Bruno Le Maire : dernière semaine pour finaliser le plan de relance à 100 milliards d’euros <!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire plan de relance
Bruno Le Maire plan de relance
©BERTRAND GUAY / AFP

Atlantico Business

Le plan de relance de l’économie française sera présenté la semaine prochaine, le 25 août. Bruno Le Maire n'a donc plus que quelques jours pour en arrêter le montant exact et surtout finaliser l’allocation des 100 milliards d’euros qui viennent s’ajouter aux 460 milliards d’euros qui ont été mobilisés par la France depuis le début de la crise.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Quoi qu‘il en coute ! Avec le plan de relance de 100 milliards qui sera présenté la semaine prochaine, la France aura mobilisé plus de 560 milliards d’euros pour amortir le choc de la crise sanitaire, et surtout son impact économique et social.

C’est gigantesque et il faudra bien un jour ou l’autre le financer. Mais c’est évidemment finançable si on ne fait pas trop de bêtises dans les deux ou trois ans. 

Les 100 milliards que prépare Bruno Le Maire pour aider le redemarrage de l’économie française et qu’il présentera la semaine prochaine s’ajoutent en effet aux 460 milliards que représentent les mesures de soutien qui ont été décidées en catastrophe depuis le début de la crise en mars.

Ces 460 milliards d’euros regroupent les aides d’urgence dégagées sur le front social afin de financer le chômage partiel qui a permis à plus de 9 millions de salariés de conserver l’essentiel de leur revenu et surtout de ne pas casser les contrats de travail et de protéger les conditions de reprise. Beaucoup de ces mesures ont été prolongées jusqu'à la fin de l’année. On y trouve aussi l’ensemble des reports de charges sociales, de taxes (tva) et d’impôts directs qui ont été autorisés pour les entreprises. Au total, 200 milliards d’euros.

On y trouve enfin quelques 260 milliards de crédit dédiés aux acteurs économiques sous formes de prêts garantis par l’Etat ou de crédits bancaires rendus possibles grâce aux largesses de la Banque centrale européenne.

Si l’ensemble de ces montants apparait aujourd’hui en endettement lié principalement aux manques à gagner fiscaux, une grande part sera donc théoriquement retrouvée sans risque avec la reprise de l‘économie. Les prêts bancaires sont certes garantis par l’Etat mais ils devront être remboursés aux banques par les emprunteurs.

Une partie seulement allouée aux grandes entreprises (Renault, Air France, Airbus) sera potentiellement transformée en participations au capital.

La dette sociale sera plus compliquée à récupérer parce qu‘elle correspond à des dépenses de fonctionnement et son financement sera lié au niveau de l’emploi. Si la reprise de l’économie s’accompagne d’une reprise vigoureuse de l’emploi, ça pourra marcher, sinon il faudra trouver d’autres ressources ou alors allonger la dette, ce qu’on a déjà beaucoup fait dans le passé pour des entreprises publiques comme la SNCF.

Certaines dépenses de fonctionnement seront imputées directement au budget et nécessiteront des arbitrages politiques. C’est le cas de l’augmentation des dépenses de santé et de l’éducation nationale.

Toutes ces mesures ont permis à la France de supporter les effets du confinement total avec le pari que le système pourrait repartir au moment du déconfinement.

A ces 460 milliards d’euros mobilisés en soutien, le gouvernement va donc dégager 100 milliards pour permettre la reprise. C’est le contenu de cette nouvelle enveloppe qui sera dévoilé par le ministre de l’Economie. La différence de ce plan de relance avec l’effort précédent, c’est que ces 100 milliards s’inscrivent directement dans le cadre budgétaire. On sait depuis le dernier sommet européen que l’Union européenne devrait nous en apporter le tiers, environ 35 milliards d’euros.

Le solde sera financé sur le budget (soit par de la dette publique, soit par des recettes additionnelles nouvelles, soit par des économies budgétaires), soit 65 milliards d’euros. Mais l’enjeu de la semaine va être de finaliser l’allocation de ces 100 milliards d’euros qui se ferait selon la clef de répartition suivante :

40 milliards pour l’industrie afin de consolider les implantations nationales des secteurs stratégiques dont 10 milliards de baisse des impôts de production. Des impôts qui pèsent sur la compétitivité et qui ont été des accélérateurs de délocalisation et plus de 3 milliards pour regonfler les fonds propres des PME; 

20 milliards pour financer la transition écologique, soit 7 milliards pour la rénovation des bâtiments et 13 milliards pour la réduction des émissions de CO2 (plan d’aide à la voiture électrique, plan vélo...) ;

20 milliards pour l’emploi et la création d’emplois. Il faut très rapidement trouver 700 000 emplois à offrir aux jeunes qui arrivent sur le marché. L’essentiel sera fléché vers les jeunes à faible compétence pour les diriger vers l’apprentissage, contrat d’apprentissage et contrat d’insertion, exonérations de charge pour les emplois jeune.

20 milliards d’euros en dépenses de solidarité, notamment dans le système de santé, mais qui devraient s’ajouter aux revalorisations décidées dans le plan Ségur...

Dans le détail, cet effort sera étalé sur deux ans. Les chiffres annoncés sont supportables par un budget qui n’est plus contraint par la norme de Maastricht. L’endettement est supportable si les taux d’intérêt restent très bas comme aujourd’hui, si la Banque centrale européenne reste dans la cadre de sa politique non conventionnelle et généreuse et si la solidarité des pays de l'Union européenne est telle qu‘elle permet comme prévu de mutualiser les dettes.

Les chiffres sont surtout supportables si le système économique réussit à retrouver sa vitesse de croisière et créer de la croissance et des richesses. La clef dans la croissance. Or ce retour à la croissance n’est pas assuré. Il dépend de trois facteurs qui ne sont pas garantis.

Le premier de ces facteurs concerne la crise sanitaire. Il faut que le risque disparaisse pour que la confiance soit rétablie. Or ça dépend de l’éventuel traitement ou vaccin.

Le deuxième de ces facteurs est porté par la capacité du système à générer un process keynésien qui transforme la dépense d’origine publique en création de richesse pérenne.

Le troisième facteur, c’est qu’il faut que l’opinion publique soit majoritairement convaincue que le salut de la collectivité passe par la croissance. Or, il existe des courants dans l’opinion qui prônent une décroissance et qui défendent l’idée que la création de richesse matérielle n’est pas la solution.

La crise sanitaire conjuguée aux risques du réchauffement climatique a partout dans le monde développé et renforcé ces courants.

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