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Emmanuel Macron interview 14 juillet
Emmanuel Macron interview 14 juillet
©LUDOVIC MARIN / AFP

Oral de rattrapage

Anita Hausser décrypte l'interview du président de la République. Emmanuel Macron a tenté d'éclairer les Français après la crise de la Covid-19. Le chef de l'Etat a notamment fait un certain nombre d'annonces comme sur le port du masque ou pour la jeunesse.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Je ne suis pas celui que vous croyez, "ce Président qui voudrait tout réformer pour que ce ne soit que les meilleurs qui puissent réussir", un homme qui ne se soucie que des premiers de cordée, mais j'ai du mal à me faire comprendre par mes concitoyens, a tenté en substance de plaider  Emmanuel Macron pour expliquer la " détestation" dont il fait l'objet de la part d'une partie des Français. Afin d'en faire (-une nouvelle fois), la démonstration, le Président de la République a sacrifié pour la première fois à l'exercice (-dédaigné jusque là), de l'interview du 14 juillet. Crise sanitaire et crise économique obligent. La séquence faisait suite à une cérémonie du 14 juillet inédite, qui a pris la forme d'un hommage aux soignants et tous ceux qui se sont dévoués pendant la crise sanitaire. Un moment émouvant pour ceux qu'on a appelé les "premiers de corvée" pendant le confinement. Ironie du sort, Emmanuel Macron a fait l'expérience quasi in situ de ce rejet, voire d'une manifestation de haine-verbale, en croisant un groupe de manifestants Gilets Jaunes dans les Jardins des Tuileries, à quelques pas de l'Elysée où il se promenait avec son épouse, dans la soirée du 14 Juillet...  

L'interview télévisée, elle, était destinée à faire le point sur la crise du Coronavirus, et à éclairer les Français sur l'après... En attendant la disparition de la pandémie ou la découverte d'un vaccin, Emmanuel Macron a confirmé que le port des masques dans les lieux fermés sera obligatoire à partir du 1er aôut. Pourquoi seulement à partir de cette date ? Parce qu'il faut bien préparer la règlementation qui va avec... L'interview devait également nous apprendre davantage sur ce "nouveau chemin" promis pendant le confinement, mais Emmanuel Macron a prévenu d'emblée, il s'agit pas d'un changement de cap, juste de méthode. Pour lui la priorité demeure l'emploi, l'insertion des jeunes dans le marché du travail alors que la crise va provoquer une recrudescence du chômage (-les prévisionnistes tablent sur  900.000 chômeurs supplémentaires en France d'ici la fin de l'année); Emmanuel Macron  est revenu sur le dispositif de chômage partiel "sans équivalent" mis en place au moment du confinement, l'occasion pour lui de rappeler les prêts consentis aux entreprises ainsi que les  exonérations de charges, et de marteler que "pas un jeune ne sera laissé sur le bord du chemin" grâce, notamment, aux contrats d'insertion et au soutien à l'apprentissage. C'est un des aspects du plan de relance de 100 milliards actuellement en préparation, une somme qui viendra s'ajouter aux 450 milliards qu'ont déjà coûté la crise. L'accent sera également mis sur le ferroviaire avec le maintien ou le rétablissement de petites lignes promises à l'abandon, le retour des trains de nuit et le développement du frêt ferroviaire, (-vieux serpent de mer). Les impôts vont-ils augmenter? Non, assure le Président, mais  il se pourrait bien, par exemple, que les 20% de contribuables qui n'ont pas encore été exemptés de taxe d'habitation ne le soient jamais. Pour le reste, on attendra les précisions qu'apportera le Premier ministre dans son discours de politique générale. Au fait, pourquoi avoir congédié Edouard Philippe de Matignon alors qu'il devenait populaire auprès des Français ? Parce qu'il fallait une équipe renouvelée pour incarner le  nouveau chemin..."On ne peut pas dire on emploie un nouveau chemin, une nouvelle méthode, un nouveau temps du quinquennat et le faire avec la même équipe. Vous m’auriez à ce moment-là posé à juste titre la question exactement contraire : pourquoi, comment pouvez-vous nous dire que vous allez changer de chemin et de méthode alors que vous avez les mêmes ?", argumente Emmanuel Macron.

Et Jean Castex, élu d'une petite ville, dont le chef de l'Etat a admiré la culture du dialogue social, "la patte humaine"  pendant la préparation du déconfinement, incarne parfaitement cette volonté d'écoute, de "dialogue social", nécessaires pour cette période difficile qui s'annonce. A lui de faire passer la pilule amère à ces salariés à qui on va demander d'accepter, un temps, une baisse de salaire contre le maintien de l'emploi. A lui et son gouvernement de relancer la réforme des retraites à laquelle la France ne peut pas échapper, même si les partenaires sociaux s'y opposent (-le déficit est passé de 5 à 30 milliards pendant la crise)."Dans les années qui viennent il faudra la faire, la réforme des retraites", soupire Emmanuel Macron qui précise toutefois que ce ne sera pas la même que celle votée sous le gouvernement Philippe.  Alors, si on voulait filer la métaphore on dirait que le gouvernement quitte l'autoroute (des réformes) à grande vitesse, pour emprunter les nationales les départementales, et les petites lignes de train, pour arriver à la même destination.

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