La Chine plus forte que le Covid. La France et les autres, au garde-à-vous<!-- --> | Atlantico.fr
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Pékin Chine coronavirus covid-19
Pékin Chine coronavirus covid-19
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Denis Jacquet revient sur les conséquences de la pandémie de coronavirus sur l'économie et sur la stratégie menée par la Chine.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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J’ai parié et malheureusement j’ai gagné. En tous cas, à ce jour. J’aurais aimé perdre ce pari. Celui que j’avais pris en analysant l’attitude de l’Asie, comparée à celle de l’Europe. Pari pris que l’Asie sortirait gagnante de cette crise qui naquit en son sein. Première touchée, elle l’aura pourtant mieux gérée que ceux qui ont pourtant bénéficié de son expérience, car touché plus tard dans le processus. J’avais parié qu’un pays dit « autoritaire », dans la lignée de ce que disait Comte-Sponville, était mieux adapté à la gestion d’une mutation, et à celle d’une crise. Et à ce jour, les tenants de cette thèse ont clairement raison. La Chine devrait être le seul pays au monde à connaître une croissance réelle (pas un rebond depuis le gouffre comme chez nous) l’année prochaine. The Economist en association avec les plus grandes banques mondiales, a publié une prévision édifiante, en ce sens, en fin de semaine passée. La Corée est l’autre gagnante de cette sortie de crise. L’Asie va triompher plus vite encore que prévu. L’histoire était en train de s’écrire, elle fonctionne en accéléré. 

L’Asie, particulièrement la Chine présente plusieurs avantages sur nos Européens, qui vont, Royaume Uni en tête, suivi par l’Italie, l’Espagne et la France, souffrir durement, malgré les prévisions totalement irréalistes de la banque de France et les déclarations irresponsables de Bruno Lemaire, qui affirmait que le plan de relance produisait déjà ses effets, alors que la plupart de ses aides seront débloquées, selon des critères souvent obscurs, au mieux au premier trimestre 2021 !! Il y a les « mythos » diraient mes enfants, et les autres.

La Chine ne discute pas. On avance groupé, et pas autrement. Le leadership est qualifié d’autoritaire, selon nos critères en tous cas. On sait la dérive personnelle de son dirigeant qui semble rêver comme Erdogan ou Poutine, de destins immortels, mais contrairement aux 2 autres, les résultats sont là. La Chine est créditée d’une capacité de croissance de 4% environ pour 2021, faible pour la Chine, un rêve éveillé pour tous les autres. Le pays a été géré de main de maître. Fermé sans discussion là où il devait l’être. Ouvert partout où c’était possible. Le masque, les applis, la protection des plus faibles, la distanciation, appliquée strictement, sans sentiment, ni discussion possible. Mais pas de confinement aveugle et généralisé comme chez nous. Ceux qui pouvaient travailler, devait le faire. Et surtout, une fois le virus sous contrôle, tout le monde retourne au travail, sans discussion. Aucune. Pas d’atermoiements, pas d’attaque des applis ou du port du masque, pas de droit de retrait. 

La Chine privilégie le collectif sur l’individu. Nous faisons le contraire. Chez nous, le plus petit nombre l’emporte sur la masse. Tuer le plus grand nombre pour préserver quelques-uns, cette politique est dictée par les sondages et le journal de 20H. La fin du courage en politique, qui est pourtant élu pour avoir le courage de faire prévaloir le bien commun sur le bien particulier. C’est une tradition que Mao avait gravé dans le marbre, pour couvrir ses erreurs à l’époque. Sa politique catastrophique avait conduit à la mort, par la famine, tant d’hommes et de femmes, et il avait eu cette phrase restée célèbre, une phrase qui caractérisait l’esprit Chinois, et allait le maintenir pour des générations : « Si le prix à payer pour la survie de 200 millions, est la mort de 40 millions, alors qu’il en soit ainsi ».

La Chine reste le fournisseur du monde. Les appels à la relocalisation resteront vains. En période de disette économique, ni le consommateur, ni les entreprises, ne paieront plus cher leurs achats. Jamais. Les incantations politiques, sont destinées aux naïfs et aux crédules. Les autres savent ce qu’il en est et en sera. La Chine continuera à fournir le monde, et ses investissements pendant la crise, vont lui faire passer un cran supérieur. 

La Chine a appris grandeur nature à quoi le monde d’après, le vrai, pas celui des utopiques, ressemblera. Un monde envahit par la peur de mourir de l’occidental, terré comme un animal dans son appartement, pour éviter une maladie, qui continue à tuer moins de 100 personnes par jour sur les 5 principaux pays. La Chine a accéléré sa compréhension du digital, de la vie à distance, des paiements distants, de la médecine à distance, et surtout, a accéléré ses investissements sur l’automatisation. Des investissements colossaux destinés à remplacer un homme apeuré, et donc inutile et improductif. La peur rend l’homme occidental obsolescent. Son égoïsme, sa vie autocentrée, est un bonheur pour une Chine qui l’observe de plus près qu’il ne le pense, et accélère les investissements qui lui donneront ce qu’il désire si ardemment : la sécurité et l’immortalité. Au prix du chômage et de l’inutilité. La Chine en profitera, car elle, au contraire, faute de démographie a absolument (comme le Japon par ailleurs) besoin de réaliser automatiquement des tâches désormais irréalisables, faute d’hommes disponibles. Chez nous, cela se traduira à 5 ans par un « carnage » sur les emplois, pendant qu’en Chine, au Japon et même en Corée, cela compensera simplement le déficit d’hommes et de femmes en âge de travailler.

Les USA ne sont pas totalement en reste, puisqu’on estime à 20 à 30Mds les investissements supplémentaires sur l’automatisation depuis la crise du Covid. La prévision de Yuval Harari, dans Homo Deus se réalise plus vite que prévu. L’homme qui a abandonné la raison pour le pouvoir, le refus de la maladie et de la mort, devient obsolescent. En Occident. Pas en Asie.

Pendant ce temps, nous nous gargarisons de plans de relance saupoudrés, gérés par la BPI, sans que personne ne sache qui, et selon quels critères, en bénéficieront. Sans que l’on sache la part de maquillage de sommes déjà affectées et d’argent réellement nouveau. Le financement sulfureux d’un avenir sombre et atone.

Nous commençons à reconfiner, partout. C’est une erreur terrible. Même si 580 personnes sont à ce jour hospitalisés, nous devrions, un peu à la Chinoise, penser aux 68 millions qui restent, qui commencent à s’agiter de façon inquiétante, dans un mouvement social et humain, sans cohérence, mais tsunamique, qui lui ne fera pas dans le confinement, mais la destruction. Nous leur préparons le terrain de façon lâche, je n’irai pas vivre en Chine pour autant, mais j’avais espéré que le courage finirait par ressurgir. C’est tout le contraire.

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