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Coronavirus : en cas de pénuries, quels seraient les premiers rayons à se vider ?
©PIERRE VERDY / AFP

Covid- 19

La mondialisation implique des chaînes de valeur internationalisées dans lesquelles les lignes d’approvisionnement dépendent de l’étranger. De fait le risque de pénurie en France est réel, notamment dans le domaine alimentaire.

Claude Rochet

Claude Rochet

Historien de formation, ancien élève de l’ENA, docteur ès sciences de gestion, Claude Rochet a occupé des fonctions dirigeantes dans l’entreprise et l’administration. Il est professeur à l’Institut de Management Public d’Aix-en-Provence et est conseil scientifique auprès d’organismes et de firmes publiques et privées.

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Stéphane Linou

Stéphane Linou

Auteur du livre-enquête « Résilience alimentaire et sécurité nationale », Ancien Conseiller Général de l'Aude, Conseiller en développement local, Conseiller municipal de Castelnaudary, Pionnier du mouvement Locavore, Sapeur-pompier volontaire, Stéphane LINOU a conçu et animé le premier module de formation de Mastères Spécialisés en France : « Risques d'effondrements et adaptations ». Il s'attache à articuler depuis plusieurs années les thèmes des ressources, du continuum sécurité-défense, de la gouvernance et des adaptations.

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Atlantico : L'économie française reste énormément dépendante de ses fournisseurs chinois. Une pénurie alimentaire durable est-elle à envisager en France? 

Stéphane Linou :

Nous allons nous manger la Pyramide de Maslow (représentation pyramidale de la hiérarchie des besoins, une théorie de la motivation élaborée dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow) en pleine figure : satisfaire le « vital » et en local va remplacer la course au superflu qui vient de loin et le tout, pour des raisons de sécurité.

Il faudrait d'abord commencer à dire que nous sommes, avant cela, dépendants du pétrole qui détermine nos productions (mécanisation, engrais, produits phytos, etc...), leur transformation et leur transport... et nous importons également énormément de protéines pour nos élevages.

Lorsque j'avais réalisé en 2008 mon expérience de Locavore (faire le pari pendant un an de ne me nourrir qu'avec des produits issus d'un rayon de 150 km autour de Castelnaudary), je voulais alerter sur les risques pour les populations de ne pas produire suffisament sur place et de ne pas être préparées ; Je m'étais basé sur un scénario catastrophe : une pandémie grippale bloque les approvisionnements...

Je viens de le démontrer dans mon livre-enquête « Résilience alimentaire et sécurité nationale » : ce n'est pas parce que, lorsque l'on regarde les chiffres assis depuis un bureau, « le pays de la gastronomie » produit davantage que ce qu'il consomme, que nous sommes à l'abri de pénuries... En effet, la résilience alimentaire par territoire (c'est à dire à l'échelle où le réel se vit) est ridicule puisque même le milieu rural est aujourd'hui incapable de nourrir les ruraux (les territoires urbains n'ont que 2 % d'autonomie). Nos territoires, en pleine ébriété énergétique grâce aux énergies faciles (les énergies fossiles) denses et à bon marché que nous n'avons pas sous la main, se sont transformés en EHPAD à ciel ouvert... : nous ne sommes autonomes sur rien donc, vulnérables. Je m'explique :

En effet, nous avons commencé par «courir» après la nourriture (chasse et cueillette), Puis, afin de commencer à sécuriser son accès, nous l'avons produite autour de nous (invention de l'agriculture au Néolithique). Ensuite, pour la sécuriser, nous nous sommes regroupés en communautés.

Et aujourd'hui ? C'est la nourriture qui «vient» à nous, sans que l'on s'inquiète vraiment du «comment ?» et du «jusqu'à quand ?». Ainsi, production et consommation n’étant plus territorialisées, nos territoires, même ruraux, sont «alimentairement malades» car non autonomes mais «tiennent» car «perfusés» par les camions de la grande distribution. Hélas, cette dernière n’a que quelques jours de stocks... A l'heure du tout-connecté, où nos systèmes de communication sont en proie aux cyber-attaques, où le lien social se délite, que se passerait-il si la «perfusion» connaissait une sérieuse avarie ? Une «pathologie territoriale» se déclarerait sous la forme de d'émeutes… D'ailleurs, des témoignages de militaires et de professionnels de la sécurité fourmillent dans mon livre-enquête.

Est-ce que les maires savent que leurs lointains prédécesseurs étaient hautement responsables sur cela ? Réalisent-ils qu'ils se retrouveraient en «première ligne» ? L'inconscience et le sentiment d'invulnérabilité ne renforce-t-ils pas, autant chez les jacobins que chez les girondins, cette vulnérabilité ?

À l'heure de nouvelles menaces (dépendance totale au numérique, déplacements de populations, dérèglement climatique, artificialisation des terres et achats par des puissances étrangères, etc…), est-il «sage» et «responsable» de collectivement «perdre la main» et laisser s’externaliser les conditions de satisfaction de l'un de nos besoins élémentaires, à savoir, se nourrir ? A l’échelle d’une entreprise, si le PDG ou le manager des risques laissaient tranquillement «filer» une fonction stratégique, ne seraient-ils pas illico «remerciés» pour inconscience ou incompétence par les actionnaires ?

Il n’existe pas d'ordre public sans accès pérenne et totalement sécurisé à la nourriture. Dans le cas où un «plan B» où un «Plan de Continuité Alimentaire» ne seraient pas régulièrement testés dans tous ses imprévus et complexités, ne devrait-on pas reconsidérer la production nourricière sur nos territoires et l'approvisionnement des villes comme «stratégiques» ? Cette question est-elle «inappropriée» ? Ce «talon d'Achille alimentaire» ou «trou» dans la pyramide des besoins, n'est-il pas un «trou dans la raquette» de la sécurité globale des territoires ?

Ainsi, je rajoute un quatrième pilier aux trois du concept désormais obsolète du « développement durable » (économie, social, environnement), celui «d'infrastructure résiliente territorialisée» articulée à «l'ordre public». De plus, ce nouveau pilier pourrait enrichir le plaidoyer gouvernemental dans le cadre des négociations de la future PAC...

Ce sujet a d'ailleurs été présenté par la Sénatrice de la Haute-Garonne, Françoise LABORDE, et, le... 12 décembre dernier, le gouvernement lui-même a réagi à mon livre-enquête:

"Les risques pesant sur la sécurité alimentaire ne s’arrêtent pas aux frontières des pays défavorisés. La France, comme l’ensemble des pays industrialisés, est elle aussi directement concernée, malgré une production de denrées agricoles importante et supérieure à ses besoins. La réduction des surfaces agricoles, l’artificialisation des terres, la raréfaction des ressources hydriques, l’hyper-sophistication des chaînes d’approvisionnement et la dépendance extrême aux énergies fossiles, sont autant de facteurs qui rendent notre système alimentaire particulièrement vulnérable face aux menaces systémiques. La question du lien entre résilience alimentaire des territoires et sécurité nationale mérite d'être pleinement prise en compte, eu égard à l'actualité . Le Gouvernement est globalement d’accord avec l’esprit et les orientations de cette proposition de résolution."

Claude Rochet :

En préalable, il faut remarquer que le coronavirus ne constitue pas – à ce jour – une épidémie mortelle comme le fut la grippe espagnole ou les pestes de l’ancien temps. Le taux de mortalité chez les personnes atteintes n’est que de 1% et concerne surtout les personnes au-dessus de 60 ans présentant d’autres pathologies. Ce virus agit donc comme le virus de la grippe saisonnière sauf qu’il est beaucoup plus virulent et qu’il touche des peronnes plus vulnérables, ne touchant pas les enfants. Le traitement contre le coronavirus est un traitement symptomatique comme pour la grippe avec des précautions supplémentaires pour éviter la contagion, et comme pour la grippe, 99% des patients en ont guéri en quelques jours.

Il faudra éclaircir plus tard comment il est apparu en Chine, mais pour l’heure il faut noter que lors de la précédente épidémie de SRAS en 2003, la Chine ne pesait que 8,5% du PIB mondial alors en pèse aujourd’hui près de 20%.

Les chaines de valeur en France sont, comme dans beaucoup d’économies développeés, fortement internationalisées, donc les conséquences sur l’économie française ne manqueront pas d’être conséquentes :

  • Entre 60% et 80% des principes actifs des produits pharmaceutiques sont produits en Chine et en Inde. De même, dans l’automobile, de nombreux composants, des batteries des véhicules électriques aux composants électroniques, sont fabriqués en Chine, dot les terres rares essentielles à la fabrication des composants électroniques et des aimants pour les éoliennes
  • La production de l’économie chinoise baisse, mais la consommation de matières premières baisse elle aussi. Si, durant le premier trimestre de 2020, le PIB de la Chine a reculé de -2% comme on l’annonce, alors, cela implique un recul de -0,4% sur le PIB mondial. L’impact direct, pour un pays comme la France, sera aussi lié à la baisse du tourisme et de la consommation qui lui est liée.
  • La production hors de Chine est aussi touchée (la Corée du Sud, l’Italie, voire les Etats-Unis). L’effet direct de cette épidémie, comme l’effet de panique qu’elle provoque, aura des conséquences délétères sur la production. L’OCDE, chiffre à -0,5% sur l’année l’impact de l’épidémie sachant qu’il s’agit d’une moyenne qui peut connaître de fortes amplitudes selon les régions.

Des pénuries sont à attendre avec l’arrêt du transport maritime qui importe de nombreux équipements chinois, notamment dans le domaine des biens de consommation. Le tourisme maritime va être fortement ralenti : on ne voit pas qui se risquerait à embarquer sur le navire croisière Diamond Princess où les mesures de confinement ont au contraire servi d’incubateur pour propager le virus aux passagers.

Quant à voir des régions françaises isolées du reste du territoire – comme le fut la Provence lors de la peste de 1720 – rien ne le justifierait compte tenu de la faible morbidité du virus, si ce n’est une stratégie de dramatisation dont le gouvernement entendrait tirer profit compte tenu de ses soucis avec l’opinion.

Atlantico : Quelles ressources peuvent être mobilisés pour atténuer l'impact d'une pénurie d'ampleur ? 

Stéphane Linou :

J'ai d'abord envie de dire, en tant que membre de la Confrérie du Cassoulet de Castelnaudary, qu'il faut toujours avoir assez de boites de véritable Cassoulet de Castelnaudary sous la main ! Plus précisément, et vous pourrez trouver les détails dans mon livre, la première ressource à mobiliser est la sortie de notre illusion de toute puissance. En effet, le plus vieux sujet du monde (alimentation-sécurité) n'est pas une affaire réglée et il faut avoir la lucidité de le reconnaître, ce qui ouvrira les bons chemins qui nous mèneront vers une responsabilisation individuelle et collective. Reterritorialiser la production, apprendre à produire sans dépendance pétrolière, arrêter de détruire le foncier nourricier, se rendre moins dépendant, préparer les populations, devenir sobre, s'entrainer à avoir moins, partager, changer de régime alimentaire, reconnaître officiellement que nos infrastructures nourricières sont stratégiques pour notre nation etc...

Le « monde des risques » devrait être davantage écouté. Je l'ai d'ailleurs vérifié lorsque le Forum des Risques Majeurs 2019 a primé mon livre-enquête (Prix "Information préventive et résilience" – Vigilance), manifestant la volonté de ces professionnels de récompenser un projet qui a démontré une approche prospective visant à une meilleure connaissance des risques et à leur prise en main par les décideurs locaux voire un large public. Ce « monde » n'attend que d'être mis à contribution pour penser et organiser le « temps long » qui n'est quasiment plus pensé par le monde politique qui s'est rendu esclave du « temps court ».

Claude Rochet

Au niveau mondial, une menace pèse sur les marchés financiers qui n’ont pas à ce jour pris en compte le risque induit par le coronavirus. Des analystes sérieux de l’économie financière comme Philippe Béchade considère que l’épidémie pourrait être un « cygne noir » annonçant un effondrement des marchés compte tenu de leur niveau actuel très élevé et de leur comportement irrationnel, un excès à la baisse prolongeant un excès a la hausse. Face à cela, les banques centrales (Banque du Japon, Banque de Chine, FED et BCE) pourraient avoir recours à leur technique habituelle de quantitative easing, soit imprimer de la monnaie pour soutenir les marchés, ce qui aurait pour conséquence de faire baisser les taux d’intérêt, voire de les rendre négatif, avec un impact sur tous les revenus basés sur les taux d’intérêt, donc les revenus d’épargne des ménages moyens, et donc sur la consommation. On songe avec effroi ce qu’il en serait si le système de retraite à point était en vigueur, où il suffirait de baisser la valeur du point !

 Impact qui s’ajouterait à la baisse de fréquentation des magasins en raison de l’épidémie.

Aux Etats-Unis, le président Trump a décidé une baisse d’impôts pour inciter la classe moyenne à investir dans les marchés boursiers pour soutenir les cours. Avec la conséquence connue formulée à la veille de la crise de 1929 par Joseph Kennedy (le père du Président) « quand votre cireur de chaussures vous parle d’actions, il est temps de vendre ». Comme le souligne Philippe Béchade, cette décision va amener les petits porteurs à soutenir les cours pour permettre aux 0,1% de vendre leurs actions avant que les cours ne s’effondrent.

Pour atténuer l’impact d’une crise d’ampleur, on peut observer des comportements de bon sens de consommateurs : retourner vers les commerces de proximité et ne plus aller dans ces grandes surfaces qui sont des incubateurs de virus de toutes sortes. La profession médicale commence à expliquer que ce virus n’est qu’une « mauvaise grippe », comme on dit habituellement, qu’il se guérit de lui-même à l’aide de traitements anti-symptomatiques dans la grande majorité des cas.

Atténuer l’impact commence par cesser pour le gouvernement de diffuser des messages trop alarmistes qui entrainent la saturation des services d’urgence. A la baisse de l’activité économique il devra répondre par d’autres réponses de bon sens comme diminuer le matraquage fiscal. 

Atlantico : Cette crise sanitaire peut-elle permettre une remise en question de notre modèle ?

Stéphane Linou :

Cette crise sanitaire peut être convertie en crise salutaire, sachant que recevoir des « claques pédagogiques », c'est souvent le seul moyen de désaouler et de revenir au bon sens. Et oui, nous allons enfin reconnaître que le tout marché pour tout et n'importe quoi et surtout concernant la satisfaction des besoins vitaux, est incompatible avec une politique de gestion des risques. Ce sera le retour du « régalien » et des « territoires », dans le sens où la sécurité des populations devra englober ou plutôt encadrer ou sanctuariser certains secteurs économiques dans tout leur spectre.

Je serais d'avis :

- d'inscrire ce sujet à l’agenda du Conseil de Défense et de Sécurité Nationale (CDSN) qui pourrait valider les orientations suivantes :

 “La production alimentaire et tout ce qui la permet (foncier nourricier, producteurs, eau, énergies, transformateurs, diffuseurs, semenciers, formateurs, fiscalité, etc…), le fléchage éclairé de ses achats, ses modes de distribution, sa répartition territoriale, ses différents modes de stockage (individuels, collectifs) sont une co-production de sécurité collective engageant le citoyen, le consommateur, les entreprises, les collectivités locales et l’Etat.”

“Ces principes sont actés par le pouvoir régalien qui leur adapte les lois, fixe les cadres et orientations et en confie la mise en œuvre aux autorités décentralisées.”

« L'exception culturelle » a été obtenue sur la base du maintien d'un patrimoine et d’infrastructures culturelles. L’alimentation de la nation devrait, en lien avec la sécurité nationale, faire l’objet d’une “exception alimentaire” sur la base du maintien d’un patrimoine et d'infrastructures nourricières ».

- de reconnaître, dans la future Loi de Programmation Militaire - la production agricole nourricière nationale comme secteur d’activités d’importance vitale » (SAIV),

- d'adapter au sujet de la sécurité nationale, les lois existantes :

            - loi de 2004 de Modernisation de la Sécurité Civile:

            - le citoyen (par la constitution et la gestion régulière de stocks alimentaires) et le consommateur (par le fléchage de ses achats favorisant les “OIV nourriciers”) de la nation, en sont au centre et acteurs au quotidien,

            - les PPR, les PCS, les DICRIM, les documents d’urbanisme doivent intégrer le “risque alimentaire territorialisé”.

            - Créer une nouvelle Loi Foncière : au nom de la sécurité alimentaire de la nation, sanctuariser le foncier nourricier (ni artificialisation locale, ni dégradation liée aux modes culturaux, ni prédation étrangère),

            - Loi Agriculture-Alimentation: rajouter un volet territorial fort en élargissant, en finançant davantage et en rendant obligatoires les Programmes Alimentaires Territorialisés (PAT),

            - Loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU): elle impose 25 % de logements sociaux dans les communes. Les documents relatifs aux Schémas de COhérence Territoriale (SCOT) planifient, par exemple, le nombre d’équipements public et de lotissements: un pourcentage théorique de production alimentaire seuil pourrait être imposé suivant des périmètres territoriaux à définir,

            - Loi d’Orientation et d’Aménagement du Territoire: réintégrer l’alimentation dans son rôle structurant et stratégique pour les populations.

- Penser la sécurité globale en prenant de nouveaux indicateurs comme les externalités de sécurités: par exemple, un territoire et des consommateurs qui n’échangent pas, génèrent des vulnérabilités de réseaux, donc des risques.

- Préparer la population à la “culture du risque alimentaire territorialisé” selon le modèle suédois ?

            - « If crisis or war comes » (en vingt pages illustrées, un livret énonce les menaces auxquelles le pays scandinave est exposé : guerre, attentat, cyberattaque, accidents graves ou catastrophes naturelles...invitant l'ensemble de la population à, entre autres, stocker de la nourriture en quantité bien supérieure au sac à dos du Plan Familial de Mise en Sûreté français qui n’est pas obligatoire et reste assez léger). Les informations portent principalement sur la façon dont les personnes peuvent se préparer à gérer l’approvisionnement en eau, les aliments, le chauffage et les communications lorsque les services publics ne fonctionnent pas normalement, quelle que soit la cause, expliquant que s’il y a une bonne préparation, les individus et la société dans son ensemble seront mieux en mesure de résister aux stress importants. Connaissant la culture française, cette démarche pourrait affoler le pays après l’avoir incité à stocker (à part s’il y avait précédemment une attaque terroriste massive préparant involontairement mais psychologiquement le terrain).

- Profiter de l’état d’urgence permanent pour justifier la préparation des populations à la “culture du risque alimentaire territorialisé” mais en prenant soin de tenir compte de la culture française et d’aller au-delà des “72 premières heures” de crise :

- Utiliser la non résilience alimentaire comme galop d’essai pour entraîner les institutions, la population et les entreprises dans une indispensable préparation à l’effondrement qui vient

L’alimentation est un formidable dénominateur commun et pourrait servir de “Cheval de Troie” pour aborder tous les autres sujets qui seront impactés. L’Etat providence tirant principalement sa force de la quantité d’énergie fossile disponible, il se transformera peut-être en une composition de territoires rentrés en résilience.

- Acculturer le plus largement et le plus profondément possible sur les processus et conséquences de l’effondrement en articulant les thèmes des ressources, du continuum sécurité-défense, de la gouvernance et des adaptations

- Sanctuariser tous les “communs” en élargissant les décrets Montebourg aux ressources naturelles (et au foncier en particulier) 

- Réformer la Constitution afin que celle-ci soit armée pour préparer dès maintenant l’effondrement en prenant la pyramide de Maslow pour boussole des politiques d’anticipation et d’adaptation à celui-ci.

Claude Rochet : 

Plus qu’une crise sanitaire, puisque le virus, pour virulent qu’il soit, est peu dangereux et à faible mortalité, c’est une crise qui teste la résilience de nos systèmes :

  • Le système hospitalier où la moyenne d’âge des médecins est de 60 ans, donc dans cible du virus. Des absences plus importantes que pour les grippes saisonnières sont donc prévisibles, qui vont s’ajouter aux conséquences catastrophiques des politiques malthusiennes imposées par l’Union européenne pour réduire les capacités des services d’urgence et de l’hôpital.
  • Le principal responsable de cette propagation est la mondialisation avec le poids des transports qui met en contact des écosystèmes qui n’avaient pas de relations en donc pas d’anticorps. On a ici un choc microbien à bas bruit comme celui qui toucha les indiens d’Amérique à l’arrivée des Espagnols.
  • Il peut sortir des conséquences positives de cette crise : le retour à la production dans nos territoires. Des firmes qui avaient délocalisé ont relocalisé (on pense à Lectra System en Aquitaine) constatant que les supposée économies de coût de main d’œuvre sont plus que compensée par les pertes en qualité et en innovation. Nos territoires sont riches en capacité d’innovation comme l’analyse Pierre Veltz dans un petit livre lumineux « la France des territoires, défis et promesses » et ce peut être de rééquilibrer des circuits courts de production et de défendre le Camembert au lait cru de Normandie, attaqué par les industriels.
  • Autre conséquence positive : le renchérissement des coûts d’importation des terres rares et du coût de fabrication des éoliennes qui sont une source majeure de pollution de toute nature et qui entendent justifier la fermeture de nos centrales nucléaires au moment même où les avances de la technologie permettent de gérer les derniers problèmes de recyclage des déchets nucléaires. Le nucléaire est une énergie totalement renouvelable et non polluante alors que les éoliennes qui sont un vecteur de transport des virus et de pollution sur les lieux de production en Chine, au cours du transport par bateau et sur leurs lieux d’implantation.

Plus fondamentalement, la cause profonde de la propagation de ces nouveaux virus réside dans le déséquilibre au sein des écosystèmes naturels : villes géantes avec leurs bidonvilles, destruction des habitats naturels, prolifération d’espèces aux dépens d’autres et l’accélération de la mutation des microbes animaux en agents pathogènes humains, tous ces symptômes sont la conséquence des déséquilibres entre écosystèmes que nos civilisations ont créé. Il existe aujourd’hui de nouvelles approches, encore en développement mais qui doivent devenir un champ de recherche prioritaire, autour de concepts comme l’économie symbiotique où tout sortie d’un écosystème (humain, technologique, naturel) est une ressource pour un autre et où la consommation d’une ressource accroît le volume de ressources disponibles. De quoi mettre un terme à la complexité incontrôlable que nous créons en mettant en contact tout avec tout.

Retrouvez ici le livre de Stéphane Linou "Résilience alimentaire et sécurité nationale"

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