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Découvrez l'humour flamand : des Juifs représentés en cafards !
©JAMES ARTHUR GEKIERE / AFP

Hi hi *

"Dikejdoole fret" (grosse rigolade) comme on dit là-bas. Mais les Juifs, jamais contents, ne rient pas.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le festival d'Alost, dans la partie néerlandophone de la Belgique, est l'héritier d'une tradition vieille de six siècles. Et à cette tradition la ville y tient. Dans les années 1400, on brûlait les Juifs, assassins du Christ, sur des bûchers. Depuis, un vent de douceur a soufflé sur le pays flamand.

L'année dernière, lors du défilé d'Alost, on a pu voir des rabbins assis sur des tas d'or. ""Dikejdoole fret"! Ca a fait des vagues. Et l'Unesco a rayé ce festival du patrimoine immatériel de l'humanité. A voir les votes, en général pro-arabes de cet organisme, on n'imaginait pas un seul instant qu'il puisse être inféodé aux Juifs…

Et la bonne ville d'Alost a courageusement relevé la tête, refusant les oukases de l'Unesco. Certes, elle a supprimé les rabbins aux sacs d'or mais elle a innové en représentant des Juifs (papillotes et barbes) sous forme de cafards. Un très sympathique insecte particulièrement apprécié au pays flamand. Ce plat pays, comme le chantait Brel, devenu un pays aplati dans la fange.

Le bourgmestre de la ville, un élu nationaliste du NV-A, ne comprend pas qu'on fasse autant de bruit autour de son festival : "on rit, c'est tout et il n'y a là aucun antisémitisme". Les habitants d'Alost, interrogés par Le Figaro, sont un peu plus exposés.

"Regardez les diamantaires juifs d'Anvers. C'est bien à ca qu'ils ressemblent".  "Dikejdoole fret"! Car un festival sans cafards juifs et sans rabbins cousus d'or ne saurait être drôle. A ce propos, savez-vous quelle est la différence entre l'humour flamand et l'humour juif ? L'humour juif c'est l'humour flamand plus l'humour !

La facilité aurait voulu que nous vous racontions maintenant quelques histoires belges. Nous refusons d'y céder. Une histoire juive – les Juifs rient très bien d'eux-mêmes – fera l'affaire. Ca se passe en 1930 dans une petite bourgade juive de Pologne. Sur les murs de la ville sont apposées des affiches annonçant la présence de Moshe Bronstein "le célèbre funambule internationalement connu".

"Demain mercredi à 16h, Moshe Bronstein partira du toit de la synagogue pour rejoindre celui de la mairie. 200 mètres sur un fil et sans filet ! Les billets, 50 zlotis, sont à acheter chez le rabbin". Le jour dit et à l'heure dite, une foule compacte est massée sur la place.

Au sommet de la synagogue, une petite fenêtre s'ouvre. Apparaît Moshe Bronstein, malingre et chétif. L'air désespéré il s'adresse à la foule : "est-ce que vous savez que ce que je vais faire est extrêmement dangereux" ? La foule compatit. Il continue : "et est-ce que vous savez que j'ai une femme et six enfants" ?

La foule est de plus en plus émue. Moshe Bronstein, la voie agonisante : "voulez-vous que ma femme devienne veuve et que mes enfants soient orphelins ?". La foule, bouleversée, sanglote : "non, non, Moshe ne traverse pas". Le funambule referme la fenêtre et trois secondes après, il l'ouvre à nouveau : "le prochain spectacle aura lieu demain à la même heure".

On ne sait pas comment on dit grosse rigolade en yiddish. Mais c'est certainement mieux que "dikejdoole fret".

* En flamand, ça se dit comme en français ce qui est totalement scandaleux.  

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