormais routinier qui pousse à expliquer le fanatisme religieux par la folie, ce qui est une manière de se débarrasser du problème. 

Plus largement, on a tendance à partir du principe que les religions sont toutes comparables et qu’elles sont fondamentalement malléables. Autrement dit, on pense que les religions sont toutes plus ou moins proches, si bien que ce qui compte, c’est surtout ce qu’en font leurs fidèles. Naturellement, les religions sont faites par les hommes. Mais il faut aussi admettre que chaque religion forme un système cohérent doté de sa propre autonomie, sur lequel les individus ont peu de pouvoir. Par exemple, sur l’égalité entre les hommes et les femmes, certains vont relativiser les problèmes posés par l’islam en disant que le catholicisme est lui aussi une religion sexiste, ce qui est à la fois vrai et faux : c’est vrai parce que toutes les religions établissent des différences entre les sexes mais c’est faux parce que les formes comme les implications de ces différences ne sont pas identiques selon les religions. On peut même se demander si l’émancipation des femmes dans le monde catholique (émancipation certes incomplète et relative, mais néanmoins bien réelle) n’a pas constitué l’une des conditions fondamentales de l’essor de la civilisation occidentale. On retrouve des débats comparables sur les liens entre la religion et l’Etat, ou encore sur le rapport à la violence et à la guerre. C’est ainsi que de nombreux intellectuels soutiennent que toutes les religions sont violentes. Comme ils se heurtent à la notion de djihad, ils vont être amenés à soutenir que le djihad n’a rien à voir avec la guerre, ce qui revient à dire que les musulmans se trompent sur l’interprétation de leurs propres textes depuis 1300 ans.

De tels débats sur les religions sont fondamentaux. Il faudrait les relancer pour éviter d’avoir des élites qui manquent de culture religieuse. Une étude comparée des religions devrait maintenant figurer dans la formation des futurs dirigeants. De toute façon, on voit mal comment on pourrait y échapper, vu la nature des défis qui nous attendent.

La gauche identitaire, censée être porteuse historiquement de la laïcité, a-t-elle une responsabilité dans cette "libanisation" des esprits, dans le sens où elle a alimenté le climat consistant à assimiler la défense de la liberté d'expression et de conscience à du racisme ?

Guylain Chevrier : Nous connaissons une situation qui tient particulièrement au laisser faire de nos gouvernants depuis des années. On pourrait se référer aux premiers voiles dans une école à Creil en juin 1989, face à quoi il fut répondu par Lionel Jospin ministre de l’Education nationale et le Conseil d’Etat, que chaque établissement faisait ce qu’il voulait, ce qui était un abandon terrible de l’école laïque à ceux qui s’y attaquaient, comme à la clé de voûte de notre République. Il a fallu quinze ans pour que la loi du 15 mars 2004 vienne y réaffirmer la laïcité, et ainsi, l’égalité de toutes et tous, alors que le voile est, on le sait, porteur d’un message religieux, qu’on le veuille ou non, discriminatoire entre les sexes. Le candidat Hollande s’était engagé à constitutionnaliser la loi du 9 décembre 1905 pour qu’elle ne soit plus en risque d’être retouchée par la voie de la loi ordinaire, mais y a renoncé. Au lieu de cela, il a créé en lieu et place du Haut conseil à l’intégration un Observatoire national de la laïcité dont le président Jean-Louis Bianco a clamé, dès ses débuts, qu’il n’y avait pas de problème avec la laïcité en France. On comprend que dans les circonstances actuelles il soit remis en cause. Il faut dire qu’il n’a cessé de pratiquer depuis le déni avec en réaction plusieurs démissions de ses membres. La ministre de l’Education nationale de la majorité présidentielle précédente, Madame Najat Vallaud-Belkacem, par une déclaration a remis en cause la circulaire Chatel, qui avait réglé le problème des accompagnatrices voilées lors des sorties scolaires, imposant leur neutralité à l’image les missions de l’école publique qui, dans ses murs ou à l’extérieur, ne changent pas, et sont laïques. On a ainsi ouvert les vannes à un pression communautaire qui ne laisse aucune alternative à celles qui doivent porter le voile sous la pression du « regard du quartier », comme une mère voilée s’en confiait à un directeur d’école qui me l’a rapporté. La ministre devait en finir avec les ELCO, ces enseignements de langue et culture d’origine, donnés hors des heures de cours par des enseignants choisis par les ambassades des pays d’origine des enfants appelés à les suivre, dans les locaux mêmes de l’Education nationale. Ils étaient décriés dans un rapport confidentiel remis au premier ministre en 2015 parce que « certains cours s’apparentaient à des catéchismes islamiques », mais rien ne fut fait. On attend qu’on en finisse enfin avec ce système.

La France insoumise, censée reprendre le flambeau de la laïcité à gauche, lui a depuis 2012 tourné le dos et c’est peu dire, entre sa député Obono qui se vante de soutenir l’ancienne porte-parole des « Indigènes de la République » qui ne dénie pas d’être homophobe et antisémite, à l’intégration de militants de l’islam politique comme Youcef Brakni, animateur du Comité Adama, ou Madjid Messaoudène, qui s’était fait remarquer en se moquant de l’émotion suscitée par les attentats effroyables de Mohammed Merah, dont l’exécution de trois enfants dans une école juive. Sans oublier un mouvement écologiste pro-communautariste qui est prêt à tous les accommodements déraisonnables et n’a aucun recul sur le sujet. Tout ce beau monde ayant appelé à la manifestation dite « contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019, avec le premier dirigeant de la CGT Philippe Martinez, rompant avec le principe d’indépendance de ce syndicat vis-à-vis de tout courant religieux. Une manifestation se terminant aux cris d’Allah Akbar à l’initiative de l’ancien directeur du CCIF, Marwan Muhammad. On notera en complément qu’un certain Conseil National de la Nouvelle Résistance, censé reprendre lui le flambeau du Conseil national de la résistance, a inscrit dans ses premiers responsables une certaine Fatima Ouassak, qui n’est autre que la Porte-parole du Syndicat du Front de Mères, organisation qui explique que l’école de la République est par essence raciste, et mène son combat au nom de sa foi musulmane…

Cela étant, il faut revenir aux origines du problème, que constitue sans doute un Conseil Français du Culte Musulman vu par Nicolas Sarkozy ministre de l’intérieur comme instrument de contrôle des croyants de ce culte et particulièrement des jeunes des quartiers, prolongeant la politique des Grands frères pratiquée par d’autres avant lui. Cette institution a fonctionné comme un organe assignant tout particulièrement nos concitoyens d’origine maghrébine, à une identité religieuse avant tout, ce qui a été un vecteur du communautarisme, et de la déviance de notre République vis-à-vis de ses buts. Cette institution au regard de l’état actuel est un échec cuisant et nourrit l’idée d’une dérive post-coloniale de l’Etat, à avoir ainsi cru pouvoir ramener ceux issus de la décolonisation pour beaucoup à être contrôlés dans leur rapport avec leur pays d’adoption, la France, par l’entremise de leur religion réelle ou supposée. On pourrait aussi se référer au clientélisme politico-religieux qui n’a cessé de s’affirmer, avec des élections municipales qui ont été marquées par une multiplication de candidates voilées mises en avant sur les affiches de campagne de différents bords, même si les verts remportent le pompon dans ce domaine en étant clairement favorables à un multiculturalisme juridique que symbolise leur soutien régulier au burkini dans les piscines. On n’oubliera pas non plus le rôle du Conseil d’Etat, qui n’a cessé de céder à ce mouvement, en faisant entrer dans la norme bien des accommodements qui ont entrainé la France sur la pente d’un multiculturalisme qui pousse notre République contre elle-même.

Il faut résolument tourner cette page d’accommodements et de clientélisation, et inverser la tendance en clarifiant les enjeux, si nous voulons espérer que tout ceci ne se finisse très mal. Aucun pays arabo-musulman qui a rejeté l’islamisme n’a pu le faire sans en passer par la guerre.

Céline Pina : Cette gauche a une immense responsabilité dans ce qui s’est passé car le discours sur la France raciste a été porté, non seulement par cette gauche dévoyée qui se dit antiraciste alors qu’elle voit tout par le biais de la couleur de la peau, mais aussi par le parti socialiste, auquel j’appartenais, et qui pouvait tenir dans les banlieues des discours que ne renierait pas le pire indigéniste. C’est pour cela qu’ils ont du mal à être clairs : ils n’ont pas perdu leur chemin, ils ont sciemment investi sur le clientélisme et la haine sociale. Aujourd’hui, pour le reconnaître, il faudrait qu’ils se renient en partie mais pour cela il faut aimer son pays plus que sa carrière. C’est dire si la prise de conscience n’est pas pour demain. Pour être tout à fait honnête les lignes sont quand même en train de bouger au parti socialiste mais le chemin est encore long pour une totale clarté.

En tout cas ce discours qui vise à faire croire à une population qu’elle est persécutée pour l’enfermer dans une logique communautariste et l’amener à rejeter le pays où elle a pourtant sa place est un construit qui n’est pas purement indigéniste. Il a alimenté les stratégies clientélistes de nombre de villes de banlieue. La démarche se fait en plusieurs temps : acte 1, il s’agit de miser sur la victimisation en créant un story telling faux de persécution. Acte 2, on fait monter en puissance la haine et on incite au passage à l’acte en construisant des représentations où combattre ou tuer n’est pas monstrueux, mais est un acte de justice puisqu’il s’agit d’éliminer des gens qui sont en fait des bourreaux. Si l’acte 1 est un discours bien partagé par les spécialistes du clientélisme politique, l’acte 2 est en revanche à mettre au crédit de la gauche indigéniste et des islamistes. Ils ont souvent été aidés dans leur entreprise de déshumanisation de leurs cibles par des journalistes et politiques qui se veulent progressistes. Edwy Plenel est l’exemple le plus connu, mais pas le seul.

Le but du jeu est ici de censurer ceux qui osent parler et d’inciter les courageux à l’autocensure en montrant ce qu’il advient de ceux qui refusent de se plier aux injonctions du politiquement correct ou au discours sur la persécution des musulmans alors que le réel nous montre que l’on tue les nôtres au nom de l’islam. Pour faire ce travail, des intellectuels ont même fait des listes, comme Daniel Lindberg, classant chez les réactionnaires tous ses adversaires idéologiques. Et puis puisque cela n’était pas assez insultant, tous ceux qui se sont dressés contre l’islam politique ont été qualifiés de racistes ou de fascistes, leur nom traîné dans la boue. Ils ont été attaqués sur les plateaux de télévision par les alliés des islamistes. Le problème c’est que ceux-ci reprennent tous leurs éléments de langage mais ne disent jamais d’où ils parlent, ils argumentent peu et utilisent vite la réductio ad hitlerum. Ils visent la mort sociale de leurs adversaires et ne comprennent pas que c’est le premier pas pour que des fanatiques viennent finir le travail.

Aujourd’hui, pour avoir trahi ses valeurs : l’émancipation, la laïcité, la belle exigence d’égalité, la gauche dite de gouvernement ne compte plus. Ne reste plus qu’une gauche totalitaire et sectaire, celle des indigénistes et de la LFI. Une gauche dont la seule fonction est de tenir la porte aux islamistes et d’accrocher des cibles dans le dos de ceux qu’elle qualifie d’extrêmistes de droite, simplement parce qu’ils sont lucides. Celle-ci essaie de faire croire qu’elle est toujours de gauche en tenant des discours délirants sur l’abolition de la propriété ou le revenu universel mais n’a rien à proposer dans le domaine politique car elle a été l’actrice de la désindustrialisation comme de la financiarisation de l’économie au même titre que la droite.

Elle est certes pour beaucoup dans ce que nous subissons et est d’autant plus coupable, qu’à part Manuel Valls, elle est toujours aussi incapable d’être aujourd’hui claire et engagée sur ces questions. Mais n’oublions surtout pas que la droite a su lui emboîter le pas. Que celui qui a donné son meilleur coup d’accélérateur aux frères musulmans est Nicolas Sarkozy qui a choisi de faire de l’officine frèriste UOIF, aujourd’hui Musulmans de France, les interlocuteurs de l’Etat. Vous voulez un exemple concret ? Le leader de la mosquée de Pantin, qui a diffusé le nom de Samuel Paty et l’adresse de son collège et n’est pas pour rien dans ce qui s’est passé, a longtemps été la fréquentation obligée de tout le gratin parisien. De Bartolone à Pécresse, de Beschizza à Hanotin, tout le monde est allé se prosterner devant celui qui affirmait qu’il détenait un réservoir de voix susceptible de faire ou de défaire une élection. Il était même présenté comme un « islamiste modéré », expression visant à cacher l’islamisme derrière le terme de modération. On a vu ce qu’il en était.

Vincent Tournier : Certainement, mais le problème est plus général. Il y a une responsabilité collective. La droite n’a pas toujours été très claire sur la question de l’islam. Ce n’est que récemment qu’elle a accepté de s’emparer de la laïcité, même s’il faut lui reconnaître le mérite d’avoir fait voter les lois de 2004 sur les signes religieux dans les écoles et la loi de 2010 sur le voile intégral. 
Mais pour en revenir à la gauche, il est clair que l’immigration a provoqué une fracture en son sein. Une partie de la gauche a érigé les immigrés en nouveau prolétariat qui doit être défendu contre l’oppression de l’Etat. Paradoxalement, c’est la partie la moins libérale de la gauche (la France Insoumise ou Mediapart) qui s’est retrouvée à plaider pour la liberté de culte, tandis que, inversement, la gauche plutôt social-libérale (disons celle de Manuel Valls) défend une approche plus régulatrice. En pour compliquer le tout, les positions s’inversent lorsqu’il s’agit de défendre la liberté d’expression : dans ce cas, la gauche pro-immigrés demande davantage de censure (par exemple en interdisant Eric Zemmour) alors que la gauche de Manuel Valls défend la liberté de critiquer les religions. C’est dire si la situation politique devient complexe. L’attentat de Conflans-Sainte-Honorine va peut-être faire bouger les lignes car il devient plus difficile désormais de condamner l’islamophobie et le blasphème. Après cet assassinat, la critique de l’islam bénéficie d’un regain de légitimité car elle émane d’un camp qui compte ses morts. Or, les morts représentent un élément majeur dans le combat politique car les morts sacralisent les causes. Donc, le discours victimaire que brandit le camp pro-islam va maintenant se heurter à un mur particulièrement robuste. On voit d’ores et déjà que le camp gaucho-islamiste se voit reprocher d’avoir armé le bras des tueurs.

Y a-t-il un seul pays arabo-musulman qui soit parvenu à repousser la menace islamiste sans passer par la case violence ?

Céline Pina : Les pays musulmans ont-ils réussi à repousser la menace islamiste ? Il me semble que non. Même en Algérie les islamistes sont de plus en plus influents. Donc plusieurs pays sont passés par la case violence, mais comme une partie du discours des islamistes correspond aux lois des pays musulmans, c’est compliqué. Le refus d’accorder l’égalité en droit est une base sociale, pas seulement théologique dans ces pays-là et le rapport au religieux est frustre. Il suffit de consulter la façon dont la population interroge les imams pour voir à quel point la notion de libre arbitre est faible. Il n’y a pas de quête de liberté, mais un désir de soumission et d’orthopraxie qui ne peut mener bien loin un peuple. Certes on assiste aussi au réveil d’une population qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Hélas jusqu’à présent les printemps arabes nous ont montré que cette aspiration existait mais qu’elle finit toujours par se faire marginaliser par les islamistes. Les femmes sont souvent les plus lucides sur ces questions-là.

Bref je ne crois pas que l’on puisse repousser une menace totalitaire avec des fleurs, des nounours et des bougies. L’usage de la violence est légitime dans certains cas. En fait c’est même rarement une question qui se pose. En effet quand quelqu’un vous déclare la guerre sur votre sol et commence à tuer régulièrement les vôtres et à abîmer les rapports humains et sociaux, la violence est là. Si vous ne la combattez pas, elle augmentera. En France, hélas, nous en sommes là. Mais il y a des signes d’espoir : tous ces musulmans qui se battent dans leur pays contre l’islamisme et cette jeunesse iranienne qui semble se redresser de plus en plus malgré le joug des mollahs. Avec ceux-là, le combat pour la liberté peut être mené.

Vincent Tournier : Dans les Etats qui sont majoritairement musulmans, la pression islamiste est généralement très forte. La répression a souvent été un moyen pour contenir cette pression. Ce fut notamment le cas en Egypte, d’abord sous Nasser, lequel a fait exécuter les dirigeants des Frères musulmans après les avoir utilisés pour prendre le pouvoir, puis plus récemment par le maréchal Sissi qui a utilisé l’armée pour extirper les Frères du pouvoir qu’ils avaient légalement conquis par les urnes après le Printemps arabe. 

Toutefois, un moyen plus courant pour faire face aux islamistes a été le compromis ou l’accommodement. Même en Algérie, où une guerre civile atroce a opposé les islamistes au gouvernement dirigé par le FLN, une forme de compromis a fini par être passée, dont la manifestation la plus récente est la construction dispendieuse par l’ancien président Bouteflika d’une gigantesque mosquée, la troisième du monde islamique après celles de La Mecque et de Médine.

Ces concessions aux religieux sont assez courantes dans le monde musulman actuel. Elles sont plus ou moins importantes selon les cas. Cela va du moins pire, comme en Tunisie ou au Maroc, à des situations beaucoup plus problématiques comme le Pakistan ou l’Indonésie. La leçon à tirer de tout ceci n’est guère encourageante : l’islamisme repose sur une dynamique mondiale qui est difficile à canaliser, et encore plus difficile à enrayer. En France, nous ne pouvons pas y échapper car notre pays a fait entrer sur son territoire une masse importante de musulmans sans vraiment sélectionner en fonction de la pratique religieuse, ce qui nous condamne à subir les mêmes tensions que celles qui existent dans les pays musulmans. Certes, tous les musulmans ne sont pas des islamistes, loin s’en faut. Mais il est clair que la détermination est du côté des islamistes, pas du côté de la minorité des musulmans démocrates ou libéraux, et encore moins du côté du ventre mou de la population musulmane qui reste généralement dans l’indifférence ou l’attentisme.

Dans ce contexte, la stratégie consistant à minimiser les problèmes en pariant sur le fait que les choses vont s’améliorer paraît délicate, voire dangereuse. Il vaudrait mieux partir du principe que les choses pourraient empirer, et se demander alors : que devons-nous faire ? Que faut-il changer dans notre société pour que le pire ne se réalise pas ? Il serait bon que cette question soit désormais au centre des débats pour qu’elle puisse être au cœur de la prochaine élection présidentielle. 

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