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Entrepreneurs : Tous en grève !! Petite leçon de chose aux Français qui soutiennent le mouvement
©Thomas SAMSON / AFP

LES ENTREPRENEURS PARLENT AUX FRANÇAIS

En pleine grève, une petite leçon de chose aux Français qui soutiennent le mouvement syndicale face à la réforme des retraites s'impose.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Soutenir le mouvement. C’est un terme amusant, ou à minima contradictoire, puisque le but du mouvement est l’immobilisme et l’immobilité. Ne rien changer. Bloquer les transports. Si la phrase célèbre, issue de la IIIème République était « qu’il était urgent d’attendre », nous allons découvrir, grâce à ce mouvement social, le « vertige du surplace ». L’immobilisme est en marche (sans mauvais jeu de mot) !! Et désormais, l’immobilisme va décoiffer…Sommes-nous bien raisonnables ? Que se passe-t-il dans ce pays ? Devrions-nous nous, nous entrepreneurs, nous mettre en grève pour apprendre aux Français le niveau de confort dont ils bénéficient ?

J’ai demandé à mon épouse de m’attacher pour résister à la tentation de zapper après 3mns de ce triste affrontement entre Mlle Ndiaye, et Mr Darmanin. Ils étaient, il est vrai, surpassé par le nombre et la rage, mais tellement loin du niveau nécessaire pour gérer ces 2 facteurs. Entre une porte-parole, qui ne sait manifestement pas comment la parole se porte et un Ministre qui se mordait à chaque fois qu’il risquait de froisser Martinez, qui du coup, totalement détendu face à 2 adversaires aussi légers et fades, s’est régalé et ne cachait pas son amusement. Menant le débat à sa guise. Lui qui pourtant est l’exemple même du syndicaliste que l’on déteste, en est presque devenu sympathique, tant on sentait qu’il se marrait profondément.

Pas de réponse, pourtant facile, de Mlle Ndiaye face à une étudiante qui lui demande pourquoi les années d’étude ne seraient pas comptabilisées pour la retraite ! J’en avais 2 ou 2 cinglantes à lui offrir, si elle avait eu droit, comme chez Jean Pierre Foucaud, à un appel-joker. Comptabiliser pour la retraite les maigres heures de présence en cours de psycho-socio, d’une étudiante déjà aigrie avant même de connaître la définition du travail. Devoir endurer les jérémiades de cette agressive étudiante, qui se plaint de devoir bosser, comme nous l’avons tous fait, ne serait-ce que pour aider nos parents à payer nos études. Être obligé de devoir l’entendre dire, que ses 3h de travail hebdo chez MacDo mettent en péril ses études, qui brillent plus par les heures passées au café qu’en cours, me faisait bouillir dans mon canapé, qui n’a que peu subi de poids de mon « fondement » tant je bondissais de rage à chaque mauvaise question, ponctuée d’une mauvaise réponse.

Surtout, voir la rage de ces intervenants, qui en gros trouvent le système catastrophique, et s’en sont plaint toute la soirée, mais viennent pour dire qu’il ne faut pas le changer. C’est tout à fait dingue non ? Qui reprochent à Macron d’être responsable du sort des infirmières, des étudiants, des patrons de PMI, des cheminots. Le naufrage de 30 années de non reforme, serait la faute d’un président arrivé il y a 2 ans. Je ne suis pas, loin s’en faut un Macron béat, mais là….

Et je vous passe le cheminot, qui se prend pour la « digue » du peuple, qui si elle cède, entraînera le peuple dans l’abîme du fascisme et de la dictature du travail. L’argument éculé (certains moins polis que mois ajouteraient un N à ce mot), de celui, en revanche qui ne souhaite pas que cela change, car la digue adore quand la mer l’ignore et en l’occurrence, que le travail ne le fasse pas trop souffrir, travaillant quelques heures par jour pour obtenir un repos compensatoire que le travailleur à la chaîne n’a jamais eu, et prenant sa retraite après un travail d’une telle pénibilité, que la plupart des cheminots, en retraite, reprennent majoritairement un travail, déclaré ou au noir. Elle est belle la digue ! Mon grand-père, qui livrait du charbon à 19 ans, lui aurait collé dans la figure, sa digue, s’il l’avait eu en face de lui au moment où il prononçait le discours rôdé dicté par le manuel du bon syndicaliste de Sud-Rail.

Alors je propose que les entrepreneurs se mettent en grève. Pour expliquer qu’avant de réclamer des droits, il faut créer de la valeur, et que notre traitement à nous, qui la créons, est bien éloigné de celui qui est réservé à ceux qui en profitent. Même si, bien entendu, nombre de salariés s’acquittent magnifiquement de leur tâche. Mais, s’il existe bien une injustice, un régime spécial à l’envers, qui brille par ses sous-droits, c’est bien celui des entrepreneurs. Il est simple en fait, tellement simple, que personne n’a pensé à le remettre en cause : Nous n’avons droit à rien ! Du coup son analyse en est assez largement facilitée, et ne donne que peu de grain à moudre sur les débats télévisés. 

Nous n’avons pas droit au chômage, normal, nous ne travaillons pas ! C’est bien connu. Ou alors au-delà de 12h par jour, l’État considère que c’est forcément un loisir. Sinon rien ne pourrait expliquer qu’un être normalement constitué, ne passe autant de temps au travail. Nous aurons une retraite minable, qui semble ne retenir que les années de galère et laisse nos cotisations à la capitalisation, en sales capitalistes que nous sommes, alors que nos salariés, à qui nous fournissons du travail, de l’activité, et de la reconnaissance, sont récompensés eux, de n’avoir pris aucun risque et de travailler 35 heures par semaine. En clair, nous créons la valeur, prenons le risque, et les autres en tirent les fruits. A la limite, je peux le comprendre, si moi aussi j’en profitais. Mais non !! 

Peut-être devrions nous relire Ayn Rand, la Grève, plus riche que le manuel de Sud Rail, et apprendre à ces nantis de la retraite ce que le terme de « non reconnaissance », « dépit », « abandon », veut vraiment dire. Mais il y a pire, pour se consoler. Les agriculteurs, que la France a abandonné, à la solitude et au suicide. Nous en avons, un sentiment et une définition qui mériterait peut-être plus de temps d’antenne que des Ministres sans talent oratoire. Mais sur le plateau, même le chef d’entreprise, aiguisé, ce qui était normal pour un producteur de Laguiole, a trouvé le moyen de se plaindre, ce qui donne une bien basse idée de ce que pense la majorité des entrepreneurs et entrepreneuses. A peine, avons-nous entendu un de ses salariés, qui disait que la passion pouvait animer le travail et qu’il se voyait bien bosser quelques mois de plus. Ouf ! Il y en a. Plus que la presse ne nous le montre d’ailleurs.

Demain je démarre ma grève. Est-ce que mes salariés se mettront en gève pour que nous reprenions le travail ? Est-ce que Martinez viendra nous défendre ? Réponse semaine prochaine. En attendant, je pars travailler à l’étranger, 3 jours, histoire de reprendre goût à des territoires où le travail à encore de la valeur

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