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Retraites : la grande lâcheté des écolos
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Atlantico Business

Que les écolos ne disent rien contre la réforme des retraites, ça peut se comprendre, mais qu’aucun ne vienne défendre un fonctionnement efficace de la SNCF et de la RATP, c’est invraisemblable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ce conflit des retraites révèle des contradictions de la sociologie politique française assez inattendues. L’exemple des écologistes est caricatural. Depuis des années, les Verts luttent contre le réchauffement climatique, c’est leur bataille fondatrice, mais pas seulement.

Depuis des années, ils fustigent tous les moyens de transports qui émettent du CO2, à commencer par l’automobile, ils condamnent la construction et l’utilisation des routes et des autoroutes pour encourager le Rail.

Les écologistes ne condamnent pas franchement la retraite par points. Europe Ecologie-Les Verts n'a «ni totem ni tabou» sur les retraites selon son secrétaire national, Julien Bayou. Le parti écologiste n'affiche donc pas une opposition frontale au principe d'une refonte du système de retraites.

«  EELV partage même l’objectif de simplification d’un système aujourd’hui complexe et peu lisible avec ses 42 régimes différents ».

C’est un projet de gauche qui participe à l'égalité et à la justice sociale, et comme la majorité des écolos sont tombés à gauche, ils pourraient même, presque sortir de leur mutisme pour défendre la retraite par points.

Parallèlement, ils ne défendent pas les régimes spéciaux et notamment celui des cheminots et ils sont logiques. Quand on est sincèrement de gauche, on ne se bat pas pour protéger des avantages acquis, très archaïques et qui apparaissent facteurs d’injustice flagrante aux salariés moins bien nantis. Donc les écolos ne vont pas se faire que des amis, mais au moins ils sont cohérents.

Sur le plan politique, ils font donc le service minimum en renvoyant le problème à la critique plus globale du système économique et capitaliste.

Pour Yannick Jadot, l'exécutif doit «s'attaquer aux vrais problèmes du système des retraites : les inégalités, la pénibilité... tous ces éléments qui aujourd'hui ne sont pas pris en compte » dit-il.

Par conséquent, EELV se veut souple sur les principes. EELV refuse d'associer allongement de l'espérance de vie et recul de l'âge de départ en retraite. «On doit pouvoir se libérer du travail, c’est un projet civilisationnel, et d’ailleurs, cela accroît aussi l’espérance de vie en bonne santé».

Sur la question du financement, les écologistes considèrent qu’il faudrait aller chercher du côté des revenus du capital (stock-options, intéressement, produits financiers).

Donc les écologistes intègrent la question de retraites dans une transformation plus globale de la société. Autrement dit : pour EELV, la révolution verte devra précéder avec celle des retraites.

Très bien. Très logique. Le seul gros problème dans cette position qui n’est pas très courageuse, c’est que les écologistes n’en profitent pas pour regarder ce qui se passe à la SNCF. Qu’ils ne veulent pas manifester aux cotés des conducteurs, c’est une chose, mais que les écologistes ne se mobilisent pas pour protéger l’entreprise SNCF, c’est incompréhensible.

Parce que la retraite très spéciale des cheminots est la partie très visible aujourd’hui de l’état désastreux dans lequel est la SNCF.

L‘entreprise de transport qui devrait être la clef de voute d’un transport décarboné est dans un état désastreux. Le roi des transports « verts » est en piteux état. Mais ça, les écolos n’en parlent pas.

D’abord, son coût de fonctionnement est exorbitant puisqu’elle a besoin de 15 milliards d’euros en subventions pour équilibrer ses finances. Sans parler d’une dette de 40 milliards et d’un financement public des investissements à hauteur de 60 %.

Ensuite, et la majorité des clients s’en plaignent, la SNCF ne fonctionne pas comme elle devrait le faire dans une société moderne. Sans concurrence, elle ne tient pas ses horaires, son matériel est mal entretenu et souvent très sale. L’ouverture progressive à la concurrence, dès ce mois-ci pour les TER et plus tard en 2020 pour les TGV, fera peut-être bouger les choses.

Enfin, si la clientèle n’obtient pas satisfaction, les personnels (150 000 personnes) ne sont pas contents eux-mêmes de l’entreprise.

Que font les écolos pour essayer d’attirer l’attention de la classe politique ? Que font les écolos pour améliorer le fonctionnement de l’entreprise ? Que font les écolos pour que la SNCF soit capable de délivrer des resultats correspondant à leur objectif ? Que font les écolos pour obtenir le zéro défaut ? Que font les écolos ? La réponse est simple. Rien ! Ils ont disparu des écrans radars, des plateaux et des manif.

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