SOS fraternité : comment s’appuyer sur les 82% de Français musulmans qui condamnent le massacre de Charlie Hebdo pour éviter le gouffre vers lequel nous attirent ceux qui ne le font pas...?<!-- --> | Atlantico.fr
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Charlie Hebdo sondage Ifop religion musulmans islam société éducation république
Charlie Hebdo sondage Ifop religion musulmans islam société éducation république
©ERIC FEFERBERG / AFP

Sondage Ifop pour Charlie Hebdo

La France est-elle tombée dans un piège identitaire qui ne peut que se creuser avec la montée des nouvelles générations ? Comment ramener ces jeunes vers un sentiment d’appartenance à la communauté nationale ?

Malik Bezouh

Malik Bezouh

Malik Bezouh est président de l'association Mémoire et Renaissance, qui travaille à une meilleure connaissance de l'histoire de France à des fins intégrationnistes. Il est l'auteur des livres Crise de la conscience arabo-musulmane, pour la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol),  France-Islam le choc des préjugés (éditions Plon) et Je vais dire à tout le monde que tu es juif (Jourdan éditions, 2021). Physicien de formation, Malik Bezouh est un spécialiste de la question de l'islam de France, de ses représentations sociales dans la société française et des processus historiques à l’origine de l’émergence de l’islamisme.

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Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Atlantico.fr : Un sondage Ifop Publié par Charlie Hebdo à l’occasion de l’ouverture du procès de l’attentat ayant visé l’hebdomadaire montre que si 82% des Français de religion musulmane les condamnent », 5% déclarent qu’ils « ne les condamnent pas » et 13 % des musulmans se disent indifférents à l’égard des terroristes ayant assassiné les 12 personnes lors de cet attentat. Au total, la proportion de Français musulmans n’exprimant de condamnation à l’égard des assassins de Charlie Hebdo est donc deux fois supérieure (18%) à la moyenne nationale (8%). Si on veut voir le verre aux 3/4 plein, comment s’appuyer sur cette très large majorité de Français musulmans qui condamnent pour éviter le gouffre de fracture identitaire vers lequel nous attirent ceux qui les approuvent ou s’en lavent les mains ?

Malik Bezouh : C’est là une question fondamentale à laquelle il convient d’apporter une réponse. Tout d’abord relevons, et c’est là un point des plus importants, que ces 18% de françaises et français de culture ou de confession musulmane rétifs à une valeur essentielle du vivre-ensemble, la tolérance, ne sont pas forcément des individus systématiquement acquis aux thèses sanguinaires du groupe terroriste DAECH. Parmi eux, en effet, on trouvera d’une part des citoyens musulmans ultra-conservateurs piétistes, non-violents, pour qui le blasphème constitue un crime de lèse-allahité et d’autre part des musulmans identitaires, et donc peu religieux, mais travaillés par des courants indigénistes et décolonialistes qui, il faut bien le reconnaitre, développent un discours francophobe au possible qui pose question. Chez cette dernière frange de la population française musulmane, l’islam se vit avant tout comme une question identitaire. Le sentiment de relégation sociale doublé du sentiment d’être victime d’une France anti-musulmane favorise le ressentiment. Par suite, chez eux l’anti-Charlisme - si je puis dire – est plus révélateur d’une frustration profonde et protéiforme que d’un réel attachement à une quelconque orthodoxie religieuse. Aussi, pour répondre à la question posée, il importe de faire entendre les voix, majoritaires, de ces françaises et français musulmans qui réprouvent l’usage de la violence à des fins religieuses. Cela pose, en filigrane, le problème de la pluralité de la parole musulmane dans les médias. Ainsi donc, il est de la plus haute importance que des discours musulmans équilibrés, distanciés et pédagogiques se fassent entendre. Une personnalité telle que Zineb El-Rhazoui, ouvertement athée, et dont les propos parfois virulents et peu nuancés choquent profondément des pans entiers de la composante musulmane de notre société, ne peut entrainer un sentiment d’adhésion chez ces français musulmans condamnant à demi-mots voire pas du tout les attentats anti-Charlie. Bref, il est crucial d’élargir le débat, un débat de portée nationale. Cela permettra d’éviter de tomber dans ce piège de la pensée unique. Car on peut être français musulman, profondément républicain et, partant, condamner avec force les attentats anti-Charlie sans pour autant « être Charlie ».

Ghaleb Bencheikh : En gardant la tête froide. En comprenant que nous faisons tous partie d’une même nation. Notre seule communauté de destin est la communauté nationale. Et surtout considérer que nous avons vécu tous ensemble des moments terribles. Notre Nation a été sidérée, traumatisée. Elle a été résiliente et convalescente. Nous n’allons pas rajouter à la fracture d’autres fractures. Au-delà d’un discours mièvre, notre volonté est de guérir et de sortir par le haut d’une tragédie et de cette crise qui a assez duré. On ne reconnaît le génie des peuples qu’au moment de l’adversité. Et la digue n’a pas cédé, car nous sommes une grande nation.

Il faut aussi comprendre - qui dit comprendre ne dit jamais admettre - que le quart qui reste et qui nous pose sérieusement problème concerne les jeunes gens de confession islamique de moins de 25 ans.

C’est qu’il y a malheureusement une approche monolithique ou univoque et exclusive de l’identité comprise dans son approche religieuse. Alors, ces jeunes gens ont compris que les caricatures étaient une insulte à leur propre identité. Aussi, est-ce sur ce domaine qu’il faut travailler avec l’éducation, la culture, la connaissance et l’acquisition du savoir. Sensibiliser et expliquer que l’identité n’est pas monolithique. Elle n’est pas monocolore ni exclusive. Les appartenances sont multiples. L’appartenance à la Nation est primordiale. Elle l’est comme des jeunes Français tout aussi importante que l’appartenance à une communauté confessionnelle si ce n’est encore plus important. Tout cela doit se construire dans le temps.

Quand on apprendra que le Prophète de l’islam lui-même a été insulté, battu, humilié et qu’à travers l’histoire la divine comédie de Dante le place dans le pandémonium … on ne s’offusquera pas des caricatures. Notre pays consacre les libertés fondamentales. La liberté de conscience et la liberté d’expression relèvent d’un impératif absolu qui ne souffre aucune tergiversation ni atermoiement. Pouvoir blasphémer est garanti dans notre pays. Nous avons surement failli quant à une bonne explication sérieuse et apaisée relative à ces conquêtes à travers l’histoire. Rattraper ce manquement est la voie indiquée pour sortir de l’ornière dans laquelle nous nous débattons depuis des décennies.

Guylain Chevrier : Si l’on peut s’imaginer s’appuyer sur ces Français de confession musulmane, il faut immédiatement y mettre un bémol, car est largement répandue aussi chez eux l’idée que les journaux ont eu « tort » de publier les caricatures (69%), encore plus chez les jeunes de moins de 25 ans (47%). En réalité, il semble que la condamnation des actes terroristes fasse écran au véritable problème que pose aujourd’hui une partie non négligeable de nos concitoyens de confession musulmane, qui se renferment de plus en plus sur eux-mêmes, avec une extension visible de ce phénomène. 24% des femmes se déclarant comme musulmanes disaient porter le voile en 2003, alors qu’elles sont aujourd'hui 31%, selon une étude de l'Ifop (septembre 2019). On assiste à la montée d’un risque de « séparatisme » et de communautarisation, avec des revendications de plus en plus pressantes contre les mœurs libres de la société française, dont la revendication du port du burkini que l’on tente d’imposer dans les piscines françaises, est un bel exemple de régression, avec des actions coup de poing menées par des associations agressives réclamant que la loi religieuse soit respectée partout contre le droit commun. On l’a vu avec le Collectif « Alliance citoyenne » à Lyon, qui a envahi une salle de sport pour y faire lever toute restriction au port du voile. Les 18% de ceux n’exprimant aucune condamnation des attentats, représente déjà un ordre de valeur très inquiétant, qui reflète ce climat revendicatif plus général, et une certaine hostilité envers la société française, qui pourrait relever des progrès de la radicalisation.

Il faut sans doute voir l’écho de cette situation de tension dans le fait que les Français, selon l’enquête, s’avèrent de moins en moins compréhensifs à l’égard de l’indignation suscitée par ce type de publications chez les musulmans : seuls 29% d’entre eux partagent cette indignation, contre 36% en février 2006. Dans ce prolongement, 59% des Français estiment que les journaux avaient « raison » de publier ce type de caricatures « au nom de la liberté d’expression », alors qu’en février 2006, seule une minorité de Français partageaient cette opinion (38%).

On a annoncé la préparation par le gouvernement d’une loi dite « contre le séparatisme », qui devrait être présentée prochainement au parlement. Elle doit viser juste et avant tout réaffirmer le principe d’une même loi pour tous, qui est la voie de la reconquête de quartiers à l’abandon, tombés entre les mains d’influences religieuses dangereuses pour notre cohésion sociale. C’est un signe a envoyé à ceux qui, concitoyens de confession musulmane, entendent s’appuyer sur la République pour se protéger eux-mêmes de ce danger, celui d’une assignation à une communauté religieuse derrière les murs de laquelle, le risque existe de la perte de leurs droits, de leur libre choix.

Le même sondage Ifop montre que la fracture se creuse chez les jeunes musulmans, puisque 26% de moins de 25 ans ne condamnent pas explicitement les auteurs des attentats du 7 janvier 2015 et 12% les condamnent tout en admettant partager certaines de leurs motivations, sans doute parce qu’ils voient dans l’irrévérence envers l’Islam une forme inacceptable d’irrespect envers eux. La France est-elle tombée dans un piège identitaire qui ne peut que se creuser avec la montée des nouvelles générations ? Comment ramener ces jeunes vers un sentiment d’appartenance à la communauté nationale ?

Malik Bezouh : L’islam de France, un islam de diaspora, recroquevillé sur lui-même, a les plus grandes difficultés à accepter cette modernité qui se joue du sacré de façon éhontée. L'institution catholique, qui depuis Vatican II compose avec la modernité, a pris acte, depuis fort longtemps déjà, de la victoire de l'anticléricalisme, devenu un élément constitutif de l'identité française. Ce n'est pas encore le cas de l'islam de France qui, comme tous les islams, de Rabat au Caire, n'a jamais été aux prises avec un processus de sécularisation et de désacralisation. Trouvons-lui, par voie de conséquence, quelques circonstances atténuantes. Cela étant dit, il est tout à fait exact que la dimension identitaire joue un rôle important dans ces phénomènes de rupture. Poussés dans leur dernier retranchement, ces jeunes individus ont développé non pas une religiosité quiétiste mais une névrose dans leur rapport à la francité. D’autres, au contraire, ont puisé dans le corpus de l’islam classique de la matière théologique capable de justifier leur détestation de notre société. Oui, l’identitarisme d’essence musulmane et le basculement dans le côté obscur de la foi islamique constituent les sources de la francophobie dans lesquelles des jeunes gens, en perte de repère, vont s’abreuver. Et l’on aurait tort de mésestimer la question identitaire tant celle-ci alimente les discours rejetant la France, son histoire et sa culture. De ce point de vue-là, les thèses indigénistes et décolonialistes ont causé beaucoup de dégâts. Tout comme les discours stigmatisant l’altérité musulmane en France. Mais il n’est pas trop tard. Il est possible, par l’éducation et la tempérance, de faire aimer la France. Car la France est un immense pays par son histoire, sa culture. Un exemple concret : on a beaucoup parlé, et de façon anachronique, du Général Bugeaud et des massacres coloniaux en Algérie. Mais pourquoi n’enseignons-nous pas, de la même façon, l’histoire de Charles de Montalembert, catholique libéral et contemporain du Général Bugeaud, qui, à l’Assemblée Nationale, s’est dressé contre les agissements de ces militaires français qui ont déshonoré le drapeau et la nation par leurs agissements sanguinaires en Algérie ?  À croire que notre pays aime à se diviser en rejetant du débat les positions non exaltées. Nous arriverons à recréer un sentiment d’appartenance nationale non par les discours simplistes et binaires mais par la profondeur du débat. Certes, il y a le Général Bugeaud – qu’il convient de replacer dans son contexte – mais il y aussi le catholique Charles de Montalembert. En tuant l’esprit de nuance, en banalisant l’outrance verbale, nous laissons un boulevard aux radicaux de tout bord qui sèment les ferments de la discorde nationale. Dans ces conditions rien d’étonnant qu’un jeune garçon, quelque peu décontenancé, issu de l’immigration maghrébine et à qui l’on n’a jamais enseigné que l’histoire de France c’est aussi des catholiques de la trempe de Montalembert, cède aux sirènes des tenants de l’identitarisme musulman ou de la fermeture religieuse.

Ghaleb Bencheikh : Hélas, le piège identitaire est là. L’identité est une fable philosophique, pour emprunter le titre d’un ouvrage récent. Tant que l’on n’aura pas rasséréné au niveau de l’insécurité culturelle et colmaté les failles identitaires et tant que l’on n’aura pas expliqué que l’identité est multiple et que lorsqu’elle est plurielle et composite, elle est riche et vivante, la fracture s’aggravera. Au-delà des mots convenus, cette identité-là ne peut pas s’épuiser uniquement dans la donne religieuse pour parler à (et de) ces jeunes musulmans. Ceux-là ont trouvé malheureusement dans le discours des doctrinaires islamistes et des idéologues aventuriers de quoi tomber dans la violence extrémiste, djihadiste. 

Dans l’immédiat et à court terme, c’est une réponse de l’autorité de l’Etat et la force est à la loi, celle de la République. La réponse est politique et sécuritaire, cette dernière a permis de déjouer de nombreux attentats. En revanche, la réponse à moyen et à long termes est celle de la préparation du citoyen par l’éducation, par l’instruction, par l’acquisition du savoir, la culture, la connaissance, l’ouverture sur le monde. Le sentiment d’appartenance à la nation se nourrit et se cultive en le sensibilisant à l’altérité confessionnelle et non confessionnelle. C’est en ouvrant l’esprit à d’autres options métaphysiques et en le sortant de la gangue idéologique islamiste. Le tout doit être accompagné d’une prise en charge sociale afin que cette jeunesse ne tombe pas comme une proie facile aux sermonnaires fondamentalistes. 

Guylain Chevrier : L’idée selon laquelle « L’islam est la seule vraie religion » est partagée par de plus en plus de musulmans : 61 %, soit une proportion en hausse de six points par rapport à ce que l’IFOP avait pu mesurer en 2016 (IFOP/Montaigne). Ce qui souligne l’accélération d’un décrochage, au regard d’une intégration de pans entiers de population ayant l’islam en référence, qui n’a pas aboutie. N’est-ce pas le produit d’une politique d’intégration qui a par trop cherché à intégrer en valorisant la différence pour croire ensuite pouvoir s’appuyer sur elle pour mieux faire prévaloir la formation du citoyen ? On s’est lourdement trompé. Il n’y a pas de compromis possible avec les valeurs et principes républicains, qui ne peuvent qu’être premiers et les particularismes divers seconds. La polémique du voile dans l’école publique l’a bien montré, avec une période de flottement de la laïcité de quinze ans entre le moment où le problème y a été posé en juin 1989 et la loi du 15 mars 2004, qui a réaffirmé le principe de l’interdiction des signes religieux ostentatoires pour les élèves. Mais quelle confusion a été alors répandue et avec quelles conséquences dans les esprits pour longtemps. Il y a indéniablement un climat d’errance identitaire qui touche l’ensemble des jeunes qu’il ne faut pas prendre à la légère, avec une République qui évolue dans un contexte de crise du politique, d’absence de projet rassemblant les Français. Le repli identitaire a dans ce contexte de beaux jours devant lui, surtout si on ne sait pas faire autre chose que des compromis entre le principe de différence et la règle commune, pour brouiller les cartes en favorisant ainsi les discours de séparation voire d’endoctrinement, qui se nourrissent des ratés de l’intégration.  

On notera que parallèlement, les jeunes dans l’enquête se distinguent du reste de la population en adoptant une position de complaisance sur le droit à la différence, la moitié des moins de 25 ans (47%, contre 23% des plus de 35 ans) partageant cette indignation devant les caricatures. Il semble qu’on puisse voir là les effets de l’influence d’une idéologie individualiste fondée sur le « chacun ses choix » et la pénétration de l’idée de « tolérance ». Des jeunes qui subissent l’influence d’un multiculturalisme dont le modèle certes, transfère à travers les séries américaines, mais surtout propre à un courant d’idées en France largement porté par les élites médiatiques et politiques qui y sont fréquemment gagnées. Cette reconnaissance dans les relations sociales d’un droit à la différence est perçue comme une valeur supérieure à une égalité alors comprise comme une entrave au droit de chacun, de vivre comme on veut, impliquant de ne rien faire d’offensant pour l’identité de l’autre. Ce qui confine à ne plus rien comprendre de l’importance du respect du même droit pour tous, des mêmes règles communes, pour protéger les individus justement quant à leur libre choix et donc leur autonomie, que les logiques religieuses ou culturelles peuvent mettre à mal. Cette incompréhension est partagée par ces jeunes en général avec des effets différents mais, une même cause, le flottement des repères communs.

Le RN, Eric Zemmour ou d’autres ont beaucoup été accusés de jeter de l’huile sur le feu de ces fractures françaises mais quid de la responsabilité des entrepreneurs du nouvel anti-racisme identitaire qui dénonce une islamophobie à la fois contestable en tant que concept et largement fantasmée si on l’assimile à l’hostilité qui existerait au sein de la société française vis à vis des musulmans ?

Malik Bezouh : Je crois que les responsabilités sont partagées. Je dirai donc, s’il fallait utiliser une formule simple, ni musulmophobie, ni francophobie. Je crois profondément, car je le vois et le vis tous les jours, que la société française est tolérante. Dit autrement, elle n’est pas musulmophobe. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas des problèmes de discriminations à l’embauche ou au logement. Elles existent. Cela étant dit, oui, il est pertinent de dire que nous faisons face à une difficulté de taille dans les analyses traitant de la question de l’islam de France : la déformation du réel par deux blocs s’affrontant à couteaux tirés. Le premier, crispé, comme assiégé, tend à décrire une vision apocalyptique du réel. À l’entendre, les Talibans et consorts seraient aux portes du pouvoir et des territoires entiers de notre pays seraient soumis aux lois de la Sharia, la loi islamique. L’autre, angélique, faisant fi des difficultés pourtant réelles, contribuent, et c’est dramatique, à la détestation de la France en faisant croire que ce pays est, dans son essence, et de façon systémique, antimusulman. Une fois encore, et au risque de nous répéter, il est urgent de faire émerger une troisième voix qui ne cultive pas les excès, dans un sens ou un autre. En France, après l’accession au pouvoir du roi Henri III en 1574, deux mouvements vont apparaitre. Las des guerres de religions qui déchirent le royaume, ils militent pour une troisième voie. Il s’agit des « Malcontents » et des « Politiques ». Ils ont en commun un désir de réforme tout en rejetant les dérives outrancières des catholiques et protestants radicaux…

Aujourd’hui, en France, il serait bon, dans l’intérêt du débat public, que des « Malcontents » et des « Politiques » s’expriment afin de faire entendre une voix du juste milieu. Une voix plus équilibrée, moins partisane. Notre nation doit impérativement renouer avec la tempérance et la pédagogie. Ce qui nous tuera, c’est l’inquiétante dérive partisane et sectaire dudit débat public.

Ghaleb Bencheikh : Nous avons une alliance objective entre deux formes d’extrémismes. D’un côté, nous avons les entrepreneurs identitaires, je parle davantage des idéologues sermonneurs et les prêcheurs de haine qui ont capitalisé les frustrations en mobilisant tout un capital mémoriel en souffrance. De l’autre côté, ce sont les aventuriers qui prennent « tous » les musulmans, avec l’article abusif les, comme indistinctement, uniment, globalement solidaires de l’hydre de Lerne islamiste et couvant la bête immonde du djihadisme.

Alors que faire ? revenir à la responsabilité du citoyen. Quand il est adulte, en pleine possession de ses facultés mentales avec une volonté de construire une nation solidaire et fraternelle, sa prise de parole publique doit être mesurée et sage. Elle ne doit pas verser dans ce qui va nous amener à ce que d’aucuns appellent la guerre civile à petits pas ou la barbarie à bas bruits.

Il y a lieu d’appeler, c’est ce que je fais comme président de la Fondation de l’Islam de France à non seulement dénoncer le condamnable et le condamner avec force, de réprouver le répréhensible mais aussi à donner de quoi sortir par le haut de la crise que nous connaissons.

Sur la question de l’islamophobie, je partage avec vous l’idée que le concept est problématique. On a pinaillé, ergoté sur l’islamophobie-le mot et on a oublié l’islamophobie-la chose. Or lorsqu’il il n’y a pas le mot, il n’y a pas la chose…

L’islamophobie étymologiquement est la peur de l’islam. Et avoir peur de l’islam, de nos jours, est recevable, parce qu’il est devenu synonyme d’épouvante, de violence, d’attentats, d’extrémisme. En outre, l’islamophobie n’est pas et ne doit pas être un prétexte pour museler toute critique à l’encontre de l’islam comme religion.

Bien au contraire la critique est salutaire lorsqu’elle est populaire et elle bénéfique lorsqu’elle est académique. J’ai toujours affirmé que toute doctrine, toute philosophie et a fortiori une pensée religieuse qui élude les questions et esquive le débat se vulnérabilise et finit par s’atrophier. Redoutant la mort, il ne lui reste plus que le fanatisme et la terreur pour pouvoir subsister quelque temps. Alors bienvenue à la critique et les musulmans doivent en être demandeurs, il y a un acte salvateur dans la critique. Maintenant sous ce prétexte de critique d’une religion certains s’autorisent à déverser leur fiel sur les musulmans comme personnes. C’est pour cela que j’ai mis en avant le néologisme misislamie, du grec mîsos renvoyant à la haine et à la détestation. Un détour par la psychologie féminine, à titre d’exemple, illustrera mes propos : on a la femme androphobe et la femme misandre. La femme androphobe a peur des hommes ; la femme misandre les hait. Il y a dans notre pays des islamophobes - étymologiquement - et on pourra les comprendre car ils ont vraiment peur de l’islam, s’ils n’ont comme seule information sur le fait islamique, sur sa civilisation, sur son histoire, sur ses cultures, ce qui est donné par l’épouvante et la terreur présentes dans les médias. Et on a oublié qu’il y a des misilamiques affichant l’hostilité contre les musulmans et l’assumant comme telle

Guylain Chevrier : On voit bien à travers ce que nous dit cette enquête d’opinion une fracture, entre une population dont une part croissante se referme sur une identité religieuse et une autre qui de plus en plus entre en défiance face au risque que cela fait courir à ce qu’est la France, un pays laïque, dégagé de l’influence politique des traditions religieuses et des croyances. Ce qui a laissé la place à notre modernité démocratique. La désignation de notre pays comme raciste par ceux qui entendent lui imposer une forme de société contraire à nos valeurs et principes, est révélatrice d’une stratégie d’intimidation et de culpabilisation qui vise la conquête du pouvoir politique, au sens de le soumettre aux exigences religieuses de tel culte ou de tel groupe se désignant de tel caractère ethnique particulier réclamant sa part.

D’ailleurs, le climat de victimisation identitaire actuel est le pendant du rejet de l’intégration et des lois de la République. C’est particulièrement patent lorsque l’on voit être mis en exergue des délinquants qu’on héroïse pour la circonstance, présentés systématiquement comme victime d’une police désignée comme raciste, non pas pour réclamer l’égalité, mais de la discrimination positive, c’est-à-dire, un droit à la différence aboutissant à la différence des droits.

Le reste du sondage IFOP montre qu’une proportion non négligeable de Français musulmans n’adhèrent pas ou peu aux valeurs communes et aux principes républicains. Ainsi, interrogés sur leur rapport à la religion, les musulmans sont deux fois plus nombreux (40%) que l’ensemble des Français (17%) à faire passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République, sachant que cette proportion est très largement majoritaire chez les jeunes musulmans de moins de 25 ans (74%). Comment mettre un terme à cette dérive largement alimentée et entretenue par les discours de victimisation ou souhaitant éviter « la stigmatisation » ? Est-il temps de traiter ceux-ci des musulmans comme des majeurs à qui il est possible de demander des comptes sans se faire accuser de racisme ?

Malik Bezouh : C’est là une donnée importante. L’explication à ce phénomène, non pas du rejet des principes de la République, mais de la sacralisation des valeurs religieuses, s’expliquent par ce que nous avions dit plus haut : le monde islamique n’a pas encore été confronté à un véritable processus de sécularisation. Autre élément d’explication : le processus d’islamisation à l’échelle mondiale enclenché par l’Arabie saoudite depuis la seconde moitié du XXe siècle. Rappelons que des sommes astronomiques, les fameux pétrodollars, ont été utilisées pour la diffusion du wahhâbisme dans tous les continents ; y compris en Europe où des communautés musulmanes sont implantées.  L’islamisme, plus élitiste, a joué aussi un rôle, mais dans une bien moindre mesure. Cette islamisation, de très mauvaise facture car porteuse de la forme la plus rigoriste, pour ne pas extrémiste, de l’islam sunnite, a eu une influence néfaste en ce sens qu’elle a contribué très massivement à la wahhâbisation des esprits, entendez la radicalisation. Ainsi donc, dans l’écrasante majorité des pays musulmans, l’islam, érigé en dogme intouchable, est religion d’État, avec toutes ses funestes conséquences en termes de liberté de conscience.   Cela dit, les choses commencent à changer petit à petit. Les analyses de l’experte en géopolitique, Alexandra Allio De Corato, tendent à montrer que dans des pays tels que l’Irak et le Liban, pour ne citer qu’eux, l’attachement à la nation manifesté par les jeunesses assoiffées de renouveau de ces pays-là a quelque peu ébranlé les adeptes du confessionalisme plaçant la religion au-dessus de l’intérêt du pays. Sans parler de la propagation de l’athéisme dans les pays où l’islam domine…

En France, où le contexte est fort différent, l’islam se sent comme assiégé, ainsi que nous l’avons précité. Et pour cause ! Ses adeptes ont l’impression d’être attaqués de toute part. À gauche, par les anticléricaux voyant d’un mauvais œil le retour d’un Dieu - de surcroît mahométan et partant régressif - dans l’espace publique alors même que la IIIe République eut tant de mal à l’en chasser. Mais aussi à droite, par les défenseurs de l'identité française, parfois prisonniers de leur vision fantasmée d'un islam belliqueux et conquérant.

En résumé, la déferlante wahhâbite qui a frappé l’islam de France à partir des années 80, un islam de diaspora fragilisé par sa minorisation et par sa confrontation à la modernité athée, a nettement contribué à ce phénomène de repli. Il faudra donc du temps pour que l’islam de France s’apaise. Nous sommes, aujourd’hui, dans le temps du questionnement, du doute. Viendra, tôt ou tard, le temps de l’apaisement. Les débats dans lesquels l’intelligence sera mise à l’honneur contribueront à hâter l’arrivée de ce temps où l’islam en France ne fera plus du tout débat. Nous en sommes encore loin aujourd’hui. Hélas.

Ghaleb Bencheikh : Les valeurs de la République, l’esprit laïc, la législation de l’Etat français, la loi commune, la loi fondamentale : la Constitution ce sont des choses non négociables. Et cela s’applique à l’ensemble des citoyens sans barguigner. Cela s’applique d’autorité, sans faillir ni mollir. Simplement, il faut comprendre avec froideur d’esprit pourquoi en sommes-nous arrivés à ce qu’une partie de la Nation ait cette défiance par rapport aux valeurs et aux lois de la République : qu’il y ait des individus qui pensent que leur conviction religieuse prime les valeurs de la République, hélas, nous sommes dans un Etat de droit et c’est leur liberté. L’important c’est qu’ils n’agissent pas en violation de la loi et qu’ils continuent à le penser in petto.

En attendant, pour les générations à venir, il y a lieu impérativement d’œuvrer inlassablement à expliquer non seulement que ce n’est pas une affaire de non-incompatibilité. La croyance en un dieu miséricordieux n’est absolument pas antinomique avec le fait de respecter le droit positif. On ne peut pas se prévaloir de sa propre législation – et de surcroît – vouloir l’imposer à autrui. En France, nous respectons le droit positif. C’est en cela que la préparation des citoyens est importante. Leur expliquer que le droit, la norme juridique et la fabrique de la loi sont une émanation rationnelle des Hommes et qui s’appliquent aux Hommes pour le bien-être des Hommes. Le jeu démocratique fait que l’instance législative puisse changer la loi.

La laïcité est un acquis de la modernité. C’est une conquête de l’esprit humain. Tout cela va être un attrait et un point positif y compris pour les citoyens musulmans parce que l’on saura que l’on vit dans un Etat de droit et dans un contexte de liberté inestimable, lequel contexte est introuvable dans les sociétés dites majoritairement musulmane.

Guylain Chevrier : Cela passe sans doute par rompre avec une politique d’accompagnement par l’Etat de l’organisation du culte musulman, qui n’a donné que des résultats calamiteux. On a pensé ainsi influer sur les croyants en les contrôlant pour mieux les intégrer, tel que le rôle en a été attribué au Conseil français du culte musulman, sur un mode qu’on pourrait juger infantilisant, voire ayant des relents postcoloniaux. On n’a en fait que renforcé leur identification comme communauté, se mettant de plus en plus à part. Par cette méthode, on a comme voulu négocier un contrat social qui est normalement non-négociable. Il est indéniable qu’un contrat social tel que celui posé par notre pays pour y vivre, est censé engager réciproquement le citoyen et l’Etat, sans menus à la carte, et doit être fait respecter, non seulement en droits mais aussi en devoirs, ce qui est loin d’être le cas. Nos concitoyens, dont la plus grande part de ceux de confession musulmane eux-mêmes, craignent cette évolution vers le « séparatisme » qui est porteuse de rupture avec un principe d’égalité qui garantit des droits fondamentaux à tous, droit politiques, civils, économiques et sociaux

L’idée selon laquelle « l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française » se répand chez les non-musulmans (61% des Français partageant cette idée d’après un récent sondage de l’Ifop) comme chez les musulmans (approuvée par 29% d’entre eux et près d’un jeune musulman sur deux, 45%).  Y-a-t-il une fatalité théologique comme culturelle et politique ? 

Malik Bezouh : L’islam est divers. Il convient de le rappeler. Ainsi donc, le wahhâbisme diffusé par l’Arabie saoudite, est, sans l’ombre d’un doute, incompatible avec les valeurs de la société française. En revanche, d’autres formes de l’islam le sont. Comme le soufisme, cette forme très spirituelle de l’islam, ou le mu’tazilisme qui défend une vision rationaliste de l’islam ou même le chiisme ésotérique qui rejette toute lecture littéraliste des sources canoniques de l’islam.  Par suite ce n’est pas l’islam en soi qui est incompatible avec les valeurs de notre société mais certaines de ses interprétations.  Considérons, à titre d’exemple, la lecture de l’islam développée par la très prestigieuse université islamique du Caire, Al-Azhar. Celle-ci est décrite, y compris par de nombreux médias occidentaux, comme une institution prônant un islam pacifique et par suite apportant son écot à la lutte contre l’extrémisme religieux. C’est d’ailleurs, selon ladite institution, sa mission première. Pourtant à y regarder de plus près, l’islam défendu par Al-Azhar, un islam de référence nous dit-on, est rigoriste au possible pour ne pas dire fondamentaliste. Pour preuve, l’université Al-Azhar, qui abomine les homosexuels considérés comme des pervers, soutient un projet de loi en Égypte dont le but est de « criminaliser les athées ».  De plus, elle défend des positions absolument choquantes sur la femme. Ahmed el-Tayeb, son recteur, considéré partout comme un homme de paix, a dit au sujet des femmes : « Tout croyant a le droit de corriger sa femme si celle-ci se montre désobéissante ; sous réserve qu’il ne lui brise pas les os. »… À la lecture de ces quelques mots, qui font froid dans le dos, comment ne pas comprendre les questionnements et les doutes – fondés - d’une partie de la population française ? Mais une fois encore, ces propos reflètent non pas l’islam mais une lecture salafisante et donc intégriste de l’islam.

À nous de faire preuve de pédagogie, de nuance, d’intelligence citoyenne dans un seul et unique but : éclairer le débat. L’enjeu est grand. Très grand. C’est celui de l’unité de notre nation.

Ghaleb Bencheikh : Non. En aucun cas et d’aucune manière. D’un point de vue théologique la religion islamique ne se veut pas nouvelle par rapport au monothéisme abrahamique. Ce qui a été possible avec le judaïsme avec la fameuse phrase en hébreu dina di malkhouta dina - la loi du Royaume est la loi – et toute l’œuvre rendue possible avec la théologie chrétienne pourra être et sera possible avec la théologie islamique. Cette dernière n’a pas des spécificités irréductibles.

Il n’y a pas de fatalité théologique, bien au contraire. Nous avons besoin de l’islamologie savante, notamment comme discipline de prestige à l’université française. On saura alors qu’à travers l’histoire, on n’a pas gouverné toujours selon le « désir » politique de Dieu, on apprendra que Soliman le Magnifique n’appliquait pas la charia, puisque sous son règne il y avait la production d’un droit séculier. On saura que les logorrhées dégénérées des Frères Musulmans ne sont que conjoncturelles et accidentelles, récentes dans l’histoire, comparées à celle du temps long des empires. On comprendra que le wahabo-salafisme est une aliénation de l’esprit et qu’il s’est exacerbé depuis quarante ans en voulant rivaliser avec la révolution de Khomeini...

Le travail intellectuel, théologique, philosophique doit être mené que sous le ciel clément au-dessus de notre tête chez nous en France, en dépit de tout. Ce n’est pas encore le cas à Riyad ou à Téhéran ou au Caire. Il faut simplement savoir poursuivre les recherches, les travaux, les études des universités, des instituts et couvrir le tintamarre tumultueux et le vacarme que nous connaissons de la part de certains polémistes qui sévissent davantage sur les plateaux de télévision.

Guylain Chevrier : Je crois que nous commençons en réalité à mesurer aussi un écart de culture, qui est celui relatif à une population immigrée de plusieurs décennies, venant de pays d’islam, avec une société française au sein de laquelle elle a le plus grand mal à s’intégrer. On a sous-estimé par un déni constant, des difficultés qui étaient liées à l’intégration de personnes ayant immigré de pays où l’Etat est encore étroitement lié au religieux, alors que peu ou prou, les pays européens ont connu leur mouvement de sécularisation ou de laïcisation, selon un processus historique de prise de conscience sur le temps long. Ce qui ne s’acquière pas que par le savoir, l’école, mais par l’expérience collective, une histoire commune, et la mise en place d’un contrat social mettant au centre le citoyen, sans compromis. 

On a sous-estimé toutes une série d’influences, allant à l’encontre de cette intégration, telle celle des Frères musulmans, à l’image des journées de l’UOIF au Bourget résonnant des discours vindicatifs de prédicateurs radicaux vantant les louanges de la charia, qu’on a laissé librement agir sur notre territoire. C’est aussi vrai d’un salafisme que l’on s’est refusé d’interdire, alors qu’il prône un mode de vie qui est celui du prophète et un respect à la lettre des textes religieux, à front renversé avec notre République mise hors la loi. On a fermé les yeux sur une organisation religieuse comme le tabligh, mouvement fondamentaliste prosélyte qui prône une vision ultra-rigoriste et littérale de l'islam, qui vise un public déshérité immigré, très actif dans les quartiers. Un mouvement religieux qui est associé à l’endoctrinement de jeunes djihadistes du village de Lunel dans l’Hérault d’où ils ont été nombreux à partir pour la Syrie. On a sous-estimé l’attachement à une forme de foi qui considère que le droit, entendu comme droit positif, n’a pas de prise sur elle, une foi et une culture, des traditions, constituant les biais d’une résistance très forte à une adaptation au pays d’accueil. On n’a pas voulu voir que l’islam comme religion contient des ingrédients très résistant à notre République, comme l’idée d’un coran incréé, autrement dit donné directement de dieu au prophète pour lui attribuer un caractère sacré, interdit de toute critique, et donc pouvant faire barrage à toute volonté d’évolution, d’intégration. On n’a pas voulu voir que l’islam pouvait être une nation dans la nation, parce qu’aussi un projet politique, un projet de société. 

On n’a pas aidé non plus toujours, du côté de nos représentants politiques, à bien voir ce contrat social dont je parle, lorsqu’aux dernières élections municipales on a littéralement banalisé l’intégration de candidats communautaires sur les listes, dont des candidates voilées, dans un contexte de clientélisme politico-religieux qui ne se cache plus. Ce qui souligne ici l’échec à faire respecter les principes républicains synthétisés dans une notion d’intérêt général tombé ainsi en miettes, effet du renoncement face à la pression de groupes religieux entendant représenter des populations formées d’individus qui n’en finissent plus ainsi de se considérer d’abord comme musulmans avant que citoyens. On connait le diagnostic et même l’antidote, mais on attend la volonté politique.

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