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La crise du Covid-19 : une catastrophe ou une opportunité ?
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Bonnes feuilles

Julie Graziani publie "Tout le monde peut s’en sortir, Philosophie du rebond" aux Editions de l’Observatoire. Fin de l’État-providence absolu, lutte pour la responsabilité et la solidarité, défense de l’entreprise France sont les maîtres mots de cet essai engagé et incarné, plein de foi en l’avenir de notre pays. Extrait 2/2.

Julie Graziani

Julie Graziani

Julie Graziani est éditorialiste et essayiste. Elle analyse l'actualité politique pour BFM TV et l'émission 28 Minutes sur Arte. Elle a publié "Tout le monde peut s'en sortir" aux Editions de l'Observatoire, un essai consacré à la mobilité sociale. 

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Face à cette catastrophe qu’est la crise sanitaire, comment, à l’instar de ces entreprises inventives, notre pays pourrait-il réfléchir différemment ? Dans son dernier ouvrage, l’historien Jared Diamond étudie six cas de nations qui sont parvenues à se réinventer après de graves bouleversements, au prix de la remise en cause de vieux schémas. Il évoque successivement la situation du Japon du XIXe  siècle, de la Finlande après l’invasion soviétique de 1939, de l’Indonésie après les massacres de 1965, et du Chili après la dictature de Pinochet. Dans tous les cas, le facteur clef de transformation est « d’accepter que l’on doit agir par soi-même, et non l’éviter en se laissant aller à l’apitoiement ou accuser les autres d’inaction ».

L’un des enseignements possibles de la crise sanitaire, c’est que les grandes chaînes de production mondialisées ne sont pas toujours fiables et que l’Europe est (trop) dépendante de la capacité des pays dans lesquels elle a délocalisé sa production. Ce n’est pas un problème quand on parle de textile ou de jouets. Mais ça peut le devenir quand il s’agit de secteurs sensibles et en particulier celui des médicaments, de l’automobile électrique et de l’aéronautique. La plupart des composants indispensables aux chaînes de fabrication de ces secteurs sont produits hors Union européenne, près de 80 % d’entre eux dans le cas des médicaments ! Nos industries ne font plus que de l’assemblage. Pour autant, même pour ces secteurs stratégiques, une relocalisation sera coûteuse  : il faudra reconstituer les outils et les compétences, délaissés depuis quarante ans, investir à la fois dans le capital humain et dans le capital productif, le tout dans un contexte de baisse du chiffre d’affaires et de contraction de la trésorerie. C’est ici que le débat public qui se cristallise depuis longtemps autour de l’opposition entre nationalistes et mondialistes rencontre ses limites. Car, avec des nations appauvries par la seconde crise économique d’ampleur en douze ans, un projet de relocalisation ne peut être entrepris qu’à plusieurs, moyennant une plus forte convergence des forces vives de chaque pays. Les souverainistes sont en fait les meilleurs alliés des mondialistes qu’ils croient combattre  : faute d’avoir atteint une taille critique, les pays de petite taille qui prétendent à leur indépendance nationale ne pourront se passer d’une intégration dans le réseau dense des échanges commerciaux. Ils seront alors le jouet des luttes d’influence que se livrent les grandes nations, au premier rang desquelles les États-Unis et la Chine. Mieux vaut une souveraineté partagée, mais efficace qu’une indépendance illusoire.

A lire aussi : Les effets pervers de la lutte contre les inégalités

Extrait du livre de Julie Graziani, "Tout le monde peut s’en sortir, Philosophie du rebond", publié aux Editions de l’Observatoire

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